Nous nous retrouvons avec plaisir, à 14h. Les absents du dernier Café sont revenus de leurs occupations : Merci d’être là ! Louis est venu prendre mes paquets, merci à lui. Marie José, Marielle, Marcel, Sylvie, Jean, Isabelle, Marie, Annick, Monique, Aurore, Noëlle, Evelyne, Louis, Jacqueline, Ida, Nicole S. Tous sont contents d’évoquer un voyage, les films qu’ils ont vus, des livres indispensables. Nous regrettons Renée, Nicole C., je leur dis « à bientôt ».
Nicole souhaite remercier Marie qui nous a rappelé un film à voir de Olivier Dahan, avec Elsa Zylberstein : « Simone Veil, le voyage du siècle. 2022 » au centre Trolong de Bruges. Splendide souvenir de la Ministre de la Santé des années 1974-79 ; puis Ministre d’Etat de 1993-95 menant ses combats pour les libertés de la Femme, et les minorités délaissées ; 16ème Présidente du Parlement Européen 1979-1982, et députée rappelant les expériences douloureuses des camps de concentration et des disparus de cette solution finale qu’avec les années on pourrait oublier. Enfin membre du Conseil constitutionnel, et Académicienne.
Certains films sont essentiels à notre culture et nous reparlons de « L’anatomie d’une chute » que pratiquement tout le groupe a pu voir, il est vrai que nous en avons beaucoup parlé. C’est une œuvre importante de Justine Triet, primé au festival de Cannes. Sans du tout comparer les deux films, j’exprime mon ressenti en disant que la confrontation des deux expériences démontre bien que « l’anatomie » est une démonstration intellectuelle, très réussie certes, mais qui ne m’a pas touchée. Seul le petit garçon réagit humainement, et je dirais presque le chien ! Peut-être la justice est-elle une affaire tellement sérieuse qu’elle refuse les émotions…(On peut penser au débat filmé entre l’acteur J. Deep et son ex-épouse Amber Heard.) En revanche, si on se pose la question de la culpabilité de Sandra dans le drame de son époux, la dissection du couple à travers cet exemple est embarrassante, sinon douloureuse. Sans Daniel et son besoin de protection, Sandra n’aurait peut-être pas été disculpée.
Marcel reprend la parole pour proposer des interventions sur le métier d’architecte, les réalités d’un chantier, la décomposition des phases d’une réalisation. Merci à lui nous allons le présenter au Bureau. Il pourra présenter le Prix Goncourt « Veiller sur elle. » de J B Andréa.
Marielle envisage de nous présenter le livre de Frédéric Lenoir, sociologue : « L’odyssée du Sacré » une somme de recherches dont elle nous présentera quelques thèmes, en janvier.
Marie-josé nous propose une réflexion qu’elle fait pour ses études personnelles, « La rencontre ». Elle nous présentera aussi le livre « Miséricordia » que beaucoup de nos lecteurs trouvent exceptionnel. Je suggère que le 12 décembre nous puissions réfléchir à la « rencontre », après avoir entendu Joël Mansa qui nous présentera son dernier recueil. Miséricordia pourrait venir un peu plus tard, janvier ou février. Grand merci pour ces propositions.
Merci à Evelyne d’inviter pour nous le Poète Joël Mansa que nous avons rencontré l’année dernière. Certaines lectrices ne le connaissent pas, peut-être Evelyne pourra-t-elle le présenter en parlant de ses dernières rencontres ?
Certains de nos lecteurs n’ont pas encore rencontré Ida, Jacqueline, Aurore qui vient depuis quelques semaines, Monique qui est là aujourd’hui. Merci à nos nouvelles lectrices.
Je n’oublie pas de solliciter nos créateurs de films personnels, nous allons leur trouver une salle qui puisse être noire, et un matériel technique adapté. Jean propose un film sur les Annapurna, et Gérard prépare le Boutan et le Népal pour 2024.
Ce grand moment de propositions est très riche pour nous, ce sont des travaux importants qui sont en jeu, et pas simplement une lecture de roman sympathique, comme je vais le proposer maintenant.
En effet, le dernier livre proposé à vos lectures, « La faille » de Frank Thiriez présentait un cas complexe des actions de Police, allant même à l’extrême des forces humaines. Pour équilibrer nos lectures je vous invite à lire un roman de Françoise Bourdin, au titre étincelant « Gran Paradiso ». C’est un clin d’œil à l’Italie, référant au grand-père du personnage principal, Lorenzo.
Mais revenons d’abord à cette écrivaine française très connue et appréciée. Née en 1952, Françoise Bourdin vit dans une famille d’artistes lyriques, Roger Bourdin et Géori Boué, soprane qui a été très célèbre dans les années 1940-50, elle était un modèle pour une de mes soeurs. Cette star lyrique a vécu près de sa fille jusqu’en 2017 et décède à 90ans. Dans un cadre privilègié, Françoise s’épanouit, monte à cheval, devient Jokey . Elle écrit dès l’âge de 16ans et se marie à 25ans. Pendant cette période, elle publie déjà « Les soleils mouillés en 1972 ; « De vagues herbes jaunes » en 1973 ; repérée par Josée Dayan, elle réalise un film avec Laurent Terzieff comme acteur.
