Café littéraire du 06/03/2023 📜📚

Nous nous sommes retrouvés nombreux pour voir le film du voyage de Gérard et Évelyne en Argentine

Bravo ! Gérard et Merci pour ce film magnifique qui nous a transportés ailleurs ce lundi après-midi

Retrouvez le compte-rendu de Nicole après la galerie photo

Compte-rendu de Nicole

Pour ce Café Littéraire consacré à un film produit par Gérard Menu et Evelyne Nègre sur leur grand voyage en Argentine, nous remercions Michèle, Secrétaire générale de notre association Passerelles de sa présence et de ses compétences.

Autour d’eux sont déjà arrivés Noëlle, Marie, Annick, Christine qui revient vers nous, Louis et Nicole avec le sac contenant Thé et Café, puis Jean, Marielle, Nadine, Sylvie, Isabelle, Michel, Marie Françoise.

Marcel et Jeannine ont prévenu de leur absence… Nos amies Renée, Nicole C, et Marie José sont indisponibles actuellement.

Je rappelle quelques projets de sorties ou de réunions pendant les travaux de branchement des appareils de projection.

Sylvie va présenter un livre dont elle aime beaucoup l’écrivain, Erri De Luca « Impossible » paru en2020, un de ses derniers livres, un roman policier original, nous dit-elle. (Nous connaissons un peu « Montedidio *», un quartier napolitain, présenté par Jean en 2020). Cet écrivain est riche d’une expérience humaine liée à la montagne, aux engagements politiques, les Brigades Rouges, aux actions humanitaires en Afrique et une longue période comme ouvrier chez Fiat ; une profonde réflexion sur la Transmission des savoirs l’occupe : l’école et l’écriture le mobilisent constamment… ( Récemment, nous dit Jean, il est intervenu en s’opposant au projet de construction d’un tunnel ferroviaire sous le Mont Blanc.)

« Impossible » commence de façon abrupte : « Ce jour-là, il s’est levé tôt, répète l’homme. Il a décidé d’escalader une montagne comme il le fait souvent en choisissant des endroits difficiles, pour se sentir à l’écart du monde. Ce jour-là il a choisi la Vire du Bandiarac en Val Badia, aux Dolomites. Endroit escarpé et dangereux… Un peu plus tard, il a dû s’arrêter à cause d’un éboulement. C’est là qu’il l’a vu, tombé au fond d’une crevasse. Il a appelé le 112 et a attendu l’arrivée des secours…. Et le voilà en garde à vue…

Le problème, c’est que le jeune juge d’instruction, chargé de l’enquête a des doutes. Il n’est pas convaincu. Il ne croit pas au hasard des coïncidences. Pourquoi ? Parce que l’homme tombé dans le vide n’est pas un inconnu pour celui qui l’a trouvé… »

Le roman est construit comme un véritable interrogatoire de police, poursuit Sylvie, un jeu de questions et de réponses entre un cinquantenaire mesuré, sage, qui se défend, et un jeune juge de la moitié de son âge, formé aux principes de la justice, et qui peu à peu va plus loin que les exigences de l’enquête. En face de cette force directe, le montagnard est, certes, un homme meurtri par les événements, mais riche de ses efforts en montagne, de sa compréhension humaine de la vie, et peut-être d’une grande spiritualité. Ses écrits sont marqués par sa vie personnelle : son père était un fin lettré, d’une famille napolitaine ruinée par la guerre et le fascisme ; et lui-même, malgré ses tribulations, poursuit une œuvre de reconnaissance envers sa famille et surtout son père : « J’ai été l’hôte des livres de mon père… » dit-il en rappelant sa jeunesse, et il fait en sorte de prolonger cette tradition napolitaine par  la langue et les souvenirs d’une ville menacée par la nature et les volcans.

 Magistral » dit Sylvie… Merci pour ce grand moment d’humanité, notre groupe est touché par la passion que Sylvie met dans ses interventions.

( Je remercie Sylvie qui m’a transmis ses notes.)

