Nous nous retrouvons pour une dernière grande étape avant les vacances d’été. Nos Cafés littéraires s’arrêteront après le 1 juillet, dernière date, et reprendront en Septembre, (probablement le 9 septembre 2024).
Nous construirons ensemble nos semaines prochaines ; sont programmés les dates suivantes :
Le 27 mai à l’Ermitage ; le 10 juin, chez Nicole probablement ; le 24 juin à l’Ermitage ; et le 1 Juillet pour une réunion jardin
Ont répondu à notre invitation à venir : Louis, Sylvie, Jean, Evelyne, Marie, Annick, Monique, Marie-Josée, Isabelle, Nicole Ca. Nicole S. Plusieurs lectrices et lecteurs ont prévenu de leur impossibilité à venir.
Evelyne nous apporte des informations sur les activités de Joël Mansa, notre ami Poète : il lira « Murmure » à la librairie Olympique, aux Chartrons, le 4 JUIN ; il prévoit une activité théâtre le 26 septembre. Nous sommes à son écoute amicalement.
Louis prépare une présentation de « Stéphan Zweig, Le monde d’Hier ». J’en suis très contente, c’est un livre majeur pour comprendre notre période historique présente.
Isabelle nous parle du film choisi pour nos amis de Ciné-Passerelles : « Le jeu de la Reine »de Karim Aïnou. Plusieurs d’entre nous l’ont vu, avec le groupe ou indépendamment. Le thème est rappelé rapidement voir le CR N° C13. Elle nous dit que la distanciation du metteur en scène à l‘égard des personnages et spécialement de la Reine l’a troublée. A notre époque plus féministe, cela peut en effet étonner. Le groupe a cherché à comprendre ce que représentait le mot « jeu », est- ce une stratégie pour rester en vie ? Le bébé attendu qui aurait pu sauver son mariage, meurt assez rapidement, elle perd un atout important. Isabelle est choquée de ne pas voir mise en valeur l’importance du chagrin qu’elle peut ressentir ? La colère froide à l’égard du roi, charmeur mais cruel, inhibe peut-être les émotions maternelles ? ou encore, elle sait devenir humaine et pédagogue à l’égard des autres enfants du Roi et en particulier d’Elizabeth qui deviendra une grande reine, mais « sans homme » ! Ces échanges sont prenants pour nous tous.
Marie-Josée en profite pour intervenir, elle souhaite nous présenter un livre de Anne Lemaître : « Un grand désir de silence ». (Cette philosophe a reçu un Prix en 2023 de la Liberté intérieure). Notre amie est intéressée par la méthode de construction de la pensée : Le livre débute par une recherche sémantique puis philosophique des mots qui répondent en partie à la définition de « désir de silence ». Elle nous décline un certain nombre d’expressions : < Faire silence ; rester en silence ; se taire ; puis elle leur donne du sens pour dire enfin, non c’est autre chose le désir de silence !
Isabelle nous a promis une video de A. Comte- Sponville sur le même thème. Rechercher « l’ataraxie », < faire le vide en soi>. Nous y reviendrons à la prochaine séance. Une voix parle de Mazarine Pingeot : Un monde « sans » : ces quelques mots donnent le LA : une absence qui sera à remplir ensuite de besoins ou désirs. Le désir est-il un manque ? ou est-ce l’aspect positif du manque ? ces questions sont éternelles…C’est le thème platonicien du Mythe de la Caverne…
Mais le désir est aussi pouvoir : puissance de posséder (mariage) ou jouissance ( plus sexuel ?) obligation de l’exclusivité ? pureté des filiations ?…Beaucoup d’autres idées sont intervenues…
La présentation de Marie-Josée provoque une passionnante discussion sur le « désir » et chacun de répondre comme il peut ; les humains vivent dans la frustration de ne pas discerner le sens de leur vie, encore plus à notre époque actuelle où bien des repères ont disparu, nous dit Louis. Certains cherchent la lumière, l’énergie vitale. « Fiat Lux disent les récits antiques. Est-ce le côté métaphysique du travail que nous avons suivi après les exposés en physique sur le Cosmos ?
Pour le moment, Marie-Josée nous dit : « Pour lire, on doit se taire ! ». Mais nous ne savons pas tout sur le cerveau.
Heureusement, Sylvie nous donne une respiration, elle nous propose un beau poème de Falmarès : le jeune poète guinéen : « Poète sans papier » puis « l’Amante ». Nous sommes une fois de plus charmés par la douceur de ces poèmes qui posent une remédiation, une tendresse sur les douleurs de ce jeune émigré.
