Rencontre avec Anne-Marie Cocula : Histoire et démocratie

Personnalité invitée :

Anne-Marie Cocula, Historienne, Présidente honoraire de l’UFR d’Histoire de l’Université de Bordeaux, écrivaine, ancienne Vice-Présidente de la Région Nouvelle Aquitaine.

Notre groupe se constitue, 16 adhérents environ, auxquels nous souhaitons la Bienvenue.

Tous nos regrets pour nos amis qui ne peuvent se brancher : Tablettes rétives ! Ordinateurs réticents… !  Le CR vous consolera un peu.

Nicole introduit la réunion-échanges, dans le cadre de l’Association PasserelleS, elle présente son amie Anne Marie, dit quelques mots sur leur formation, à l’ENSET (1956-59-60). Puis elle rappelle la question posée par le groupe :

 « En quoi l’Histoire permet-elle de comprendre les difficultés actuelles de la Démocratie ? »

Anne-Marie reprend un thème de la présentation : 1960, le retour du Général De Gaulle, après la guerre de 1940-45 et les difficultés de la vie politique en face d’une lente reprise de l’économie du pays ravagé, et l’instabilité des gouvernements.

Elle recadre le terme de « Démocratie » : * Certains acquis des Droits de l’Homme ; *Liberté des élections et le président élu au suffrage universel, direct ; *Egalité des droits civiques entre les citoyens et citoyennes ; *Une démocratie parlementaire avec deux chambres élues de représentants du peuple, comme en Angleterre et aux Usa…

Elle précise une idée fondamentale : Les contours de la Démocratie dépendent :

  • De l’histoire des pays : monarchie millénaire en France, plus encore en Grande Bretagne, fédéralisme en Allemagne avec les Landers.
  • De l’étendue du pays : une ville Athènes, la Suisse, ou un grand pays les Etats Unis.
  • De l’implication des citoyens : la volonté de participer à la vie politique ou sociale, engagement citoyen ou la routine.
  • Des événements immédiats : conflits, Covid mondial, période répressive dans certains pays…

Question : Sur l’influence des mass-média et des réseaux sociaux sur les opinions des citoyens, sur leur cohésion. Le complotisme aussi…

Anne-Marie : Il y a toujours eu des rumeurs, des complots plus ou moins importants dans l’histoire de notre pays ; des mouvements plus ou moins importants qui sont des incidents de parcours. Dans ce cas, il faut raison garder, et rechercher les apaisements, comprendre les situations pour les traiter.

Pour Anne-Marie, la Démocratie est toujours une idée généreuse, qui est active aujourd’hui grâce aux actions citoyennes. Répondant à une question de Michèle, elle ajoute, « Certains sont plus fidèles au suffrage universel, mais d’autres ne veulent pas voter. Toutefois, ils s’intéressent à d’autres aspects de la société : ils s’investissent dans le social, le sport, dans les associations, dans d’autres composantes de la société. Une vision large permet d’inclure davantage d’effets positifs dans la citoyenneté ; plus de capacités dans l’étendue des moyens d’actions citoyennes.

Question : On parle beaucoup des risques de « démocrature » càd la diminution du rôle des citoyens dans la politique ; Les apparences sont démocratiques mais le pouvoir central prend plus de place et de pouvoir, jusqu’à être dictatorial dans certains pays.

Anne-Marie : Il faut faire la part aux pays historiquement habitués à un pouvoir fort, comme le bloc de l’Est en Europe, en URSS, et d’autres pays, la Turquie, et même la Chine par exemple…

Il n’empêche, la Démocratie ne s’installe que lentement, il nous a fallu deux siècles et plus pour vivre comme nous le faisons dans un pays où l’on peut parler, débattre, critiquer, (Le Français adore la critique et le doute). Le XIX ième siècle et son évolution scientifique étonnante, les débats religieux, ont créé un grand élan vers le Progrès technique, scientifique et aussi l’idée que le Progrès moral est toujours en retard, ou même remis en question.

 Mais c’est probablement une erreur, tout dépend des citoyens qui s’impliquent dans l’action pour développer des idées d’équilibre et de positivité. Plus les citoyens s’engagent avec une intention raisonnable et humaniste, culturelle et ouverte, en promouvant les Arts, les Idées et l’Engagement sincère, plus la Démocratie avance ; grâce aux efforts de l’Ecole, de la Santé, de la Recherche, et de la Solidarité dans la société, plus la Démocratie avance. Nous avons le devoir d’être positifs en tenant compte des efforts de tous ceux qui se dévouent et s’engagent pour la Société, pour qu’elle fonctionne le mieux possible, pour la meilleure satisfaction de tous.

Question : l’idée d’une Santé pour tous, « ONE HEALTH » concernant les humains, les animaux, la nature, c’est-à-dire un seul système de vie et d’environnement vous paraît-il intéressant à mener ?

Anne-Marie : En fait, mes préoccupations ont toujours pris corps à partir de ma famille ; mes origines, tout d’abord, ma Grand-Mère responsable d’une modeste entreprise a assumé la guerre de 14-18, avec un mari victime de gaz asphyxiants, puis ma Mère, institutrice dans des régions de cultures et de travail de la terre, toutes deux comprenaient les responsabilités des citoyens. L’écologie actuelle et ses innovations comme « la forêt urbaine » sont des « illusions ». Une forêt naît d’un sol, d’un sous-sol qui abritent des milliers de vies nécessaires à la nourriture des arbres. Et on abime des constructions récentes, coûteuses pour installer des expérimentations qui ne sont pas réalistes.

Les changements demandent du temps, des recherches scientifiques sérieuses et modestes, mais nombreuses dans tous les champs de la vie, et des interactions entre elles. C’est un changement énorme qui nous attend où tout le monde peut prendre sa place, mais de façon sage, élaborée, étayée sur des expérimentations qui tiennent compte de multi-facteurs, et non de coups d’éclat qui peuvent coûter cher.

Mais il faut avoir confiance et raison garder : les choses vont se construire en tenant compte des moyens à mettre en œuvre qui doivent s’équilibrer avec les moyens réels.

Il faut surtout saluer les recherches actuelles et les efforts de tous pour construire ces changements qui ne manqueront pas de s’imposer à nous. Essayer de rassembler toutes les forces positives plutôt que de se disperser en critiques et mises en cause inutiles.

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Nous remercions tous, Anne-Marie chaleureusement et Monique s’exprime au nom de Passerelles, notre jeune association, fondée sur les échanges de savoirs et savoir-être, d’idées, de solidarités.

Anne-Marie remercie l’ensemble des auditeurs montrant encore l’influence des citoyens sur la société par des actions de réflexions communes et de partages, comme cette soirée très riche en conseils et en expérience humaine.