Un cycle recommence pour le Café Littéraire, le troisième. Dès 2019 nous avions expérimenté des réunions posant les bases de l’Association Passerelles. Ce fut donc à travers la lanterne magique du Zoom et de l’ordinateur que nous nous sommes réunis : nous pouvions voir le visage sage et concentré de Marie, celui de Nadine avec son clin d’œil, de Louis venu très vite nous soutenir, Jean-jacques, Mauricette, nos conseillés, puis Michèle venue souvent pour résoudre en particulier les difficultés informatiques et les prises de vue. Notre amie Anne-Marie Cocula était intervenue, depuis Malagar, pour une première approche du thème essentiel de la « Démocratie ». Puis les réunions du Café littéraire se sont tenues dans mon appartement pendant une année, sans abus de café, mais avec des liens plus forts et des échanges qui duraient autant qu’on le souhaitait.
Certains lecteurs sont repartis vers d’autres tâches, et beaucoup sont restés, fidèles, intéressés, prenant part à diverses responsabilités. Nous nous retrouvons souvent pour élargir les activités, ouvrir de nouveaux ateliers, suppléer aux absences d’animateurs impliqués dans des difficultés personnelles ou sociales. Chacun s’intéresse à la vie de notre association, devient un rouage indispensable pour combattre l’isolement de nos amis et voisins, informer ou transmettre l’information qui peut aider ou produire du changement et du soutien. Merci à tous d’être là et de partager avec nous, vos talents.
Sont présents : Marie, Isabelle, Sylvie, Marcel, Nadine, Jean, Marie-José, Aurore, Noëlle, Evelyne, Louis, Nicole, Marielle. Il nous manque Renée, Mauricette, Jean-jacques, Annick, très occupés, Marie Françoise, Jeannine. Marie Noëlle, Arlette nous accompagnent de temps en temps.
Nous remercions celles et ceux qui ont soutenu l’association pendant l’été, grâce à des visites d’églises romanes, et particulièrement Renée a covoituré Sylvie et Nicole vers Saintes, magnifique ville ancienne avec des souvenirs médiévaux et ses petites églises romanes dans la campagne environnante. Nous en gardons de sympathiques photos et documents. D’autres ont visité les lieux que Raymond Mirande, artiste plasticien renommé, a peuplé de Vitraux et d’Emaux que nous irons visiter, Louis, Nicole à Andernos, Arès….
Je pensais vous demander une aide : vous avez tous lu des livres cet été ou vu des films qui vous ont frappés. Voulez-vous faire une petite liste des titres que vous avez aimés ou qui vous ont interrogés et me la confier ? je vais prendre en notes pour nous essentiellement. Pour d’autres, écrivains déjà ou poètes, vous accepteriez de raconter une ou plusieurs œuvres que vous avez pensées et écrites.
Pour tous l’idée est la suivante : Vous avez créé votre « répertoire d’œuvres » à partager avec nos amis au sein du Café Littéraire, ce n’est qu’un début car d’autres livres ou œuvres vous attireront. Vous pourrez prendre le temps de peaufiner le résumé ou la problématique du livre que vous proposerez à notre groupe. Cela va constituer notre richesse, et votre envie de partager. Il ne suffit pas de lire pour faire passer le temps ou pour trouver une nouvelle énergie ; dans notre groupe, l’échange nourrit, aide, fait espérer des renouveaux ou des partages plus profonds. Merci de votre aide pour ce projet que nous réalisons sur le champ, en effet nous récoltons une quinzaine d’œuvres dont nous parlerons.
En lisant ces jours-ci, de EE. Schmitt : « Le défi de Jérusalem, 2023» qu’il a écrit surement dans l’urgence, (à peu près en même temps que le tome 3 du livre sur l’Egypte que nous avions abordé en Mai dernier.) Nicole a trouvé une pépite qu’elle veut partager avec vous. EE. Schmitt analyse son processus d’écriture p. 13,14, 17: (*lecture sur son parcours. *Une autre sur l’usage de son cerveau, hémisphère gauche critique, hémisphère droit créatif…Il fait de l’auto-analyse, et nous donne ses conseils.) Cela peut vous aider à écrire, et à conforter vos méthodes.
Qui veut bien commencer ce Café en toute simplicité, et nous en parlerons ensuite pour le ou la remercier.
Sylvie intervient en proposant un texte écrit par son amie, Véronique, au cours d’une réunion littéraire d’amies en vacances : Lecture du texte suivant « <Tant de femmes seules… en annexe>
Puis Isabelle nous informe qu’elle a vu un film important : « L’anatomie d’une chute », Utopia ou cinéma de Blanquefort, dans la quinzaine qui vient nous pourrions tous voir ce film et dans une réunion du café nous en débattrons, comme nous l’avons fait pour « The quiet girl » film irlandais. Tous sont d’accord.
Nicole ajoute que Mauricette prépare pour nous, une intervention sur l’écrivain Italo Calvino, auteur du « Baron Perché » pour préparer une matinée à la bibliothèque de Bordeaux sur ce même écrivain avec de spécialistes de la littérature italienne. C’est l’anniversaire de sa mort le 19/09/1985, à Sienne.
