Café littéraire du 13/11/2023 📜📚

Nous serons moins nombreux pour ce café littéraire : vaccinations diverses, nostalgie due à la pluie intense et surement d’autres activités nécessaires. Pourtant Louis est présent, Marie, Isabelle, Marielle, Annick, Jacqueline, Ida, et Nicole bien sûr. Nous pensons à tous ceux qui ont envoyé un petit mot : Renée, Evelyne, Jean, Marie-José, Marcel, Aurore, Sylvie, Nadine, Monique. Merci de nous avoir informés.

Marie souhaite dire un mot de la « Marche du 12 novembre contre « l’antisémitisme » qui fut très suivie par nos groupes d’amis, navrés des exactions, des combats, des victimes nombreuses dans les états d’Israël et de Palestine, bande de Gaza et alentours.
Elle a choisi un livre qui aborde ces expériences douloureuses : « La carte postale » de Anne Berest, paru en 2021, Prix des Lycéens, et en 2022, Grand Prix des lectrices de Elle. Dans une introduction riche de ses idées et émotions, elle explique que les événements actuels l’angoissent, mais le livre au contraire est une histoire assez explicative des événements et plutôt sereine…

Trois parties composent le roman : 1* Un début charmant, 2* Les camps de concentration et ses Grands Parents, 3* La recherche de la carte postale. Ne voulant pas déflorer l’intrigue de ce livre attachant, elle nous lit quelques pages d’une post-face de l’auteur Anne Berest qui définit ainsi sa condition de Juive, victime des pogroms et de l’extermination dans les camps, la solution finale : « Etre juive, c’est être un survivant dont la famille est morte dans les camps » Elle ressent la peur tout le temps : « La mort me semble toujours imminente. Pourtant ma soif de connaissances est constante. » <Anne et sa mère, Lélia Picabia, ont reçu une carte postale étrange, non signée mais portant quatre prénoms qui pourraient être ceux de ses grands-Patents morts à Auschwitz en 1942. Sur le moment elle n’y prête que peu d’attention, mais plus tard elle y repense et là, commence une enquête et même une quête surprenante.  Cette famille était partie de Russie vers 1929, pour Paris, en passant par la Lettonie, la Palestine. En France, ils sont fichés comme juifs étrangers. Cette recherche, ce travail de mémoire, est édifiant pour de jeunes lecteurs qui ont ce thème dans leur programme d’histoire. Marie conclut en reprenant l’idée que nous portons dans notre corps le vécu du passé.>

Marielle réagit très vite en disant que « Beaucoup de personnes traînent des angoisses sans savoir d’où cela peut venir. Certains chercheurs expliquent que cela correspond à la mémoire du corps, des cellules qui se transmettent à travers des générations, comme les particules envoyées depuis le soleil à travers la nature. C’est en parlant, en expliquant les douleurs, les ressentis de ces personnes qu’elles parviennent à comprendre ce qui s’est passé. Ce qu’elles ressentent sont des traces du temps passé.

Ida renforce encore ces arguments par sa propre expérience. « Je suis pourtant très pragmatique, dit-elle, ma mère a fait une fausse couche autrefois et je porte quelque chose de cela en moi. » La « psychogénétique » pourrait expliquer ces peurs et ces angoisses. L’histoire paraît quelquefois une rumination incessante de faits qui influencent les individus et les peuples ; par ailleurs, certains médecins disent que les traumatismes affectent les hormones, les défenses immunitaires et même l’ADN.

Je me rends compte, à ce moment, que les lectrices ne connaissent pas Ida et très peu Jacqueline qui vient depuis deux ou trois séances. Il serait nécessaire  de faire un tour de présentation.

Marielle accepte de commencer, et elle poursuit un peu les échanges précédents. Elle cite un cas « Mon frère aîné est mort au bout de cinq jours, comment peut-on s’adapter à cette perte, et venant en deuxième place, comment supporter les comparaisons et quelquefois porter le même prénom choisi pour l’aîné ? Les parents ne comprennent pas que trouver sa place est difficile, dans la famille. Puis elle ajoute qu’elle ressent un nouvel intérêt pour la connaissance et les lectures qui la font évoluer, pour les discussions qui ouvrent des partages de ressentis divers. Les exposés sur le Cosmos la passionnent. Elle remercie le groupe et l’association.

