Cela fait trois semaines que nous nous rencontrés, des fêtes de famille ou des souvenirs nous ont occupés. Merci de nous rejoindre à l’Ermitage.
Louis est venu m’aider pour transporter café, thé, petits gâteaux, livres…vers l’Ermitage. Sylvie, puis Marcel, Jean, Noëlle, Marielle, Michel, Evelyne, Marie Françoise.
Marie José a été retenue dans ses activités, ainsi qu’Annick. Christine et Marie Odile son accompagnatrice, nous manquent ainsi que Patricia, Vanessa, Jean-Jacques, Mauricette, Suzel, Nadine. Marie s’est excusée. Evelyne et Gérard sont revenus d’un long voyage en Patagonie. Ils nous en parleront dans un prochain café littéraire.
Aujourd’hui, Nicole assure l’animation du Café littéraire, plusieurs lectrices ou lecteurs vont prendre la parole. Elle souhaiterait la mise en place, au sein du café littéraire, d’un comité qui pourrait conduire une réflexion sur l’évolution du café, renouveler le concept, ouvrir l’animation etc…Sylvie propose de rejoindre Evelyne et Louis dans ce comité : elle est la bienvenue, compte tenu de ses compétences littéraires.
Par exemple je pense vous parler de notre prix Nobel Annie Ernaux, écrivaine très impliquée dans la littérature de notre époque, ce serait bien si plusieurs d’entre vous pouvaient présenter un de ses livres pour faire une plus grande synthèse de son œuvre. Je souhaiterais aussi que l’on puisse présenter le prix Goncourt tout récent « Vivre vite » de Brigitte Giraud, ainsi que son concurrent Giuliano Di Empoli pour le « Mage du Kremlin ». Enfin, rappelons que la lecture à haute voix ou à voix basse est essentielle pour mémoriser des textes ou des citations. J’aimerais que vous puisiez dans vos livres présentés ici, quelques lectures d’une page, pour que nous puissions apprécier le style de l’écrivain. Dans quelques comptes-rendus, nous rappellerons des conseils de ponctuation nécessaires à la lecture à haute voix. Est-ce que cela peut vous convenir ?
Nous sommes heureux d’écouter Sylvie qui va nous faire partager ses connaissances sur une aventure autour du bref roman de VERCORS, « le silence de la mer » écrit en 1941 et publié clandestinement en 1942. Le sujet concerne les ambiguïtés des rapports humains qui s’établissent entre les occupants (un homme et sa fille pianiste) d’une maison située à Saintes : les allemands ont réquisitionné cette maison et l’un d’eux doit s’installer dans l’intimité d’une famille, Werner Von Braun. Cette situation est réelle pour les Bruller dés 1941, famille d’origine alsacienne. Vercors est le pseudo de cet écrivain et illustrateur français Jean Bruller. Il raconte donc une aventure personnelle vécue avec sa fille et affirmant que dans les épreuves, on peut préserver l’humanité. L’officier allemand qui vit dans cette maison est un être très cultivé qui n’a rien à voir avec la Gestapo. Il tombe visiblement amoureux de la pianiste, mais sera brisé quand il partira, voyant ses rêves de rapprochement entre la France et l’Allemagne impossibles.
De Gaulle, qui le reçoit en Angleterre, permet la publication à Londres du livre de Vercors. Il obtient tout de suite un immense succès.
Cette nouvelle (90 pages) sera adaptée par Melville au cinéma, au prix de mille difficultés techniques compte tenu du contexte, 1941-1945 est une période de guerre, pas de pellicule, pas de matériel. Des efforts inouïs permettront à Melville et à Vercors de le réaliser en 1947, et le film sort en 1949, par la Gaumont ; il deviendra vite un objet culte. Melville dit : « Ne sachant pas que c’était impossible, je l’ai fait ». Sylvie souligne que l’armée Allemande et la Gestapo étaient deux choses très différentes.
Pour Marcel, il s’agissait de résister à un peuple certes très civilisé mais mené par un groupe d’assassins nazis. Est évoqué dans le même ordre d’idée, le film de Polanski « Le pianiste », dans lequel le pianiste est sauvé par un allemand qui reconnait son génie musical. Des échanges s’engagent sur les sentiments des personnages.
Marcel nous parle ensuite d’un écrivain autrichien, Thomas BERNHARD, et de son livre « La Platrière ». 1970 Ecrivain marginal, (comme les aime Marcel,) il a reçu de nombreux prix littéraires internationaux, hors Autriche, qu’il n’aime pas car il estime qu’elle n’a jamais été « dénazifiée ». Né le 10 février 1931 à Heerlen aux Pays-Bas, Thomas Bernhard est fils d’un cultivateur autrichien. Il fait ses études secondaires à Salzbourg et suit des cours de violon et de chant, puis de musicologie. Son premier recueil de poèmes paraît en 1957, suivi deux ans plus tard d’un livret de ballet. Il écrit des pièces dont plusieurs sont jouées dans de nombreux pays et en France à partir de 1960. Thomas Bernhard a obtenu en 1970 le prix Georg Büchner, la plus importante récompense littéraire d’Allemagne occidentale. Il est mort le 12 février 1989 à Gmunden (Autriche).