Elle rappelle aussi que l’on peut retrouver cette compréhension de la vie dans d’autres livres : Karine Tuil a écrit « La décision » 2022. Dans ce beau livre, la juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d’un jeune homme suspecté d’avoir rejoint l’Etat islamique en Syrie ; dans le même temps, elle a une liaison avec l’avocat qui représente le jeune homme mis en examen… Quels choix, peut-elle faire, avec les conséquences déjà envisagées…

Une autre écrivaine lui paraît émouvante aussi, Muriel Barbery avec « Une rose seule » à lire absolument… Elle avait eu un grand succès avec « L’élégance du Hérisson. »

Jean nous fait part d’une réflexion qui lui est venue en écoutant de la musique classique : il souhaitait structurer sa réflexion musicale, en utilisant le concept linguistique de Synchronie et de Diachronie : le premier fait état d’une synthèse, tableau momentané d’une expérience ou d’un état de la nature, la forêt en hiver (Une Aria, chantée, courte, est un tout en elle-même, un tableau…)L’autre, la Diachronie, montre l’évolution ou l’historique de cette forêt à travers la durée (Une cantate de JB Bach se construit et retrace des émotions ou des colorations successives, par exemple) … Merci à lui de nous amener à des analyses de ce type.

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Cela a donné le temps de mettre au point la technique de visionnement du film de Gérard.

 Gérard nous prévient qu’il est « magicien » pour cette fois… On le voit s’envoler vers l’Argentine :

« Des Terres Rouges à la Terre de Feu ».

Il arrive dans un jardin au nord de cet immense pays. (5200km du nord au sud ; la France du nord au sud, 1200km environ.) Il est parcouru entièrement par la Cordillère des Andes, et au-delà, le Chili, lui, s’arcboute pour résister aux volcans et à l’Océan Pacifique ; l’Argentine, elle, fait miroiter ses merveilles.

C’est le pays du Tango, devenu patrimoine de l’Humanité par l’Unesco, il envahit les cafés et les rues de Buenos Aires, (et jusqu’à Bordeaux dans le « Café TORTONI » au Théâtre National) : ce café des intellectuels est célèbre. On y aime Carlos Gardel (1890-1935) et Astor Piazzolla (1921-1992). Julio Cortazar, (1904-1984) nous dit : « j’ai passé ma vie à écrire des tangos et quelques-uns de mes personnages ressemblent à leurs héros, c’est-à-dire presque toujours des gens à qui il arrive des choses tristes, qui sont abandonnés, trahis… » Gérard nous parle poétiquement des danseurs de tango, de l’envoûtement que produit cette musique et le Bandonéon. 

C’est le pays de Maradona, de Messi, du Foot, la ville aux couleurs chaudes et puissantes. Le cœur de la ville, avec la Maison Rose « Casa Rosada », son palais municipal de style colonial, le théâtre Colon (1908), la cathédrale date de 1791. Eva Péron, morte à 33 ans chérie du peuple, est présente par ses effigies.

Les indiens Guarani restent au nombre de 54 000 individus, les autres disparurent mais le Maté est la boisson privilégiée. Ils représentent la relation à la nature, au passé millénaire. Leur habitat reste original en bois avec une structure étagée et aérée, l’ensemble est assez grand pour un hébergement collectif.

Puis nos amis vont vers le nord pour contempler le lieu où se rejoignent trois états, le Brésil, le Paraguay entourent l’Argentine. Ils rencontrent le premier grand fleuve de leur voyage, l’Iguaçu avec des chutes immenses. C’est un courant tumultueux, un fleuve large, boueux des dernières pluies, et nos amis sont sur un grand canot avec un vingtaine de visiteurs ; on voit les chutes pas très loin, une partie de ce spectacle est masquée par les arbres d’une île. Enorme spectacle : la hauteur des chutes varie entre 60 et 80 mètres, le débit que nous voyons est de 6 millions de litres/seconde, il peut atteindre 16 millions de litres en période de crues. Ce parc national a été intégré au Patrimoine de l’Unesco en 1984.

Etape à Salta, 1200m d’altitude, « la belle (La Linda), » une grande ville calme, 370 000h qui a gardé son architecture coloniale. Sa position centrale permet de visiter plusieurs sites intéressants : cette partie de la Cordillère possède des sommets de 3348m, des cols assez solitaires, les indiens y vivent en petits groupes, dans des sortes d’oasis sorties de l’aride environnement, les « regs ».  Pas très loin, vers Güennes, bien irriguée, on trouve d’immenses champs de canne à sucre ; ou bien le Parc des Cactus Candélabres. On peut évoquer les combats contre les Espagnols en 1821, le général Martin de Güennes y trouva la mort. Son anniversaire est l’occasion de réunions de Gauchos, à la lueur des feux de bois, au son nostalgique de la Guitare. Cette Argentine historique offre de beaux musées et des parcs d’Eucalyptus. Les spécialités gastronomiques sont centrées sur la viande, si tendre, la boisson « chicha » et de nombreux légumes avec une sauce piquante, très appréciés par Evelyne.