Annick s‘occupe du Comité des sorties proposées par Passerelles à ses 75 adhérents. Cela crée une activité agréable qui lui permet de se distraire un peu. Elle apprécie les échanges dans le groupe.

Isabelle se présente bien qu’elle soit présente depuis un an, elle apprécie une certaine liberté de parole et de choix des lectures dans le groupe. Et elle nous dit sa fabuleuse capacité de lecture. Elle a retrouvé depuis que ses enfants sont à Paris en Préparation de concours, une liberté qu’elle vit profondément. Elle a aimé que l’on voit le film « Anatomie d’une chute » et les discussions qui ont permis d’approfondir le sujet.

Marie apprécie les échanges, même si elle participe discrètement. Elle est passionnée de musique et participe à des chorales, l’une interprète des Chants du monde, l’autre de la musique sacrée. Son Maître de chant est Pierre Goumarre. Ida intervient pour dire sa participation à Pizzicatti, une chorale importante pour le Bouscat.  Je rappelle que Marie a su enrichir un livre présenté par Nicole, l’année précédente « Le gardien des sables » de Madeleine Mansiet ; Le récit était passionnant par le retour au passé en Aquitaine au 17ème S, au cœur d’un groupe social « les cagots », frappés d’exclusion et de persécutions. Elle a présenté le Musée des cagots qui se trouvent dans les Hautes Pyrénées.

Ida reprend la parole pour se présenter, elle est Allemande et s’est mariée à un Français, est venue vivre en France, dans la maison des Landes où elle vit actuellement depuis son veuvage et sa mise à la retraite. Elle était Assistante de Ressources Humaines et Infirmière dans une Ecole Internationale. Elle lit encore peu mais se plaira à écouter et échanger dans le groupe.

Louis est connu de tous, il rappelle qu’il est un ami fidèle dans Passerelles qu’il soutient depuis 3 ans, comme Marie et Nicole. Il est ingénieur Physique- Chimie et prend plaisir à partager ses expériences de construction de fusées à Ariane Espace. Il lit beaucoup de toutes sortes, littérature, romans policiers, recherches pour la Santé ; il est passionné de Musique et de sa famille qui l’entoure.

Jacqueline nous parle doucement de sa solitude actuelle, puisque son mari vient d’entrer en Ehpad à Bordeaux. Elle va le voir tous les deux jours, et prend plaisir à écouter les échanges dans les ateliers du lundi auprès de nous.

Nicole se présente aussi : elle a une vie un peu compliquée, dans son enfance ; l’Alsace en 1939, il faut en partir à la déclaration de la guerre, car il faut parler allemand pour pouvoir y rester, or elle est trop jeune et sa maman ne parle pas cette langue. En revanche, son père a été prisonnier en Poméranie de 1917 à 1919 et ses frère et sœurs le parlent au Lycée. Elle vit la débacle, les années de graves difficultés de la guerre, l’Auvergne accueillante en 1943, le décès de son Père à 10ans à Limoges où comme ingénieur, il a été professeur de Technologie à L’ENP pendant 2ans. La scolarité à Saint-Yrieix la Perche, jusqu’au Bac Lettres philo, puis le grand saut en classe préparatoire pour entrer à L’ENSET, toujours l’enseignement technique. Mon mari en 1960 commence une carrière au CEA, en Physique nucléaire qui durera jusqu’en 1982, décès à 47 ans. Trois enfants à conduire jusqu’à la fin de leurs études à Massy dans la région Parisienne. Je choisis de me former en Psychologie du Comportement, en Analyse Transactionnelle, en Dynamique de groupes, en Linguistique. C’est passionnant. Je conduis des séminaires de Communication Interpersonnelle dans les années 1990, pour les professeurs en Formation, pour des Inspecteurs à l’Enset, puis dans des cadres privés en été. Enfin, je reviens sur Bordeaux en 2001 pour retrouver un ami bordelais qui me quittera en 2018.

Pour moi aussi Passerelles est lieu de vie, de plaisir à échanger autour d’un livre, de partages enrichissants.

Après un thé de réconfort, avec les merveilleux biscuits de Jacqueline en particulier, nous reprenons nos lectures. Je présente un livre passionnant :« La faille » et un écrivain plein de créativité.