L’histoire, qui ne sera pas racontée, concerne « le huis clos » infernal entre un homme et sa femme : « Cinq ans avant le moment où commence ce récit, Konrad, homme mûr qui prépare depuis vingt ans une étude sur l’ouïe à laquelle il ne cesse de penser, mais dont il n’a pas encore écrit la première ligne, s’est installé avec sa femme infirme dans une usine à chaux abandonnée, qu’il a peu à peu transformée en une véritable prison, munie de grilles, entourée de haies impénétrables, où il vit en reclus auprès de la paralytique, dans une relation réciproque de maître et d’esclave, sorte de long suicide à deux, où l’on ne sait plus qui torture l’autre. Cette atmosphère nous est communiquée peu à peu par un narrateur dont nous ignorerons tout et qui se borne à rapporter les dires, impressions ou hypothèses de deux personnages, Wieser et Fro, qui font office de témoins. Œuvre fascinante, qui finit par enfermer le lecteur avec ses deux prisonniers volontaires dans le monde clos d’une inquiétude sans nom. (Le Monde.) Marcel nous présente cet écrivain engagé dans le parti autrichien Social-Démocrate, pendant la guerre de1940 : l’ironie mordante de son discours, ses attaques violentes contre l’influence nazie en Europe centrale et en Autriche en particulier ; puis le retour au catholicisme, puis le bolchevisme jusqu’en 1956 et plus tard.
Plusieurs œuvres sont importantes, honorées par divers prix littéraires, en particulier : « Le neveu de Wittgenstein » ; Il est un peu le frère du « Neveu de Rameau » de Diderot, musicien, philosophe, selon l’heure, et bien sûr critique. Le texte de 1982 nous confie des événements de la vie de Thomas Bernhard, choses banales et profondes sur la vie à Vienne, les cafés, les théâtres…la vie, la mort. Sorte de soliloque à la façon de Proust.
Cela peut nous rappeler la présentation récente de l’écrivain hongrois Sandor Maraî « Les confessions d’un bourgeois ». La Platrière : roman appartenant au courant de l’Absurde, largement représenté en France (Camus, Sartre, Ionesco) et au Portugal (l’Aveuglement de José Sarramago 1995). « La place des Héros »1988 a produit le plus grand scandale théâtral de la 2ème république autrichienne, les hommes politiques demandant l’interdiction de l’l’œuvre sans la connaître.
Merci, Marcel, de nous faire profiter de ta bibliothèque et de son un choix de livres très personnels
Marcel nous dit ensuite quelques mots de son dernier livre « Nuits Sauvages », qu’il va rééditer et qui sera disponible à la librairie du centre du Bouscat « La petite Mezzanine ». Il s’agit d’un roman policier, nouveau genre, auquel s’est exercé Marcel, de manière brillante selon l’avis de Nicole, avec plein d’humour et très bien écrit.
Nicole a prévu de présenter un livre « CRO Magnon, aux origines de notre Humanité » 2010 de Marcel Otte, (édition Poche tempus n°315) Une amie s’attristait devant la difficulté de lire une livre de synthèse entre la vulgarisation et étude spécialisée sur un thème peu familier…
Comment s’introduire dans un livre au thème nouveau ou difficile ou
* Décoder un livre, une lecture nouvelle, un texte un peu difficile.
Après la visite d’un site préhistorique, le livre devient un outil d’approfondissement. Mais souvent d’une lecture difficile, ces volumes sont des synthèses de travaux de recherches sur les périodes géologiques, avec des langages spécialisés.
Des outils d’initiation peuvent se trouver dans Wikipédia, l’histoire de la Terre, et les diverses périodes ou éres, primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire. La dernière nous concerne, pour une infime partie puisque les groupes humains seraient apparus, au gré de l’évolution des espèces dans les dernières 2.6 millions d’années. Ils ont vécu des périodes glaciaires (environ 17), puis de réchauffement qui ont influencé les montagnes et leurs environnements. Les calottes glaciaires ont pu façonner toute l’Europe du nord et même la moitié de la France en comptant les massifs montagneux érigés en fin de l’ère tertiaire, alpin et pyrénéen. Tout un vocabulaire s’est créé relativement récemment, géographique, préhistorique, paléontologique. Les travaux de l’abbé Breuil, le Pape de la Préhistoire 1877- 1961, ont longtemps été présentés au château de Saint Germain, près de Paris. Il fut soutenu par les recherches philosophiques de Pierre Theilhard de Chardin.
Souvent les livres qui s’y rapportent, possèdent des annexes ou notes importantes, et surtout des lexiques, des cartes de l’évolution géologique, des cartes présentant les sites de fouilles et de recherches préhistoriques. Les datations sont une science à elle seule, devenue fondamentale depuis les découvertes liées au carbone 14, puis aux tests ADN.