Evelyne prévient que Joël Mansa peut nous faire découvrir son nouvel opus : « La terrasse des égarés » qui sort le 3 novembre, l’acteur Alan Spies, l’accompagne.
Puis elle reprend la parole pour présenter deux livres sur le même sujet : « La salle de bal » de Hannah Hope, et « Le bal des folles » de Victoria Mas, 2021 un film a été produit sur ce thème.
Hannah Hope a reçu pour son livre le Grand Prix des Lectrices en 2017, chez Gallimard, 425 pages.
< En 1911, en Angleterre dans l’asile d’aliénés de Sharston, une nouvelle pensionnaire arrive : Ella. Elle a brisé les vitres dans la filature où elle travaillait depuis l’enfance. Dans cet asile, les hommes cultivent la terre, et les femmes accomplissent les tâches de l’intérieur. Mais chaque vendredi, ils sont réunis dans une somptueuse salle de bal. Tandis que des amourettes s’ébauchent au cours de la danse, le docteur Fuller observe ses patients. Il a de grands projets pour les guérir. Il réfléchit à l’eugénisme et élabore un projet de loi sur le contrôle des faibles d’esprit. Pour Ella et John, ces projets seront-ils positifs ?
Evelyne a aimé le style et la subtilité de l’écrivaine, l’intrigue est peu connue, mais les conséquences ont été souvent douloureuses. Ce roman est une amorce pour passer à un texte plus dur et étayé sur un travail universitaire de 1961, c’est le livre de Victoria Mas : « Le bal des folles » prix Renaudot et prix Fémina des lycéens. 2019, 256 pages Albin Michel.
La Salpétrière, hôpital historique, a connu le 18 mars 1885 une soirée étonnante. Cette institution date de 1656, elle recueille les indigents, puis les prisonniers dans une prison annexe. A la Révolution elle abrite 100 000 personnes ! Au 19ème Siècle à côté d’une unité hospitalière, se construit le premier hôpital psychiatrique. De 1882 à 1892 le professeur Charcot construit les bases de la psychiatrie. Le roman de Victoria Mas reprend des faits cités dans le livre de Michel Foucault : « Histoire de la folie à l’âge classique. » Le professeur Charcot fait des cours hebdomadaires avec public, il fait assister le public aux séances d’hypnoses de femmes hystériques dîtes comme telles, et, au bal donné chaque année, le jour de la mi-Carême où bourgeois et aristocrates fortunés se mêlaient aux internés. Le regard de Victoria Mas, jeune femme d’aujourd’hui, se pose sur les conditions féminines de cette époque, elle est offusquée, révoltée à juste raison. C’est un livre puissant et terrible sur les femmes victimes d’une société masculine qui leur interdit toute déviance et les emprisonne. Ces décisions sont prises sans négociations, au sein même des familles ou dans des lieux de pouvoir. Camille Claudel en est un exemple douloureux.
Nous sommes tous assez remués par cette intervention riche sur un thème douloureux, la folie et ses déviations sociales, mais on se rend compte que les connaissances expérimentales sur la « Psyché » ou sur le corps humain et ses maladies, ont fait beaucoup de victimes avant de receler des vrais savoirs à pratiquer pour le bien mental et physiologique des individus. Cf les expériences sur l’asepsie dans les pratiques de l’accouchement.
Marie José prend le relais avec la déportation des femmes, dans la « Colonie pénitentiaire de Belle-île en mer, » de 1880 à 1927 ; puis, elle devient une maison d’éducation surveillée pour enfants jusqu’à sa fermeture en 1947, puis une institution publique d’éducation surveillée jusqu’en 1977… Cet établissement fut rendu célèbre par l’évasion de 56 enfants en 1934. Ils y vivaient dans le cadre de cette colonie pénitentiaire agricole et maritime avec l’objectif de travailler chez les artisans de l’endroit. D’autres lieux d’enfermement ont existé en province et à Paris, orphelinats, maisons d’éducation.
Marcel et Isabelle la rejoignent avec deux livres de Sorj Chalandon qui décrivent la violence de l’adolescent bafoué par le père. « L’enragé » et « Enfant de salaud » Nous sommes sur les mêmes thèmes. Marcel lit plusieurs passages nous montrant comment des attitudes paternelles bizarres, jalousie envers l’enfant, mais aussi sadisme sous-jacent, (l’image du Minotaure qui veut posséder ses proies,) peuvent entraîner des comportements-réponses de terreurs, ou de révoltes, de violences plus ou moins maîtrisées chez le jeune.
Nos amis ont peine à entendre les interventions répétées de Marie-José qui reconnait la valeur de ces témoignages pour faire avancer la connaissance, la résilience et peut-être de l’espoir comme dans le film « The Quiet Girl ». Son effort pour surmonter les émotions diverses de notre assemblée est peu à peu entendu.
