Bientôt les vacances de juillet, certains d’entre nous avaient des empêchements et d’autres partent déjà garder les petits-enfants, ou une personne malade. Merci de nous avoir prévenus. Nous sommes nombreux pour cet avant-dernier rendez-vous avec la littérature. Nadine, Ida, Louis, Nicole, Aurore, Noëlle, Evelyne, Marie-Jo, Monique, Annick, Sylvie, Jean, Marcel, Marie sont fidèles à nos moments d’échanges.
- Nous préparons le dernier rendez-vous Lundi 1er Juillet : Louis nous recevra dans son jardin à Saint-Médard. Qui pourra être présent ? Nous aiderons Louis à préparer la réunion dès 16 heures, Nous faisons du covoiturage vers 15.30 heures sur le Parking extérieur à la Piscine du Bouscat. Nous prévoyons une table espagnole apéritive, nous serons entre 12 et 15 en comptant les membres du Bureau et des participants des ateliers de Louis.
Evelyne a préparé un livre parmi ses nombreuses lectures : « Je suis la maman du Bourreau » de David Lelait-Helo, paru en 2022. L’écrivain est journaliste, proche de nombreuses vedettes en particulier Line Renaud ; biographe de Dalida, Eva Peron, Maria Callas, Barbara, Romy Schneider, il écrit aussi des chansons, et a déjà fait paraître « Poussière d’homme 2006 » qui l’a fait connaître. Un style particulier, poétique, parfois théâtral, il sait attirer l’attention et la surprise. Il a 53 ans.
Le livre choisi a été un succès au théâtre de la Pépinière à Paris, avec Clémentine Célarier dans le personnage de Gabrielle de Mirement : cette dame hautaine a 90 ans et des certitudes, un amour extrême pour son fils prêtre. Evelyne nous lit le texte avec précision, peut-être une certaine tension. « J’ai fait trois enfants mais un seul est resté en moi ! » ; « Votre fils est mort ! ». Vu à travers le regard de cette mère, âgée, ébranlée par la nouvelle annoncée sans fard, cruellement, le lecteur ou l’auditeur voit de choc en choc, la fin de ses certitudes. Les effets d’annonce sont percutants. Après des silences, des chocs, des questions, elle apprend ce qu’on peut appeler une réalité. Qui a tué, s’est-il vengé ? De quoi ? pédophilie par un prêtre ! Comment cela se peut-il ?
Bien posé, la situation de cette femme émeut notre groupe, et la discussion s’engage. Qui est la victime ? a-t-il tué par vengeance ? En 200 pages l’écrivain pose le rôle du pardon, est-il possible ? Ida dit : non ! et nous parle discrètement d’un fait connu d’elle. Comment se passent les processus mentaux qui font que les certitudes de cette dame âgée vont se modifier. Cela interroge notre psychanalyste, Comment réagit-on quand on se rend compte que l’on a engendré un bourreau ?
L’éducation, les parents et leur capacité d’écoute, de conseil, de surveillance, tout est rappelé. Ici c’est le récitant qui a été violé, il ne juge pas, mais nous ne saurons pas ce qu’il s’est passé. Annick rappelle le cas de Le Landais dont la mère ne pouvait pas croire à la noirceur de son fils. D’autres cas de ce genre existent, nous restons naïfs et ainsi nous sommes peut-être tous concernés par ces culpabilités. Marie-Josée nous redit que l’être humain est capable de tout. C’est un livre dérangeant, mais il faut l’admettre.
Evelyne nous parle d’un autre livre qui s’appelle « La femme en colère » de Mathieu Ménégaux 2021, « Le fils parfait », 2017, une histoire terrible de viol et inceste.
Marcel nous parle d’un livre qu’il a fait éditer récemment : « Paroles interdites »de Roger Gbégnonvi, écrivain africain qui s’interroge sur les crises engendrées par l’introduction au XIXème siècle des pratiques religieuses catholiques sur des populations africaines qui possédaient des pratiques de religions anciennes avec des croyances différentes.
Nicole a lu un livre passionnant à l’écriture souple et inventive de Thomas B. Reverdy : « Le grand secours » 2024. Reverdy est un nom connu dans le monde des Arts depuis le Surréalisme. L’auteur qui nous intéresse a 50 ans, agrégé de Lettres classiques, en 2000, ses recherches ont porté sur Antonin Artaud, Henri Michaux ; son père Jean Reverdy est architecte, il a travaillé auprès de Le Corbusier et Jean Prouvé ; sa mère était économiste, assistante de Jean Fourastié au CNAM, elle est décédée alors qu’il avait 19 ans. Il dit qu’il est longtemps resté orphelin, son père ne s’est pas occupé de lui et ce regret s’exprime sur ses premiers livres.
Son grand-père probable, Pierre Reverdy était ami d’architectes, il est venu à Paris en 1910 et rencontre G. Apollinaire, Max Jacob, Louis Aragon, André Breton, Phillipe Soupault, Tristan Tzara, il est poète aussi, il est au cœur de la création du Surréalisme avec Phillipe Soupault. Il vient d’une famille de viticulteurs dans la Montagne Noire et de sculpteurs, de tailleurs de pierres d’église. Cela restera en lui, donnant à sa poésie une forte religiosité, d’ailleurs il mourra à Solesmes 1960 où il s’est retiré en 1926, à 37 ans. « Les sources du vent », « Ferraille », « le chant des morts ». Aragon le reconnait comme un initiateur des mouvements modernes. « Un poète sans fouet ni miroir…. La pureté de ses comportements répondait à la pureté de ses poèmes ».