Pour entrer dans ce petit livre concernant Cro-Magnon, qui présente une synthèse de nos savoirs avec une approche plutôt historique de sa découverte en France et en Europe, le chercheur exprime son interprétation du rôle de ce type évolué d’humain sur les divers sites reconnus. Nous avons tous entendu parler ou vu des films de vulgarisation sur la transition entre Homo Habilis (en Afrique, il y a 2 millions d’années) puis Homo Erectus ou Néandertal (200 000 ans) et Homo Sapiens, (150 000 ans) ou lu la synthèse intéressante de Yuval Noah Harari(né en 1976) « Sapiens 2016 ».
Le livre commence par une préface remarquable par sa modernité. A lire absolument : « Lorsque vous rencontrerez Cro-Magnon, soyez sûrs d’une chose : vous ne le reconnaîtrez pas, car c’est vous, c’est moi ! »
Marcel Otte est belge, il a 70 ans environ, il est professeur d’université à Liège, il écrit beaucoup pour vulgariser et tenir au courant les amateurs de Préhistoire et ses étudiants. Il a enregistré beaucoup de conférences sur YouTube. En 2021 « la vie spirituelle au paléolithique ». Il est passionné par les échanges culturels à l’intérieur du continent européen, eurasiatique, durant la préhistoire ancienne, et au Moyen Orient ; ainsi que par les mouvements entre des pays proches par rapprochements linguistiques ou par échanges d’objets et de personnes.
Quelques conseils de lecture pour mémoriser les idées développées et qui paraissent complexes. Un crayon vous permet de souligner légèrement les mots à approfondir. Poser un point noir dans la marge au début de chaque nouvelle idée. Enfin repérer les changements d’idée ou les oppositions, les synthèses pour comprendre la structure de l’argumentation.
Souvent, la conclusion permet de retrouver le sens du travail effectué par le chercheur. Enfin dans le livre, en annexe, Marcel Otte propose des aides à la fin du livre. Les sites où il est intervenu, par pays, avec un résumé ; une large bibliographie qui témoigne de la pluralité des recherches et de leur actualité. Les savoirs évoluent constamment dans ce domaine. Marcel Otte termine en montrant que le Cro-Magnon d’autrefois, créateur de multiples techniques et d’une spiritualité créatrice de beaucoup de nos valeurs, s’est laissé entraîner dans la production de l’abondance, et ce faisant, il a oublié puis pillé la nature qui, disparaissant, prend sa revanche maintenant.
Les objectifs à poursuivre également. A une époque récente, en Gaspésie, le musée régional de Miguasha proposait la découverte de restes d’un squelette de poisson possédant des embryons de pattes, et démontrait qu’il s’agissait d’un chaînon manquant jusque-là ; cela prouvait que des êtres aquatiques sont devenus aériens et reptiliens il y a 380 millions d’années.
De plus en plus, les évènements climatiques très anciens sont devenus des exemples de ce que la nature peut produire comme environnements positifs pour l’homme, à lui de trouver des modes de survie ou de résilience pour continuer à exister. Les anciens en ont trouvé….
Souvenez -vous que Eric-Emmanuel Schmitt a déjà écrit : « Paradis perdus » et « La porte du ciel » deux livres de son projet « La traversée des temps ». Il recrée certains épisodes décrits dans la Bible, de façon plutôt rationnelle et historique et non religieuse, pour montrer comment les hommes anciens sont proches de nos difficultés et ont essayé de les surmonter avec une grande sagesse. Sinon serions-nous encore là ? Une entreprise fascinante et complexe.
Pour faciliter l’approche préhistorique de l’évolution humaine, ses techniques, ses modes de vie, d’une façon romancée, mais proche de recherches universitaires, vous aimerez lire « Les enfants de la terre » de Jean Auel, une américaine passionnée par ces recherches. Elle a consacré une trentaine d’années à l’écriture des aventures de Ayla (8 volumes quand même !). D’abord à la sortie d’Ethiopie, sa solitude après un séisme qui fait disparaître son groupe familial, ses luttes pour survivre, sa rencontre avec un groupe d’humains qu’elle trouve différents de sa famille disparue, ils sont néanderthaliens, de langue différente, de rites anciens, de comportements plus brutaux…. Plus tard, elle a suivi un autre groupe avec Jondalar, des chevaux, des organisations différentes. IIs rencontrent des groupes de sapiens sur l’embouchure d’un immense fleuve, pour nous le Danube…Ils pratiquent de l’artisanat évolué, puis ils entrent dans un période glaciaire… Les 3 premiers volumes sont intéressants, bien traduits.
Bonne lecture de ces livres pour adolescents ou plus, tout à fait attachants et initiatiques.
Jean nous indique l’extrême intérêt qu’il a trouvé dans la série d’épisodes de
France 5 sur « les super pouvoirs des plantes ». On peut les voir en replay sur France TV.
Ce café se termine sur deux très beaux textes de poésie de Sylvie et Michel.
Le prochain café littéraire sera animé par Evelyne, le 21 novembre à 14h30 à l’Ermitage. Elle nous a proposé un thème de réflexion : « Comment la littérature peut changer notre cerveau ? ».
Et Sylvie aimerait parler d’une romancière française, Jeanne Bernameur.
Retrouvez la liste des livres cités au café littéraire en cliquant ici