Zooms littéraires du 15/03/2021 (14h30 et 20h30)

Bonjour, c’est un grand plaisir de nous retrouver, avec Zoom, pour parler de nos lectures, de nos idées, et, si vous ne pouvez être présents (tes) à toutes nos réunions, le CR fait un lien entre nous, vous tient au courant de nos réflexions, de nos maladresses (techniques), et de nos progrès pour animer ces moments de partage.

Bienvenue à vous, chers Lectrices et Lecteurs.

Cliquez ici pour accéder au compte-rendu du zoom de 20h30

Zoom littéraire de 14h30

Nous nous sommes retrouvés 4, Marie chère fidèle, Louis qui est pour nous un pilier de travail et de réflexions, Jean-Jacques qui soutient nos choix et nos efforts techniques. Merci à tous.

Marie et Louis avaient lu l’Anomalie de Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020. Nous avons déjà évoqué son succès, mais la lecture attentive permet de trouver des pépites de talent et d’originalité. Nous essaierons de ne pas trop dévoiler l’intrigue que vous trouvez partiellement dans toutes les présentations de libraires ou d’éditeurs.

Marie aborde le sujet avec ses ressentis :  Elle trouve le roman complexe. Une première partie présente les divers acteurs de l’intrigue, roman « choral » : ils vont se retrouver dans une histoire étrange, sans y être préparés.  Et le lecteur découvre peu à peu, par allusions, que leur créateur fait partie de l’aventure. Roman policier, roman d’anticipation, nous sommes bousculés comme les voyageurs du vol Paris New-York, dans la tourmente. Heureux de s’en tirer, ils se retrouvent dans un hangar pour avions militaires, gardés à vue, sans savoir pour quel chef d’accusation. La troisième partie est riche psychologiquement et l’écrivain, un peu journaliste philosophe, un peu Deus ex machina, se délecte des situations dans lesquelles se trouvent ses personnages. Marie se dit qu’elle doit le relire peut-être plus finement pour en voir les détails de créativité mis en œuvre par l’écrivain.

Louis a un regard un peu différent, le spécialiste de l’aérospatial qu’il est, s’attache plus spécialement au vol de l’avion en question ; pour lui, une sorte de délire paranormal rend les militaires qui font l’enquête, complètement désorientés ; le président américain s’interroge sur tous les risques possibles de l’aventure. Pendant ce temps les passagers sont confinés, sans que rien n’ait pu leur permettre de comprendre ou de prévoir ce qui peut leur arriver. Quels traumatismes vont-ils supporter ? Psychologie et religion sont appelés au secours… le poids des fake-news est évoqué… produisant encore plus d’ignorance…

Il y a bien des aspects de l’expérience Oulipienne dans ce roman très différent de ceux que H Le Tellier a écrits et de ceux qu’on trouve actuellement. Et une discussion se crée entre nous : Jean Jacques s’interroge sur son projet de le lire ? Et nous lui démontrons !!! quel plaisir nous avons pris à découvrir la richesse créative de ce roman. Il nous parle d’un souvenir de lecture de Haruki Murakami dans son opus de trois volumes « 1Q84 », qui associe le réel et l’imaginaire dans une aventure complexe et patiente qui a eu beaucoup de succès en 2009.  Louis ajoute que dans la réalité actuelle, il y a beaucoup de gens sensibles aux effets de l’imaginaire, illusions, rêves éveillés, jeux d’écritures, ou médecines parallèles… et Jean Jacques surenchérit avec un souvenir personnel, sa rencontre avec un homme de pouvoir dans l’armée, qui avait installé un ascendant sur de jeunes recrues au point d’en abuser, (Pour les plus vulnérables).

 Louis rappelle aussi un film allemand de 2009 de Dennis Gansel, « la Vague » destiné à montrer comment se forme le mécanisme de l’influence, de l’emprise, au point de produire des actions déraisonnables. Nous ne sommes pas loin des dangers de la manipulation sur des individus, des groupes ou même des foules, exemple le 6 janvier 2021, avec l’assaut du Capitole américain.