C’est un peu comme si nous étions assommés par la violence de ces révélations douloureuses qui nous empêchent de respirer. Aussi Sylvie nous propose – t-elle de lire un texte poétique qu’elle a écrit en réponse à son amie Véronique. Elle nous calme pendant que je propose un peu de thé. Nous en avons besoin, pour retrouver notre capacité d’écoute. Ci-joint le texte de Sylvie en annexe.
Un quart d’heure plus tard, je reprends avec un thème proche des précédents, mais inséré dans une fiction liée aux « romans gothiques ». C’est un genre qui a pour cadre des châteaux anglais, ou les grandes demeures bourgeoises du 18ème et 19ème Siècle. Souvent s’y retrouvent une jeune fille naïve mais charmante, parfois des enfants qu’on voudrait protéger, un personnage meneur de jeu plus ou moins dangereux, une atmosphère anxiogène…J’ai choisi de vous présenter un roman de cette veine:
« Un jardin de mensonges. » « House of glass » de Suzan Fletcher, 448 pages, paru en 2018 en anglais. Suzan Fletcher est née en 1979, elle s’est fait connaître par plusieurs livres à succès, « Le bûcher sous la neige » qui se passe en Ecosse au 17ème siècle. « La fille de l’Irlandais » paru en 2004. Elle aime les romans historiques, les histoires romanesques dans la veine de Daphné du Maurier, « Rebecca » ; ou même « Les hauts du Hurlevent » de E .Brontë. Mais ce dernier écrivain a une plus grande puissance dramatique et fut à l’origine de ces atmosphères gothiques, ou « romantisme noir. » (« Lovecraft ou du fantastique », de Maurice Lévy). Je prends le temps de lire le début du roman pour situer le personnage principal, Clara Waterfield.
< Clara est une jeune fille malheureuse, son corps est fragile et elle grandit dans un milieu bourgeois feutré, pour éviter les accidents liés à la Maladie des os de verre. Elle est infirme, il faut bien le reconnaître, mais c’est une épreuve de mettre ce mot sur son corps. Elle grandit cependant entre sa mère si attentive et un beau-père aimant. La guerre de 1914 se profile sur l’Europe, et un cancer soudain, prive Clara de sa mère bien- aimée.
Réaction de colère et de désespoir, elle fait disparaître tout ce que sa mère aimait, livres, musique, sans se soucier de son beau-père Patrick, qui ne réagit pas. Elle sort enfin de la chrysalide et découvre dans sa ville une serre magnifique, sorte de temple des arbres, des fleurs exotiques, comme dans les récits de sa mère, mais dans sa propre vie, réelle cette fois.
Elle rencontre le jardinier, Forbes, qui la reconnait par sa ressemblance avec sa mère ; elle venait, elle aussi, visiter les arbres exotiques. Ils lui rappelaient son enfance en Inde, avant qu’elle n’ait dû partir, bannie de la société anglaise pour conduite choquante, elle n’était pas mariée avec le père de son enfant. Clara Waterfield, seulette et handicapée trouve dans ce jardinier un ami providentiel, Il lui tend une lettre qui propose une tâche importante et raffinée, construire un « paradis privé » dans une belle demeure de la région de Gloucester. Forbes ne peut se déplacer et il insiste pour qu’elle prenne ce travail bien rémunéré. Son beau-père consent à ce départ, bien que sa tristesse soit visible.
Clara Waterfield prend le train vers Shadowbrook, une grande maison de pierres pâles de la région de Gloucester. Elle est accueillie par une gouvernante aux cheveux gris coiffés d’une longue tresse, toujours en mouvement, que Clara a du mal à suivre. Cette femme parle beaucoup, essaie de se mettre à sa disposition. Elle lui fait visiter sa chambre, les lieux qu’elle pourra parcourir, mais ne fait pas davantage. Comment Clara va-t-elle s’adapter ? « Je vous demande pardon, mademoiselle Waterfield, ajoute la gouvernante, une dernière recommandation, si vous voulez bien. Je vous ai parlé du vent, n’est-ce pas ? Surtout ne vous inquiétez pas. Quelquefois la nuit, la maison craque ; C’est une vieille bâtisse. Mr. Fox ne l’a achetée que l’année dernière. Elle est en très mauvais état, son entretien a été affreusement négligé…Le lendemain, Clara rencontre deux jeunes filles de service, et le sujet des « bruits » reprend, au grand souci de la gouvernante. Que cachent ces insinuations ? Le bon sens de Clara aime les réponses claires.
C’est à vous de découvrir si Clara va réussir son projet malgré tous les aléas.
Mon avis, c’est un sympathique roman, bien écrit, un personnage principal intéressant : Clara est curieuse de tout, elle raisonne, cherche des arguments, veut comprendre ce qui se passe…Elle veut devenir plus autonome au début de sa vie d’adulte indépendante, mais ensuite ?
Notre public s’est calmé… les échanges vont reprendre mais la réunion intense par ses sujets à débattre a peut-être un peu fatigué les lecteurs, ils sont intéressés. Merci d’avoir la gentillesse de m’aider à faire les rangements habituels.
Merci à tous pour votre engagement en littérature, dans les « lundis de Passerelles. »