Café littéraire du 27/05/2024 📜📚

Beaucoup de nos amis-ies sont absents pour raisons personnelles, malaise, fatigue, voyage familial, nous pensons à Annick, Marie, Marie-Josée, Jacqueline, Nicole C,. Evelyne, Marielle, Renée, Ida. Nous accueillons René et Nicole son épouse, déjà passionnés par les ateliers scientifiques de Louis, nous sommes donc un groupe très animé de onze participants.

Isabelle nous rappelle que le Ciné Passerelles rassemblera ses participants mercredi 29 mai à 11h pour voir à l’Utopia : « Jusqu’au bout du monde », une sorte de Western de l’époque 1860, mais récemment paru 2024 de Viggo Mortensen. Nous sommes tous passionnés de cinéma, merci à Isabelle.

Sylvie souhaiterait remercier particulièrement Marcel Mirande pour notre visite de Samedi dernier, le 25, sortie avec pique-nique : « les vitraux composés par Raymond Mirande, présentés par notre ami Marcel ». Nous avons débuté par Arès : Une église bien restaurée sur la place principale, entourée d’un boulevard où se pressent les estivants et les villageois, car les magasins sont sympathiques. L’église, nous dit une dame qui nous regarde, est très visitée mais je ne savais pas pour quelle raison ? les vitraux sont importants ?  Elle a donc visité avec nous les treize pièces d’Art depuis Eve jusqu’à la Résurrection, suivant les commentaires de notre ami, ouvrant le regard pour lire les formes, remarquer les teintes adaptées aux sujets, percevoir la palette de bleus, de rouges, de mauves, de bruns, quelques pointes de noir ou de blanc. Ces observations se poursuivaient avec les supports de métal dans la pierre des ogives longues, ou les grillages de protection extérieure, et surtout les lumières discrètes et cependant puissantes pour donner vie aux œuvres très imposantes à l’intérieur du bâtiment. Tout est vivant selon les effets du soleil et l’heure de la journée. Etrangement une vue de l’extérieur sur ces fenêtres datant du 14ème siècle environ, ne dévoile rien de leur magnifique présence. Excepté nous dit Marcel : « si vous passez le soir, les lumières venues de l’intérieur révèlent une magie de couleurs et de formes ».

 Et pour nous la visite continue, vers Andernos, mais en passant par Taussat : Une église importante sans grâce devient un écrin pour trois immenses verrières présentées en tryptique par la force de leur âme. Plus tendres, plus dessinés par les formes cylindriques qui enveloppent l’espace, deux tryptiques latéraux se font face, datant de 1985 ; ils étaient animés par un soleil timide au moment de notre visite, illuminant la « Jérusalem céleste. »

Enfin Andernos, la ravissante église Saint-Eloi est enrichie de neuf vitraux adaptés à ses formes romanes. Depuis l’autel, la vision traverse les bancs à peine visibles dans un gris-bleu fondu ; nos yeux dirigés vers la mer et le ciel sont attirés par un oculus « flammé » , un autre latéral tourne éternellement comme la terre ou un astre, la création du monde. La relation mer-terre et les flammes de la vie grâce à la lumière. Chacun est transporté vers son monde intérieur et la méditation.

C’est une expérience à refaire, car personnellement je découvre de nouvelles réflexions à chaque visite. Un sympathique emplacement de pique-nique nous permet de nous détendre, de nous retrouver entre amis, picorant d’un côté ou d’un autre. J’entends encore ce que notre Sylvie a exprimé en remerciement : nous sommes heureux et enrichis par cette expérience émouvante, nous pensons à l’attachement de Marcel pour son frère : admirable maître à penser et à suivre dans les chemins profonds de la création, pour les comprendre au moins modestement.

Elle aborde ensuite le livre qui l’a inspirée. « Le passeur de lumière, Nivard de Chassepierre », écrit par Bernard Tirtiaux.  L’auteur est Belge, né en 1951, il réside à Fleurus. Il est maître-verrier de formation et de métier, Il restaure et réalise des vitraux pour les églises. Rompu aux techniques anciennes, il sculpte des œuvres monumentales en verre et a réalisé à ce jour plus de 700 verrières originales. Dans son livre, le Passeur de lumière, il rend hommage à l’artisan verrier du Moyen-Age à qui on doit la couleur des vitraux : Nivard de Chassepierre. Cet artiste éleva l’art du vitrail à la quasi-perfection, dès le 12ème siècle.