Une proposition de Nicole, pour une recherche sur Paul Auster, écrivain américain, qui est décédé le 30 Avril 2024.
Paul Auster : un auteur américain, chantre de l’immigration aux USA, et un écrivain rare autant que prolifique. Né en 1947 à Newark, New Jersey, et décédé en 2024 le 30 avril. Romancier, scénariste et réalisateur américain ; professeur d’Université, musicien…
Son premier Prix littéraire en 2006 Princesse des Asturies de la littérature, la plus grande distinction en Espagne, mais beaucoup de prix pour une production exceptionnelle : 1993 prix Médicis étranger.
Les grandes œuvres : Le voyage d’Ana Blum, 1987 ; « Seul dans le noir » ; « Le livre des illusions » « Léviathan,1992 », « Trilogie New-yorkaise 1991 , la cité de verre, les revenants, la chambre dérobée». « MR Vertigo »1997, roman ironique et burlesque. « Moon Palace » roman d’apprentissage, ambitieux, un voyage dans les états américains. En fait, 17 romans qui rappellent la phrase de Chateaubriand : « L’homme n’a pas une seule et même vie ; il en a plusieurs, mises bout à bout, et c’est sa misère. » (Epigraphe du « Livre des illusions »)
Une partie de son œuvre évoque la ville de NY et son quartier de Brooklyn. Ses grands-parents, viennent d’Europe Centrale, mais sa famille, son père, ses oncles sont nés aux USA. Un oncle traducteur le met au contact des livres très tôt, il commence à écrire à 12 ans, il pratique le base-ball. C’est tout de même un lourd tribut à supporter, pogroms, révolution contre le tsarisme, et la Shoah. Un drame familial s’y ajoute en la personne de sa grand’mère paternelle qui tue son mari dans un accès de folie. Cette situation explique que le père de Paul, Sam soit difficile à cerner : « Portrait d’un homme invisible » dans le roman « L’invention de la solitude ».
Dès 14 ans, il écrit des cahiers où l’on trouve des incidents douloureux, un camarade foudroyé lors d’une sortie à la campagne. Ces épisodes paraissent dans ses divers écrits : des poèmes, des essais et un livre de correspondances avec John Maxwell Coetzee. Il a des périodes de dépression, divorcera de sa première épouse, en 1974 : il ne supporte pas la vie de bohème dans la misère : « Le Diable par la queue »… Il vit cette période au quartier latin, en1965 : lectures, rencontres : Borges, Sartre, Edgard Allan Poe, Nathanael Hawthorne sont ses penseurs, il milite contre la guerre du Vietnam. Il a le sentiment de végéter.
Après une période romantique il écrit un roman plus distancé peut-être sous l’influence de sa nouvelle compagne Siri Hustvedt, philosophe, spécialiste d’épistémologie et romancière. Le couple, marié en 1981 s’installe à Brooklyn. C’est une nouvelle vie qui commence avec un premier succès :« L’invention de la solitude ». Lui est grand brun ténébreux, elle longiligne, blonde, c’est un couple glamour qui va enfin trouver le succès. Leur fille naît en 1987. Il va trouver, avec la trilogie sur N.Y. son public, fidèle. Il réinvente un roman en puzzle dans les labyrinthes de Manhattan. Il conduit des réalisations au cinéma (Formation à l’IDHEC). Ses recherches s’orientent autour des habitudes de vie de ses concitoyens, il produit « Smoke » qui a un grand succès en France où il continue à se rendre régulièrement, Il est un créateur culte des années 1980. Nous avons conscience que le théâtre et les films autour du livre « Smoke » (1990) dédié à son fils : Pierre Arditi et Sabine Azéma dans « Smoking, Not smoking » de Alain Resnais (1993) nous ont plu, et devaient beaucoup à Paul Auster.
Son premier enfant né dans la période bohème 1977, Daniel, est un adolescent difficile, qui a des relations avec la drogue ; plus tard il vivra plusieurs épisodes troubles, dont l’un aboutit à la mort de sa fille Ruby 18 mois ; Daniel mourra d’une overdose à 44 ans en 2022, on le retrouve dans le métro. C’est le grand drame de la vie de Paul Auster. En 2023 Siri donne des bulletins de santé de Paul sur Instagram « Dernier bulletin de Cancerland », elle a 33000 followers. Elle y annonce la parution de Baumgartner : « un petit livre tendre et miraculeux », paru chez Actes sud.
