Zoom littéraire du 22/03/2021

Bonjour, chers amis et amies, adhérents et invités,

Nous nous retrouvons six fidèles : Merci à vous de sacrifier votre soleil, beau et brillant, à nos échanges. Marie Françoise tente de se joindre à Zoom, mais c’est parfois difficile de jouer avec la technique…

Michèle nous accompagne attentivement, et Francine n’est pas encore prête à parler d’un nouveau livre.

Louis veut bien commencer et parler d’un article qui l’a passionné. L’écriture, ou plutôt, des écritures sont âgées de plus de 4000ans et sont nées dans des continents différents. Plusieurs chercheurs ont pu déchiffrer un nouveau berceau en Iran, l’écriture Elamite. Sylvia Ferrara dans son livre « La fabuleuse histoire de l’invention de l’écriture », tente de percer les mystères de cinq systèmes anciens de l’écriture encore non déchiffrés. (Le linéaire A de la Crète, le Rongorongo de l’île de Pâques) mais aussi en Egypte, en Chine, au Mexique. Pour elle c’est incroyable ! Comment plusieurs cultures humaines, sans s’être jamais rencontrées ni avoir communiqué entre elles, ont-elles pu avoir la même préoccupation ? Ce ne serait pas un besoin, mais un aspect de la créativité des humains. Le dessin daterait de 70 000 ans (l’art pariétal rupestre) mais l’écriture serait plus tardive. Pour cette chercheuse italienne cette fabuleuse invention correspondrait au désir d’échanger hors du temps, à travers les générations. Pour cela il faut fixer le nom des choses, leur donner une réalité scripturale. Les écritures comme les civilisations vivent, évoluent et meurent. Les Sumériens utilisaient l’écriture cunéiforme pour compter les troupeaux et faire du commerce.

En Iran, l’écriture Elamite est plus élaboré, elle vient d’être percée à jour par un jeune archéologue français, François Desset. Sa découverte révolutionne les connaissances sur les premiers écrits de l’humanité. Il a déchiffré l’Elamite linéaire utilisé sur le plateau iranien entre 4000 et 3500ans avant notre ère. Découverte sur le site de Suze en 1901, elle n’avait pas été comprise faute d’avoir trouvé la clé de ce savoir. La Mésopotamie (Irak actuel), terre traversée par les fleuves, était la grande région de l’écriture jusqu’à cette découverte. Le déclic qui s’est produit pour le jeune Français, lors de l’analyse comparative de plusieurs textes rédigés sur des vases d’argent (gunagi) datés de 2000-1900 avant JC. Le déchiffrement complet ne se terminera que cette année 2021. Ces documents vont nous permettre de connaître des habitants de ce haut plateau iranien et leur propre point de vue.

L’alphabet, autre champ de recherche, aurait été découvert par des ouvriers cananéens, dans un site de tombes à nettoyer. Cela leur permettait de mieux se repérer dans leurs travaux : les talents sont divers et multiples, certains interviennent dans la longue évolution des sociétés. L’alphabet grec est le premier à utiliser le « e » muet, il daterait de 700 à 800 avant notre ère. Il dérive du Phénicien.

En revanche, les idéogrammes chinois sont très différents.

Merci à Louis qui nous redonne le goût de ce qui fonde nos sociétés et que nous utilisons sans nous douter de l’âge de ces « instruments ».

Marie souhaiterait nous parler de Vincent Van Gogh, qu’elle connaît bien par ses visites à Auvers sur Oise : à l’office du Tourisme, une personne invitait les visiteurs à aller au cimetière sur les tombes du peintre et de son frère ; elle  savait parler de sa vie, particulièrement des 70 derniers jours avant son décès. Une visite au musée Van Gogh à Amsterdam lui a permis de voir l’immensité de l’œuvre, pourtant diminuée par des destructions aberrantes pendant une période où il était inconnu.

Sa vie est liée à sa famille : son père est pasteur, son oncle est marchand d’art, et son jeune frère Théo reprendra cette activité. A Londres, il va apprendre le métier, après des études sérieuses pendant lesquelles il apprend les langues, et dessine la Hollande, ses paysans, ses fleurs. Sa grande sensibilité s’accompagne d’une gentillesse réelle. Elle transparait dans ses œuvres.