Pendant plusieurs années, sa famille l’occupe entièrement, elle se consacre à l’éducation de ses filles . Vers 40 ans, elle reprend l’écriture et publie un roman, presque chaque année. Son public est large, plutôt féminin, les tirages sont importants : 200 000 à 300 000 ex. pour la plupart de ses romans.
Ce sont souvent des histoires de famille, parfois des drames : la raison mène souvent les intrigues qui ressemblent à la vie réelle. Les lecteurs ont tendance à s’identifier à ses personnages. Elle crée aussi des scénarii pour la télévision. Elle se place au 4ème rang des écrivains français en nombre de livres vendus ; ses éditeurs sont Belfond et Eyrolles.
Nous avons parlé en 2022 de « Un si bel horizon » qui se passe en Corse dans un milieu hôtelier de grand standing. En 2019, elle publie « Gran Paradiso » titre italien que nous allons analyser. Ce roman est suivi de « Si loin, si proche » avec les mêmes personnages, chez Belfond.
Françoise Bourdin choisit ses thèmes et ses personnages dans le milieu qu’elle connaît, dans les métiers qu’elle a approfondis pour donner de la densité aux situations. Une famille : les parents Xavier pharmacien, et Maude qui est maman au foyer avec quelques aides ménagères. Lorenzo, son fils aîné a perdu son père, dans un accident de voiture par excès de vitesse. Le remariage de Maude avec Xavier et l’arrivée de trois enfants isolent peu à peu Lorenzo : les sarcasmes de Xavier envers son beau-fils, certaines craintes aussi qu’il surcompense en agressant l’aîné de ses enfants sont lourdes de conséquences. L’atmosphère n’est acceptable que grâce au silence prudent de Maude. Le contexte familial s’affiche dès la première page. (Lecture).
De fait, Lorenzo devient le personnage principal que l’écrivaine suit avec attention : il est jeune et beau, il réussit le concours de Véto, il rencontre une amie elle aussi vétérinaire qui le suit, l’admire, mais le fuit aussi par volonté d’indépendance. Julia est irrésistible, sauf pour le chef de famille, Xavier qui critique tous les choix de son beau-fils. Il ne l’aide pas dans la création d’un parc zoologique destiné à sauver des animaux dont l’espèce est en voie d’extinction. Lorenzo est un chercheur, soigneur, gestionnaire qui travaille à la préservation de ces espèces dans son cadre non pas commercial, mais médical et environnemental. Il vit une vocation réelle qui le rend créatif.
Le cadre étant posé, l’intrigue est assez complexe. Lorenzo surmonte les critiques et les difficultés en dépassant constamment les problèmes qui se posent. C’est le sens du roman : sur une intrigue assez mince qui pourrait être celle de notre milieu, d’une famille amie, elle fait intervenir des personnages qui vont produire des « décalages » dans les relations, ou les projets ou les modes de vie ; ces décalages, ces handicaps, ces déstabilisations font avancer l’action ; produisent des interrogations, des prises de conscience ; engendrent des changements de ligne de vie… Une chute, une erreur peut devenir créatrice. Le décalage n’est peut-être pas une opposition, c’est plutôt une fausse note, un écart qui permet de réfléchir. Lecture p.120-122.
L’autrice présente une stratégie romanesque à travers ses divers romans : un cadre familial, un environnement professionnel qui différent dans chaque livre ; une aventure de vie affective pour les personnages. L’intrigue se noue autour des interrelations qui produisent l’action, la vie, des aléas, des recadrages, comme ce que nous vivons dans notre partition. Est-ce qu’elle nous propose des modèles divers, peut-être ? Chacun peut s’y retrouver ou se remettre en question, sans faire leçon de morale…
L’écriture est claire, efficace, elle permet l’émergence de cas de conscience, sans faire l’« anatomie » d’un échec ou d’une erreur. C’est ce réalisme qui m’intéresse, pas de surabondance de mots ou de réflexions.
Il nous reste du temps pour écouter poème ou conte… et Justement Sylvie a composé un conte philosophique, et Marcel a un texte à nous lire, original, inattendu. Nos deux auteurs nous permettent de faire profiter les lecteurs de Passerelles de leurs créations. Merci à nos talents.
Le Thé et de délicieux gâteaux nous ont fait prendre le temps de bavarder, de prévoir des actions pour bientôt, et en fait nous avons pu nous retrouver pour des sorties Musées et films.
Le prochain café littéraire aura lieu le 11 décembre 2023 à 14h jusqu’à 17h.