Nicole propose quelques compléments sur les groupes de recherches en écriture et en humour qui ont existé en fin du19ème siècle et durant tout le XXème S. sous des formes discrètes.

Le grand coupable de ce courant est Alfred Jarry (1873-1907) avec « Ubu Roi » en particulier. Poète, romancier, dessinateur, graveur, il défie les codes de langage, de convenances, en cours dans la bourgeoisie de la fin du 19ème siècle ; il se fait appeler Dr Faustroll, et crée le Collège de Pataphysique !  Son personnage, UBU roi, est un malotru qui profère à tout venant :« Merdre », il le situe dans la trace de Luther et la guerre des paysans au 16ème siècle, mais il peut aussi représenter le Mal, et c’est ce que les spectateurs perçoivent dans les années 50, l’associant à Hitler dans sa course au pouvoir absolu et sanglant. Ubu est le clown vert au gros ventre orné d’une gidouille qu’Alfred Jarry livre à la vindicte du public, en précurseur de l’absurde, du Surréalisme, et fait dire qu’il faut « Décerveler » les habitudes de penser, avec « une philosophie désinvolte de l’absurde qui frôle l’éternité. » La pièce est jouée en 1954 au théâtre de l’Œuvre par Jacques Fabbri.  

Le Collège de Pataphysique fut très renommé entre les deux guerres avec la grande époque des Chansonniers qui tenaient cabarets et cafés humoristes très courus. Boris Vian fait partie de l’Ordre de la grande Gidouille !  Pendant longtemps, l’émission : « Le masque et la plume » a ouvert ses portes aux humoristes…

En 1960 est créé l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle) par Raymond Queneau et François le Lionnais.

Raymond Queneau le définit, « Ce n’est pas un mouvement littéraire, ce n’est pas un séminaire scientifique, ce n’est pas de la littérature aléatoire… » Albert-Marie Schmidt lui donne son nom définitif. Tous ces créateurs sont d’éminents Ecrivains, Poètes, ou Spécialistes de la Renaissance, Mathématiciens, Experts aux échecs, Peintres.… « L’excellence est un objectif pour chacun ».

Toutefois, l’Oulipo s’enrichit de mouvements précédents, la « Pataphysique » est reprise par le « Dadaïsme », venu de Zurich avec Tristan Tzara, puis Francis Picabia (1879-1953). Ils ont rencontré, à New-York, Marcel Duchamp, Man Ray, et viennent à Paris se confronter à André Breton (1896-1966), Pape du Surréalisme (Manifeste du Surréalisme 1924).  Picabia est incontrôlable : » j’ai inventé le Dadaïsme ainsi qu’un homme met le feu autour de lui, au cours d’un incendie qui gagne, afin de ne pas être brûlé ! 1947 ».

Oulipo poursuit d’une certaine façon l’œuvre de André Breton, avec une ouverture sur les acquis précédents : humour noir, le goût de la difficulté, la recherche des contraintes qui oblige l’écrivain ou le peintre à valider des éléments scientifiques : Georges Perec, oulipien passionné (1936-1982), écrit un livre « La disparition » sans employer la lettre :«e»…Il fonde son œuvre sur l’utilisation de contraintes formelles, littéraires ou mathématiques. Les Choses est une œuvre sensible, traversée par les souvenirs de son enfance et de la guerre, il perd ses parents d’origine juive, en 1940 son père engagé dans les combats, en 1943 sa mère emmenée à Drancy puis Auschwitz. Les choses, les détails de la vie deviennent de véritables personnages dans son roman publié en 1965, pour lequel il reçoit le prix Renaudot. Il reste toute sa vie, blessé par cette enfance.