Instituteur un temps, il vit dans la misère sans savoir se décider pour une activité.  Comme son père, Il fait de la théologie et apprend les langues mortes et les math. Puis il rentre aux Beaux -Arts pour apprendre la perspective et l’anatomie. Au sein du Presbytère, il ouvre un atelier de peinture. Il travaille chez ses parents, jusqu’à la mort de son père(1885)  A ce moment il va à Bruxelles, il vit pauvrement,  il dessine, il peint à la manière de Seurat, pointillisme, se tient au courant grâce à son frère. On peut remarquer déjà la puissance de son trait, la force de ses couleurs, parfois dans sa précipitation pour agir, il utilise les tubes de couleur directement sur la toile. Il passe rapidement d’une toile à l’autre, et néglige les œuvres déjà faites. Cézanne lui aurait dit : « Monsieur, vous peignez comme un fou ! »

Il rejoint son frère Théo à Paris, en mars 86 : Théo y tient une galerie et là, Vincent rencontre toute la bohème et les peintres connus, des impressionnistes essentiellement. Et Gauguin….

Le 20 février 1888, il est à Arles, et s’imprègne de cette explosion de couleurs. Il avait aimé le raffinement du courant Japonais qui lui inspira des branches d’amandier et des fleurs raffinées. Il souhaite ouvrir un atelier avec Gauguin qui le rejoint, mais celui-ci ne restera pas : il   veut poursuivre son voyage vers la Bretagne puis la Martinique puis les Iles du Pacifique.

Van Gogh poursuit son travail quelque temps et envoie des œuvres à son frère qui sont appréciées ; le soleil du midi inonde ses toiles, le jaune est sa couleur, dans le Semeur et les Tournesols ( 1888). Mais il est rongé par l’angoisse de ne pas réussir, de ne pas retenir Gauguin auprès de lui et c’est l’épisode de l’oreille tranchée peut-être par désespoir, il tombe malade. Il est hospitalisé à Saint Rémy et se retrouve seul, avec des crises d’épilepsie, et une tendance à la schizophrénie. Il est infiniment malheureux, constamment entouré de gardiens.

Théo s’est marié et un petit Vincent est né dont le peintre est le parrain. C’est une joie, et Van Gogh lui offre « les branches d’amandier ». Toutefois, les compagnes des deux frères font partie des milieux pauvres où règnent l’alcool et la syphilis. Ils en portent les traces.

Vincent va mieux, il revient auprès des siens et renoue avec le monde. Il rencontre le Docteur Gachet qui va le soigner et s’attacher à lui., il soigne toute la « Bohème ». Vincent vit une période fructueuse, mais Théo tombe malade et le petit Vincent aussi. La terrible maladie se précise.  Vincent reconnait qu’il n’a jamais soigné sa santé : « j’ai souvent vécu de café et d’alcool. Je le reconnais, mais il est vrai aussi que pour arriver à ce ton jaune auquel je suis parvenu l’été dernier, je devais avoir réellement du cœur au ventre.

Van Gogh revient à Auvers et le Docteur Gachet s’occupe un peu de lui, il vit à l’Auberge des époux Ravoux que l’on connaît par ses tableaux. Il est dépressif et un matin, il part dans les Champs qu’il a peints et se suicide au pistolet. Il reste, alité pendant deux jours puis meurt le 29 juillet 1890.  Son frère Théo le suivra six mois après, porteur de la Syphilis. En 1914, les cendres de Théo sont rapportées à Auvers sur Oise.

Une vie singulière, triste le plus souvent. « Il est le seul peintre qui perçoive la couleur avec une telle intensité. »  dit un critique américain.

Merci à Marie de nous redonner le plaisir de contempler les œuvres de ce génie.

Nicole souhaite revenir à la lecture. Pour la deuxième fois en quelques mois, le hasard lui propose  un livre centré sur l’apprentissage, non pas celui d’un jeune homme découvrant la vie dans une époque étonnante comme le héros de « L’oracle della luna » de Frédéric Lenoir. Il s’agit aujourd’hui d’un réapprentissage à la vie, après un drame, comme en vivent souvent des femmes devenues veuves après un mariage heureux, et aussi des hommes devenus seuls et malheureux. 

De Danielle Steel, « Coup de Grâce » nous emmène aux Etats Unis, dans le riche Connecticut, villas magnifiques, collections de tableaux, voyages dans les somptueux hôtels, un compagnon généreux qui adopte avec joie la famille de sa nouvelle épouse, une styliste réputée qui laisse son métier pour être disponible à la famille reconstituée avec ses deux filles à elle, et ses deux filles à lui…Les jeunes femmes sont adultes mais encore nouvellement installées dans leur job ou leur vie d’épouse. Et tout disparaît dans le temps d’un accident de moto, Andrew n’avait pas attaché son casque et il meurt sur le coup.