Sylvie nous présente le livre qui l’a fortement impressionnée : Histoire des Templiers à la recherche du Grand- Œuvre, une quête qui les unit, qui les dépasse, pour laquelle ils tuent et ils meurent ; « En fermant le livre et encore aujourd’hui, dit-elle, Voilà la définition du Génie : cette recherche du beau, envers et contre tout, à l’échelle du divin qui dépasse l’artiste lui-même. » Merci Sylvie.

Louis nous présente un grand livre qui nous parle d’Hier, mais qui est actuel et prémonitoire peut-être. Stephen ZWEIG « Le monde d’hier »1942 :

Ecrivain Stefan ZWEIG et dramaturge autrichien.  Né à Vienne en Autriche-Hongrie en 1881, mort en 1942 au Brésil. Père issu d’une famille juive originaire de Moravie qui s’installe en Bohème et fait fortune dans la fabrication de tissus. Sa mère est fille d’un banquier. Il vit donc dans le milieu de la grande bourgeoisie juive viennoise, dans une famille très intégrée : on ne parle pas yiddish et pas de fréquentation de la synagogue.

Il vit difficilement sa vie scolaire jusqu’au lycée, qu’il juge insupportable. Mais il est très tôt passionné par les livres et par la poésie. L’université ne l’intéressera pas davantage. L’université lui permet d’être libre de son temps. Il s’inscrit en philosophie et en histoire de la littérature. Il ne suit pas de cours pendant trois ans et expédie sa thèse en quelques mois de travail au cours de la 4ème année. Zweig nous fait connaître l’axiome d’Emerson : « les bons livres remplacent la meilleure université »

Après une vie insouciante à Vienne où il s’adonne à ses passions littéraires et poétiques, il découvre Emile Verhaeren auprès duquel il travaillera quelques années, puis Paris où il rencontre Rodin et surtout Romain Rolland. Il partage avec eux un sentiment de liberté et la perspective d’un avenir hors des nations dans une fraternité européenne.  Dans le même temps, il écrit et publie ses premières œuvres, poésies et théâtre, commençant à se faire connaître. En tout, une œuvre romanesque considérable, biographies, mémoires, fictions, poésie, théâtre.

La guerre de 1914 se produit malgré la lutte qu’il a menée avec Romain Rolland en France contre « la trahison de la raison ». Il n’est pas enrôlé car déclaré inapte. Ses succès littéraires arrivent et s’enchainent après la guerre. Il s’installe à Salzbourg et se marie. (Dans la même veine le livre de Julien Benda : « La trahison des clercs » édité en 1917 puis en 1946.)

Il assiste enfin, impuissant, à la montée du fascisme et du nazisme. Il part pour Londres en 1934, après l’épisode de Munich en 1933, et il y restera jusqu’en 1940. L’Autriche est annexée par Hitler en 1938 et il sollicitera sa naturalisation anglaise qui lui sera accordée. Départ pour l’Argentine, puis le Brésil où il se suicide avec sa seconde femme en 1942.

Le Monde d’hier – Souvenirs d’un Européen

C’est un petit livre, de 500 pages tout de même, en Livre de Poche, mais à coup sûr, un très grand livre.

La préface, assez courte est remarquable et donne d’emblée la clé du propos : ce n’est pas tant son destin qu’il raconte que celui de toute une génération, qui a vu des évènements tragiques comme peu d’autres au cours de l’histoire. En qualité d’Autrichien, de juif, d’écrivain, d’humaniste et de pacifiste, il s’est trouvé au cœur du séisme qui a ébranlé l’Europe et le monde. Il a été « précipité dans le vide ».

Il a vu en une vie toutes les catastrophes imaginables :le fascisme en Italie, le national-socialisme en Allemagne, le bolchévisme en Russie, et surtout « cette plaie du nationalisme en Europe, qui a empoisonné la culture européenne ».

Il se veut le témoin de la plus effroyable défaite de la raison, et du plus sauvage triomphe de la brutalité de l’histoire.  Il souhaite que son témoignage soit utile aux générations futures pour ne pas avoir œuvré en vain. C’est pour cela même que nous en parlons aujourd’hui à Passerelles, car beaucoup d’évènements actuels ne sont pas sans rappeler ce qui s’est passé à cette époque : cela doit nous alerter et nous faire réfléchir.

Nous invitons ardemment nos lecteurs à faire une lecture de cette préface car elle résume assez bien ce livre.

Le livre lui-même

Le monde d’hier, c’est l’Autriche-Hongrie où il est né, et l’Europe de sa jeunesse avant la première guerre mondiale. Son livre balaie ainsi 50 années d’histoire européenne.