Thomas B Reverdy, donc, est professeur de Lettres, Il a déjà reçu cinq grands prix et le dernier est le prix Interallié 2018 pour « L’hiver du mécontentement » ; Un prix de l’Académie Française pour son style. Il est centré sur les jeunes, sur l’institution EDUC NAT comme facteur de progrès initialement, et il en voit les limites et même la ruine. Le Grand Secours est le dernier roman, 2023. On pourrait dire qu’il écrit selon des cycles : « Les derniers feux » ferment un cycle lié à la famille et à l’absence du Père. Puis il étudie la ville et les habitants, un peu comme un sociologue. Sa compagne l’aide à l’édition de ses livres. Babelio le pense comme un écrivain prometteur.
Plutôt que de lire un énième rapport sur les lycées, le dixième roman de TH. B. Reverdy, « Le grand secours » nous montre en une journée la désagrégation d’un établissement, collège et lycée, au sein d’un fait divers. C’est une radiographie imparable de l’échec de notre institution devenue tellement vulnérable et même impossible à gérer. Certains critiques y voient une tragédie grecque avec une unité de lieu, d’action et de temps. Un duo de personnages Candice, professeure et Paul le poète qui est devenu une sorte de charmant extra – terrestre qui s’adapte, mais qui est au service des personnes pour dire ce qu’il sait et crée. Madhi et son agresseur Florent, policier qu’on perçoit peu. Mo l’amoureux de Sara. Et autour s’agitent des personnages qui sont les piliers de l’institution. La proviseure qui est responsable administrative des portes d’entrée et des événements qui se produiront dans l’établissement… Un professeur qui se fait gifler par un parent d’élèves, pourtant le professeur le plus parfait, Denis. Chantal qui est exigeante et essaie de s’assouplir, les surveillantes qui sont aux ordres….
Cela montre combien l’école vit une tragédie : tout le monde cherche à faire pour le mieux, mais personne n’échappe au sentiment d’échec. Le titre vient du moment où réfugiés dans la salle de théâtre, salle polyvalente, la vanne de secours -incendie permet de disperser les acteurs du moment le plus tragique de l’émeute, et de disperser les protagonistes. Une sorte de grand déluge salvateur comme dans la Genèse. Alors que faire dans l’Education Nationale et même…
Par le choix difficile de cette narration plurielle, l’écrivain nous montre comment le roman peut s’emparer du réel. Il met en valeur l’enchaînement des évènements comme par la dureté du « Fatum », la fatalité qui s’impose presque sans intervention humaine volontaire. Et cela montre que les événements peuvent devenir une « machine infernale » sur laquelle on risque de ne plus pouvoir intervenir.
Paul est une sorte d’ingénu qui observe, écoute, enquête pour comprendre ce que dit Candice et enfin recadre la situation dans son monde humain et personnel. « Les gens comme moi vont partir, de guerre lasse, des jeunes arriveront qui auront de nouveau envie de faire des projets et dés que cela marchera un peu ; ils couperont les vannes et attendront le prochain incident. Les collègues verront les choses se dégrader lentement. C’est cela, tu vois ce qui est fatigant. Ils ne veulent pas que cela marche, juste que cela ne fasse pas de vagues. » L’enthousiasme de Nicole devant la qualité du style et du roman qui s’est emparé du fait divers, entraîne le groupe dans une discussion, chacun reprenant ses idées et ses expériences de l’école en difficulté.
Marcel revient nous parler d’un livre plus gai et malin d’un italien Gian Marco Griffi : « La carte des chemins de fer du Mexique ». Une sorte de projet surréaliste proposé en Italie, pendant la deuxième guerre mondiale, par un politique Nazi ou Mussolinien. C’est un roman picaresque, humour absurde et même cynisme. Un roman énorme où le personnage central Cesco Magetti s’efforce de dessiner cette carte infaisable. Le récit se passe en 1944, le Piémont est occupé par les nazis et le brave soldat cherche à travers des histoires diverses un fil pour satisfaire la demande de sa hiérarchie. Un roman Monde.
Enfin Marcel nous parle en riant du dernier Houellebecq, « La guerre pour ou contre ? », il adore son cynisme et son humour noir.
Et pour finir de Anthony Doerr, écrivain américain. « La cité des nuages des oiseaux » 2022, « Toute la lumière que nous pouvons voir. » des livres splendides, pour tous.
Une respiration pour nous détendre avec Sylvie : Ce n’est pas un poème mais une carte trouvée dans « l’ Exposition Bavardages » à Bordeaux, nous dit-elle. Coralie Clavilier vous propose de faire notre carte : « Je crois » ou « 2024 Aime-toi..( Tu es un soleil, une merveille, un miracle, Aime-toi. Lève la tête et Fais-toi confiance ; tu as ce courage qui permet de tout vaincre ; tu es solaire, chéris tes cicatrices et tes doutes…etc ») Merci à notre Sylvie lumineuse.
Merci à tous pour votre confiance et les cadeaux que vous nous faites en participant si profondément à nos travaux. Mais il faut aussi vous protéger et vous régénérer. Faîtes votre carte positive pour vous redonner des forces, souvent, pendant tout l’été. A lundi 1er juillet. Amitiés Nicole.