  Frank Thilliez est un savoyard, de 50 ans, né à Annecy ; il fait des études à l’Institut Supérieur d’électronique et du numérique. Il entre dans une entreprise à Dunkerque pour quelques années, mais il écrit en même temps des polars et très vite, il se fait connaître en 2002 avec « La conscience animale », puis en 2003 « Train d’enfer pour un ange rouge. » Ses thèmes sont divers, la psychologie, le cinéma), beaucoup d’humour discret, et les neurosciences, suite naturelle de ses études. Comme dans le registre policier, la mort est « son métier », il rejoint d’autres écrivains comme Jean Christophe Grangé « Le passager »2011 ; Stéphan King, Joël Schumacher. Le cinéma le tente, il crée le personnage de Alex Hugo « La mort et la belle vie », une série très appréciée. Il construit ses intrigues une peu comme des puzzles. « Le passage » en 2007 devient un film, et son succès est important. Deux récompenses : Prix SNCF en 2004 et prix des lecteurs du Quai du Polar en 2006.

Tous les ans un roman paraît. Il y mêle neurosciences, psychiatrie, il a de l’humour et se lance dans le cinéma, produit des dialogues. Ses succès : « La chambre des morts »2005 ; « Train d’enfer pour un ange »2003 ; « Le passage »2007 qui devient un film ; c’est à ce moment qu’il crée le couple fétiche Frank Sharko et Lucie Hunebelle. « Fracture » en 2009 mêle la psychiatrie, le cinéma et les neurosciences. En 2010 une période très intense pour lui, la violence apparait dans ses livres « le syndrome E » ; « Atomika » 2012 ; « Pandémia »2015 cela convient au Fleuve noir. Sa passion d’écrire l’amène à participer à une association « Les artisans de la fiction.com » raconter une histoire, sous forme de vidéo, il montre comment construire de Thrillers.

 En 2022 il publie « Labyrinthes » chez Fleuve noir. Ses œuvres deviennent plus complexes et plus noires, parfois le désespoir n’est pas loin.

Notre roman, « la Faille », date de mai 2023, il est passionnant, d’une part il colle à notre vie actuelle, aux problèmes quotidiens, d’autre part il parle avec émotion de la vie, avec un langage et des attitudes fortes, viriles. Enfin, il aborde la « fin de vie » avec curiosité et ouverture : « La frontière entre la vie et la mort est peut-être plus trouble qu’il n’y paraît… » Et ce « trouble » peut dire beaucoup de choses, surtout pour un enquêteur entraîné dans une recherche incertaine et risquée pour lui-même, pour son groupe et sa compagne. D’ailleurs le titre lui-même est une énigme, est-ce une image pour décrire le moment où la vie s’éteint dans le cerveau ? ou bien, le moment où un individu perd la raison dans une situation extrême, il se lance dans une aventure inconnue qui le mènera à l’issue fatale ? ou au contraire, il trouve la force de sortir de l’embarras fatal et se libère ?

Juste quelques indications sur l’intrigue :

  • Un premier plan s’ouvre sur une affaire policière assez classique, risquée certes, d’ailleurs une policière est gravement blessée, mais le fœtus qu’elle porte est viable.
  • La victime dans cette affaire est inconnue, toutefois à l’autopsie on découvre qu’elle a subi une greffe de la hanche, l’os greffé peut permettre de retrouver le donneur de la prothèse. C’est le lien pour Sharko.
  • C’est ce donneur qui est essentiel, Sharko se lance dans des recherches étonnantes dans lesquelles l’audace, la psychologie, l’informatique et les neurosciences sont déterminantes.

Je m’arrête mais je le regrette : j’aurais aimé vous dire qu’à certains moments on peut se demander si on vit le livre, ou si l’on écoute un reportage télévisé de notre actualité… On comprend aussi pourquoi on ne connaît jamais la vérité sur l’issue d’un scandale social ou scientifique.

Son écriture est vive, précise et énergique. Elle sert bien l’intrigue. (22€) c’est un grand livre.

Nous nous retrouverons au Café littéraire le 27 novembre à 14h à l’Ermitage. Merci à toutes et tous pour votre participation et vos lectures passionnées.

*Nos amis lecteurs et lectrices nous ont rappelé un concert de :« Pizzicati », le Requiem de Mozart à la base sous-marine le dimanche 19 novembre 17h15, 284 bd Alfred Daney. Je pense y aller.

*LE CONCERT à l’Ermitage, le mercredi 22 novembre, par l’Académie Bach « Ode à Sainte Cécile » de Henry Purcell.  A 20 heures Réservations sur internet ou sur place, spectacle à 20h30.