Comme annoncé dans la préface, c’est d’abord un livre-témoignage sur ces 50 ans d’histoire, et j’ajoute qu’il a une qualité historique évidente. C’est aussi bien sûr une autobiographie, et c’est enfin une réflexion tout à fait passionnante sur la création artistique et la littérature.  

Le témoignage : L’empire austro-hongrois des Habsbourg était depuis des générations un monde d’immobilité, de stabilité et de sécurité. Zweig décrit l’époque de sa jeunesse : vie insouciante et facile dans un milieu privilégié. La vie est fondée sur la jouissance, la tolérance et la bienveillance, l’esprit de conciliation est essentiel, le catholicisme est très influent. Pas de précipitation, le temps s’écoule au « ralenti ». Se précipiter est inconvenant. Il souligne le contraste avec le puissant voisin allemand (marqué par le protestantisme), privilégiant « l’ordre, le sérieux la discipline, valeurs allemandes qui ont empoisonné l’existence de tous les autres peuples ». L’époque est méfiante par rapport à la jeunesse.

Durant sa formation, il consacre tout son temps aux lectures et très vite à la poésie. La vie universitaire lui permettra de se constituer un réseau d’amis passionnés comme lui par les arts. Il écrit un premier recueil de poèmes qu’il arrive à faire éditer à sa grande surprise.
Il rencontre et se lie d’amitié pour Emile Verhaeren en Belgique, puis à Paris pour Rodin et Romain Rolland. Pour lui et ses amis, « l’indépendance de la pensée est le bien suprême dans la vie ».   Mais il veut aussi connaitre les milieux plus défavorisés que celui de la bourgeoisie juive de Vienne.

Sa rencontre à Vienne avec Théodore Herzl le marquera profondément. Car c’est Herzl qui lancera le mouvement sioniste par la publication de « L’Etat Juif ». Zweig comprendra l’espoir que cet homme isolé, apolitique, avait répandu dans le monde juif.  l

Il fait un voyage en Amérique puis en Inde où il observe la folie de la pureté de la race et du système des classes. A son retour il ne tient plus notre vieille Europe pour l’axe éternel de l’univers. Il découvre alors les théories de Rudolf Haushofer (concept « d’espace vital ») qui ont poussé la politique agressive du nazisme au-delà du domaine national allemand.

L’origine de la première guerre mondiale lui semble être en partie dans la déficience des intellectuels qui ne voient rien venir : « cette foi heureuse dans la raison, dont nous pensions qu’à la dernière heure elle arrêterait la folie, a été en même temps notre faute ». L’attentat de Sarajevo fait tout voler en éclat et c’est la guerre.

Zweig note qu’en 1914, le monde avait une foi naïve et enfantine dans ses gouvernants.   Ce n’est plus le cas du tout en 1939. Au lendemain de 1918, le monde européen aura perdu confiance dans ses gouvernants ; la jeunesse ne croit plus aux parents, aux politiques, aux maîtres. Zweig note aussi le rôle de la propagande et des mensonges d’état : la parole raisonnable devient impossible. Il observe une émancipation brutale de toutes les valeurs anciennes : il faut s’affirmer de manière provoquante, radicale et révolutionnaire ! Même dans l’art.

L’assassinat de Rathenau (juif, ministre des affaires étrangères allemand) entraine une dégringolade vertigineuse du Mark allemand : une période de folle inflation s’ensuit : « époque évoquant un asile d’aliénés » et qui sera fatale à la République allemande.
Zweig livre sur l’arrivée au pouvoir d’Hitler une analyse très intéressante et originale. Selon lui, l’Allemagne a toujours surestimé et déifié la Culture. Les charges de l’Etat sont réservées à ceux qui ont une culture universitaire. Les Allemands ne pouvaient pas imaginer que Hitler puisse constituer un danger sérieux.  Hitler a selon lui une méthode très efficace face à l’Europe : celle des doses successives « admissibles », c’est-à-dire qui ne provoque pas de réaction (par passivité ou lâcheté).
Zweig porte sur les évènements le regard particulier d’un intellectuel qui a en permanence la volonté d’influer, avec d’autres, sur le cours des choses. C’est un humaniste et un pacifiste : tout ce qu’il fait et écrit va dans le sens de la recherche de la paix, de la conciliation. Mais il constate sur la fin de sa vie son échec. 
 

Réflexions sur la création artistique et la littérature.