Les Oulipiens sont longtemps restés relativement discrets, mais très actifs dans leurs ouvroirs. Le Bouscat comptait un Oulipien récemment disparu qui fut très longtemps le créateur des problèmes d’échecs dans le Journal Sud -Ouest… son livre : Le guide des échecs écrit avec Nicolas Giffard (champion quart de finale au championnat du monde 1977) fait autorité actuellement. « Il y a plus d’aventures sur un échiquier que sur toutes les mers du monde. » disait Pierre Mac Orlan

Merci chers amis pour votre attention, merci de partager vos lectures, nous avons besoin de vous pour échanger, raconter, exprimer vos impressions, vos émotions. Nicole.

La semaine prochaine 22 mars, nous nous retrouverons à 14h30 pour un nouveau Zoom littéraire.

Et souvenez- vous que le 29 mars, à 18h30 en Zoom, nous aurons une réunion-partage, autour de Anne-Marie Cocula, Historienne bordelaise, qui nous parlera de l’histoire de la Démocratie, ses sources, ses réussites, les risques auxquels elle est confrontée. Cela peut nous aider à en parler à nos proches.

Zoom littéraire de 20h30

Pour ceux qui travaillent, nous avons installé un Zoom du soir, les thèmes dépendent de vos choix et de vos lectures. Ce soir Renée et Mauricette sont venues nous rejoindre.

Renée dispose de peu de temps mais nous avons eu plaisir à repenser aux livres lus précédemment et aux articles qui ont retenu notre attention dans les semaines précédentes.

Renée a pratiquement fini « l’Homme Révolté » de Camus, elle avait lu les romans avec des remarques très pertinentes liées à sa vision professionnelle et à ses idées. Elle s’étonne que Camus ne parle pas de la notion de « Transmission », il faudrait l’approfondir.  Elle remarque que dans le livre de Cynthia Fleury :« Ci gît l’Amer », on ne parle pas de la responsabilité envers les jeunes et les enfants que nos générations adultes doivent reconnaître. Camus ne se préoccupe apparemment pas de la jeunesse à son époque, dans ses œuvres, sauf lorsqu’il décrit la vie pauvre des bourgs qui entourent Alger et Oran et sa jeunesse si difficile. La période de « l’entre-deux guerres » était peu encline à la création de grandes familles, sauf dans les milieux catholiques, les crises économiques et sociales sont aussi des raisons suffisantes… De même actuellement l’incertitude produit une réduction de « l’esprit de famille ». Les couples ont de sérieuses difficultés à durer, les familles se scindent et l’on trouve beaucoup d’adultes seuls avec des enfants qui n’ont plus les repères que nous connaissions. Le monde irréel créé par le « numérique », avec les réseaux sociaux qui produisent des cultures et des contre-cultures, mais aussi les exclus de ces moyens de communication fracturent notre société. Sans compter, actuellement les conditions de vie sous la domination du Covid, et l’environnement scientifique qui apprend en même temps que la pandémie avance.

Pour créer une diversion, je prends le temps de lire un texte fort intéressant publié dans The Conversation : « Les gens sont mon habitat ! » un chercheur se met dans la peau du Covid pour dire ce qu’il est…Voici le lien : https://theconversation.com/les-gens-sont-mon-habitat-un-chercheur-se-met-dans-la-peau-du-coronavirus-pour-mieux-lexpliquer-144470

Cela nous amène à reprendre le texte de Y. Noah Harari (né en 1976,  Israélien, il vit aux USA), extrait par l’Express de « 21leçons  pour le 21ème siècle » le 3ème livre de ce chercheur. Il est l’auteur de Sapiens, Homo Deus, somme prodigieuse de connaissances et de synthèses 2011, 2015,2018. Voici le lien pour ceux qui ont accès aux articles de l’express : https://www.lexpress.fr/actualite/idees-et-debats/yuval-noah-harari-les-lecons-d-un-an-de-covid_2145771.html

Nous vous conseillons de le garder en tête ce document, il sera à votre disposition en pièce jointe, sur le site de Passerelles.

A bientôt. Nicole.