La perte d’un charmant mari, va très vite se doubler de la tyrannie des filles d’Andrew qui sans scrupule demandent le départ de l’épouse dans les trois semaines, selon le testament non remis à jour, tous les biens leur revenant même les objets ou tableaux achetés ensemble. Enfin la ruine…, pour avoir oublié que l’épouse, même dans une deuxième union, consacre sa vie entièrement à son compagnon choisi, pour le temps qu’elle vit avec lui. Pas de testament revu avec le changement de vie, seulement la vie heureuse au jour le jour…. Danielle Steel, pudiquement ne s’étend pas sur la douleur, mais vise plutôt les aventures qui vont arriver à son héroïne, Sydney, rendue vulnérable et momentanément sans ressort ni perspicacité.

Apprendre à gérer, à ne pas se laisser surprendre par des amis apparents, des propositions dangereuses à terme, mais difficiles à anticiper. Enfin les dangers que l’on sait éviter quand on a l’esprit clair et les sens en éveil. Sydney en fait l’expérience cruelle, et même jusqu’à la manipulation, la garde à vue et le procès à préparer.  Heureusement ses filles l’aident, la comprennent, mais autour d’elle, des amis sincères la soutiennent autant qu’ils le peuvent sincèrement. Je vous laisse la lecture à poursuivre.

On peut réfléchir à cette situation qui est relativement classique lors de la perte d’un être cher et d’un changement de vie presque radical.  Ayant vécu cette situation deux fois, je me permets de faire référence à deux outils psychologiques qui peuvent aider.  C’est d’ailleurs, le schéma que Danielle Steel suit dans sa construction romanesque.

Les étapes du deuil de Elisabeth Kubler Ross « Sur le chagrin et sur le deuil. » : elle en signale 7 que nous vivons de façon plus ou moins consciente quand on ne connaît pas ses travaux, mais en les connaissant on peut davantage se comprendre et peut-être diminuer la charge douloureuse.

  • Le choc affreux et le déni : « Ce n’est pas possible, cela ne peut pas m’arriver ;
  • La douleur et la culpabilité : « C’est peut-être à cause de moi, j’aurais dû faire autrement ;
  • La colère : « Pourquoi il n’a pas fait cela, pourquoi elle est partie, pourquoi j’ai perdu tout ce que j’aimais,
  •  Le marchandage : « Si j’arrive à m’en tirer, je vais rester seul ; ou je serai tout à fait différent ; si mes amis peuvent m’aider ; j’irai mieux ; je veux tout arrêter… personne ne m’aime.
  • La dépression, la douleur, l’abattement ;
  • La reconstruction :
  • L’acceptation : on surmonte les difficultés, on retrouve une certaine sérénité, l’humour.

Pour la reconstruction, l’aide d’une stratégie d’objectifs est utile surtout dans sa phase finale :

1*Rechercher un but atteignable ; bon pour soi, qui ne demande pas trop d’efforts ou le contraire…

2 *Définir des objectifs atteignables, avec ses mots, en les intégrant dans sa pratique,

3 *rechercher les moyens, les ressources que l’on possède pour les atteindre.

4 * comment faire pour se mettre en marche et s’organiser,

5 *Avec qui on peut s’unir pour avancer, jusqu’à quel point cela peut être utile ?  Est-ce dangereux pour l’autre ?

6 *A quoi on peut voir que les objectifs sont atteints ? Quels critères sont précisés. Qu’est-ce que l’on ressent ?

Tout cela demande de la volonté, mais donne aussi des satisfactions.

Michèle dit justement : « Mais tout le monde a des objectifs et peut repartir après les pertes cruelles. » Et je la remercie de le dire.

Il faut juste que le corps veuille bien se mettre en mouvement pour avancer dans le sens de l’objectif choisi. Il y a parfois des troubles manifestes liés au corps et au système nerveux. L’aide d’un spécialiste peut aider la personne en difficulté.

Merci à vous tous d’être intervenus, certains ont parlé de leurs expériences personnelles. Nous les remercions vivement de la confiance et de la discrétion que cela suppose pour que vive le groupe.

Lundi 29 Mars, le café littéraire va prendre son envol avec la présence de Anne-Marie Cocula. A 18h30 elle nous parlera d’une question posée : « En quoi l’histoire peut-elle nous aider à comprendre les difficultés actuelles de la démocratie ».

Le lien sera à préciser sur les boites-mails de chacun.

Nous reprendrons nos zooms littéraires après Pâques, le 12 Avril. Il y aura deux séances, 14h30 et le soir 20h30 Les liens seront installés dans le site « PASSERELLESASSO33.FR »

Bonnes lectures chers amis(es).