Il se passionne dès le lycée pour l’art « nouveau », qui était presque exclusivement un art de jeunes gens par opposition à celui d’artistes d’âge mûr ayant fait leurs preuves dans la société bourgeoise.
Il s’interroge aussi sur la poésie compte tenu de l’évolution de cette époque qui arrache les hommes à tout recueillement, et les jette dans une fureur meurtrière : sera-t-elle encore possible ? (p. 169). Son voyage en Angleterre le déçoit au plan artistique car les Anglais ne semblent s’intéresser selon lui qu’au sport, au jeu et à la politique. Mais le génie de l’Angleterre s’est révélé dans les poètes Shakespeare et William Blake.

La genèse de l’œuvre d’art sous son aspect biographique et psychologique le préoccupe beaucoup. Il devient un grand collectionneur de manuscrits originaux des grands artistes et espère trouver les clés de la création artistique. Mais il admet que celle-ci est un mystère aussi grand que celui de la création du monde. Zweig s’interroge enfin sur les raisons de son propre succès littéraire. Il croit pouvoir l’attribuer au travail « d’élagage » qu’il réalise : sur 1000 pages initiales d’un texte, il n’en garde en fin de compte au plus 200.


Dernières remarques

Zweig fait preuve dans ses récits d’une extrême lucidité et d’une profondeur de pensée et d’analyse tout à fait remarquables. Il le doit à ses talents bien sûr mais surtout parce qu’il a voulu tout voir pour comprendre de son temps, multipliant les voyages dans tous les pays européens et du monde, et provoquant les rencontres avec les artistes et intellectuels. 

Son style fait que la lecture est facile et agréable. Son texte est d’une grande clarté ; l’humour n’est pas trop présent car le sujet ne s’y prête pas. Sa dépression en fin de vie est sans doute due en partie à ce qu’il a dû considérer comme son échec (et celui des intellectuels de son temps) : « préserver la paix et les valeurs de l’Europe ».

Ce qui frappe le lecteur d’aujourd’hui, en ce début de XXI ème siècle, est l’actualité brulante de son propos. Qui n’est pas averti pourrait penser que c’est notre période actuelle qui est en grande partie décrite et disséquée : il faut le lire pour comprendre notre monde aujourd’hui.

Merci, Louis, infiniment pour cette étude qui paraît essentielle pour nous rendre plus réalistes devant le monde qui va. Je salue notre lecteur René qui a lu tous les textes importants de ce grand penseur de notre XXème siècle. Il est venu spécialement ce lundi pour écouter Louis, accompagné de son épouse Nicole ; ils seront toujours les bienvenus ; je demanderais à Monique de leur communiquer le CR, puisque je n’ai pas leur Mail. Tous les lecteurs sont passionnés par cette présentation.

Nicole nous parle de « Baumgartner », le dernier livre de Paul Auster décédé fin mars 2024. Ce livre nous présente l’écrivain à 70ans, déjà vulnérable mais sans maladie réelle apparemment, sinon la solitude. C’est une fiction, puisque son épouse est près de lui, du moins on peut l’imaginer.

Il reprend des thèmes récurrents de sa pensée et de son œuvre :

* Le thème de Anna par exemple. En 1987, Paul Auster, fait paraître « Le voyage d’Anna Blume », (nous ne pourrons le lire en français qu’en 1993 ou en 1995, selon les éditeurs). L’atmosphère du roman est lugubre, rappelant chez cet écrivain d’origine russe, les traces des pogroms, du mal-être slave. Le cadre est une ville du bout du monde, cernée de murs, dont les habitants tâchent de subsister en fouillant dans les détritus. C’est « le pays des choses dernières », comme l’appelle Auster. Anna envoie un courrier à un ami d’enfance, elle cherche son frère disparu, et se perd dans les lieux détruits par la violence, guerre, révolution. Nous avons déjà lu ces décors : Ce rêve funeste paraît chez Maxwell Coetzee avec « En attendant les Barbares 1980 » et la Disgrâce ». Souvenons-nous aussi de la « Route » de Cormac Mc Carthy 2006. On comprend mieux le courrier important qu’il échangea avec Maxwell Coetzee. Ces écrits expriment les fantasmes de la mort, de la fin d’une civilisation, de la fin des règles de vie qui ralentissent les terreurs et les exactions.

Pourquoi je rappelle ce thème ? Anna la jeune héroïne soumise à cette recherche du frère, de l’être aimé, devient un symbole chez Paul Auster ‘des choses dernières’ comme il le dit lui-même, celles sur lesquelles on ne peut rien.