“4 3 2 1” est le plus long roman de Paul Auster, publié en janvier 2017 aux États-Unis, puis en janvier 2018 en France, sept ans après la dernière publication de l’auteur.
Voici un résumé :
Le roman raconte l’histoire d’Archie Ferguson à quatre périodes différentes et en quatre versions différentes. Chaque chapitre du livre est divisé en quatre parties qui décrivent les différentes versions de sa vie. Les quatre versions du personnage grandissent avec les mêmes parents juifs de la classe moyenne, Stanley et Rose, ainsi que beaucoup d’amis, y compris son amie ou petite amie Amy Schneiderman.
Cependant, en raison de circonstances particulières, les quatre vies prennent des chemins très différents et les relations entre les personnages diffèrent d’une version à l’autre. L’histoire suit l’enfance et les années de collège de Ferguson, sa vie amoureuse et ses engagements politiques. Elle se déroule à Newark (New Jersey) et à New York dans les années 1950 et 1960 ; elle relate des événements marquants tels que la guerre du Viêt Nam, les luttes pour les droits civiques, l’élection et l’assassinat de Kennedy, ainsi que les émeutes de Newark.
L’accueil du roman a été très positif en France, avec des critiques évoquant un « roman vertigineux » et louant la « construction sophistiquée » et la « forme expérimentale et étonnante » du livre. Si vous êtes intéressé, je vous recommande de plonger dans cette aventure vivante, foisonnante et gigogne, où les trajectoires de Ferguson s’entremêlent dans le labyrinthe narratif imaginé par Paul Auster.
En savoir plus : origine Wikipédia.
Les thèmes principaux du roman “4 3 2 1” de Paul Auster sont riches et variés, reflétant la complexité de la vie et des choix. Voici quelques-uns des thèmes abordés dans le livre :
- L’identité et le destin : Le roman explore les différentes versions de la vie d’Archie Ferguson, chacune influencée par des événements et des décisions différentes. Cela soulève des questions sur la façon dont nos choix façonnent notre identité et notre avenir.
- La famille et les relations : La famille joue un rôle central dans le livre. Les parents d’Archie, Stanley et Rose, ainsi que ses amis et amours, sont des éléments essentiels de son parcours. Les variations dans ces relations montrent comment les liens familiaux et amicaux peuvent changer nos vies.
- L’Histoire et la politique : Le roman se déroule dans les années 1950 et 1960, une période marquée par des événements historiques tels que la guerre du Viêt Nam, les droits civiques et les mouvements sociaux. L’auteur explore comment ces événements influencent la vie d’Archie et sa vision du monde.
- La littérature et l’écriture : Paul Auster est lui-même un écrivain, et son personnage principal partage cette passion. Le roman aborde la créativité, la narration et la signification de l’écriture dans nos vies.
- La chance et le hasard : Les différentes versions d’Archie sont le résultat de circonstances aléatoires. Le livre examine comment le hasard peut changer le cours d’une vie. Cela rejoint le Mythe antique de Œdipe : pourquoi la colère l’a-t-elle amené à tuer un vieil homme à un croisement de chemin ? Pourquoi justement la ville n’a plus de roi ? Pourquoi justement doit-il répondre à la Sphynge pour entrer dans la ville en deuil ? Il épouse donc la reine en deuil. Et l’on en revient à la fatalité (fatum en latin, ananké en grec) (excusez ma maladresse j’ai dit Oreste au lieu de Œdipe, à un moment !)
En somme, “4 3 2 1” est un roman ambitieux qui explore la complexité humaine à travers différentes perspectives et époques. Il invite les lecteurs à réfléchir sur leurs propres choix et expériences de vie.
« Si l’on se perd parfois dans la forêt dense des arborescences, on retombe toujours sur ses pieds, c à d sur les obsessions de l’écrivain. Bifurcations de destins, jeux vertigineux de l’identité et du hasard. Un grand roman gigogne et un prodigieux tour de force tant formel que métaphysique. »
Cet après-midi dense en échanges, en réflexions, et souvenirs de lecture se termine autour du thé et des dégustations de petits gâteaux grâce à Sylvie, Nicole C. et Evelyne, et…. Merci à vous tous de rechercher le bonheur de partager.
Nous nous retrouvons le 27 Mai pour un 15ème Café littéraire, et le 25 mai à Andernos pour admirer les vitraux composés par Raymond Mirande.
Amitiés à tous. Nicole.