A 70 ans, il se sent vieux, solitaire : dès la sixième ligne, il note ses lectures, Sôren Kierkegaard, le philosophe de l’angoisse et du désespoir, protestant luthérien dont l’un des ouvrages « Pseudonymes » explorait les noms différents donnés à ses recherches sur les formes de la vérité : (Pour ce philosophe, la vérité n’est pas objective mais subjective, idée dangereuse même au 19ème siècle, qu’il essaie de noyer dans des ouvrages parus sous des noms d’auteurs différents. Pour lui, l’important n’est pas de ‘raisonner’ le monde, mais de savoir comment on peut faire de sa vie l’expression de la vérité). Et ce premier aperçu de Paul Auster est un contre-portrait, un enchaînement de catastrophes dont il sort geignant et souffrant. Ironie de la solitude, ironie de la compétence romanesque. Pitreries ou moment de défaillance sous l’influence de kierkegaard ! On le retrouve ensuite dans son bureau. Mais est-ce son bureau ? il ne recèle que des œuvres de Anna, qu’il n’ose pas toucher. C’est déjà un musée. Alors où est sa vie, son lieu, ses marques, sa trace ? Il tente de se reconstruire avec la douce Judith, sœur de Anna, mais au bout de quelques années, elle part et se marie.

 Je vous laisse à la joie douce et émue de retrouver l’homme qui se pense âgé et qui retrouve grâce aux souvenirs le bonheur qu’il a vécu autrefois. Ce « temps retrouvé » est encore plus magique que la vie même.

Marcel reprend la parole pour présenter un roman de Jean Paul Dubois, « L’origine des larmes. »

Il se trouve que le style et l’humour noir de cet écrivain plaît beaucoup à nos lecteurs. Dans cet opus très récent mars 2024, nous retrouvons la patte de ce prix Goncourt 2019. Le héros, Paul, reçoit un télégramme l’informant que son père Thomas Lansky est mort, et qu’il est nécessaire qu’il vienne recherche sa dépouille. Mort naturelle, Paul trouve son père dans une « housse mortuaire » enveloppe fermée par fermeture éclair comme dans les films policiers, et comme l’entreprise de son père les produit dans un pays du nord. Marcel annonce l’acte inattendu, spontané de Paul qui tire deux balles dans la tête du défunt. Est-ce un parricide, alors que la victime est un cadavre ? Il ne faudra pas moins d’un an pour que l’affaire juridique s’éclaircisse.

Ce récit de Paul se fait devant son psychiatre : Paul a toujours voulu venger sa mère et son frère jumeau d’une mort injuste dont il souffre encore. Sa mère est morte en mettant au monde un fils, Paul, mais le frère jumeau et la mère n’ont pas survécu, tandis que le père repartait pour vivre ses aventures personnelles. Paul revendique son geste pour rendre justice à ses défunts.

Ce qui pourrait heurter les âmes sensibles est mis en scène avec humour et dérision de sorte que le lecteur prend des distances comme l’écrivain tente de le faire.

Ayant déjà lu, « Succession », et le prix Goncourt « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon ». Je perçois des thèmes récurrents, le sport, pelote basque et rugby, sa patrie est le sud-ouest.  Mais il y a une défiance à l’égard des autres comme s’il ressentait un malaise personnel dans la relation. Cela le rend intéressant et donne envie de lire plus, pour mieux comprendre ce que l’écrivain ressent.

Certains critiques parlent d’un roman troublant, d’une fatalité plus ou moins ressentie que son héritage familial est impur, ou trouble. Dans ce dernier livre, il paraît surtout un homme blessé.

Merci à vous tous qui donnez à nos amis le goût les livres, parce qu’ils nous ouvrent au monde réel, à travers les divers points de vue des écrivains. L’important est de se faire une opinion à soi-même, flexible à mesure que l’on s’enrichit. Il semble bien que la vérité des situations que l’on observe, soit individuelle et momentanée. Vive Kierkegaard. !

Etaient présents : Isabelle, Marcel, Sylvie, Jean, René et Nicole, Monique, Noëlle, Aurore, Nicole S, Louis. Merci à vous qui faîtes vivre le Café littéraire et les ateliers.

Nos prochaines réunions :

  • le 10 Juin chez Nicole ;
  •  le 17 juin à l’Ermitage, atelier scientifique ;
  •  le 24 juin à L’Ermitage ;
  •  le 1er Juillet, chez Louis à Saint Médard en Jalles de 16 heures à 21 heures ( buffet apéritif participatif, et Bureau Passerelles.)

Bonnes lectures et une grande joie de vous retrouver bientôt. Nicole.