Plus haut, un petit train ou des routes sinueuses permettent d’atteindre les nuages, par des ponts grandioses, des tunnels, des zigzags, en découvrant des villages andins et des ruines précolombiennes : c’est la route des vins ! Evelyne raconte l’étonnement de découvrir, au sortir d’un tournant de montagne, un de plus, presque lassant, la merveille : un château et une propriété viticole espérée, mais stupéfiante… Ces vignobles sont d’origine jésuite, mais ils durent et font la renommée du pays. 

Vers Cafayate, les vallées environnantes sont entourées de cimes à 6000m d’altitude. En suivant le Rio Calachaqui, on trouve des paysages grandioses, des aiguilles déchiquetées par le vent et les pluies, des successions de plans colorés selon leur composition minérale et leur éclat au soleil. Cela dépasse l’imagination… c’est vers la Quebrada del Toro, 4000m, que l’on voit ces couleurs magnifiques, les cactées immenses, et des ponts franchissant les canyons pour atteindre les ruines de cités pré-inca.

Puis ce sont les montagnes de sel, vers San Antonio, 3775m, privilégiée par une température annuelle de 8°6. Vers le Chili se trouvent aussi des salines, d’origine lacustre, l’été, les lacs sèchent et permettent le ramassage du sel en hiver, après cristallisation. Un col à 4170m permet le passage en Bolivie. Les Quechuas sont les descendants d’anciens peuples andins, avant la Conquête. Ils sont d’origine asiatique, et se sont adaptés à la haute montagne, leur capacité respiratoire varie entre 9l et 12litres d’air.  Vers le sud, après Cafayate, on trouve les indiens Calchaquies, présents depuis l’an 800 environ ; la ville de Quilmes fut longtemps réfractaire à la colonisation espagnole, mais après des déportations, il ne resta que des ruines de cette formidable civilisation. Les Tafis, autre groupe d’andins vivent dans une vallée où se trouve un parc de Menhirs (Los Menhires) ; ces éleveurs soignaient des lamas principalement. Tous ont souffert des conflits coloniaux.

 Après les Terres Rouges et les Andes du Nord-Ouest, Evelyne et Gérard passent le Tropique du Capricorne à l’altitude de 4300m. On quitte alors les éleveurs de Vigognes, le site de Humahuaca à 3000m et ses montagnes aux couleurs étonnantes, pour la Terre de Feu. On délaisse la Patagonie, ses agneaux qui sont les meilleurs au monde et ses vents excessifs…

Rio Grande est la capitale de la Terre de Feu, mais Ushuaia est l’un des plus beaux sites, une ville du bout du monde après 17.000 km de chaîne montagneuse depuis l’Alaska. Là est la fin de la route N°3, mais on trouve le canal Beagle qui permet de passer vers l’océan Pacifique.  L’industrie est concentrée à Rio Grande autrefois entourée de mines d’or. A leur fermeture, c’est l’élevage qui s’installe, puis on construit des ponts, des routes permettant d’aller d’une ville à l’autre. On peut visiter une immense « estancia » où la tonte des moutons est proche de l’industrie, avec un hangar permettant de tondre 7000 bêtes. Le domaine compte 63 000ha… et il date de 1899 environ. Les villes ont grandi depuis 1966, de près de trois fois, grâce au tourisme, aux parcours nautiques par le Cap Horn. Les Andins d’origine sont dynamiques : « l’estancia Sara » englobe presque la majorité des puits de pétrole, ce qui contribue à sa richesse. La guerre des Malouines a projeté sur cette région un regard pratiquement international. Les températures sont moyennes, 5° en Hiver. Les animaux s’y reproduisent en mer, baleines, cachalots, etc…. On peut s’y balader à cheval, en 4×4 pour faire le tour des lacs, l’un d’eux est immense plus de 100km de long dans le Parc national « Terre de Feu » : le Lac Fagnano. Les ethnies andines étaient nombreuses jusqu’à la fin du 19ème siècle, des missions s’installèrent pour les évangéliser, les Salésiens en particulier.

Des récits anglais relatent l’aventure du Beagle, commandé par le capitaine Robert Fitz Roy, sorti de Plymouth en 1831 pour un voyage de découverte de deux ans ; Il dura 5 ans et rentra en 1936 par le Pacifique. A son bord un savant Charles Darwin, entouré de livres et de bocaux destinés à ses recherches ; le détroit de Magellan se présente comme un estuaire ouvert du côté argentin, mais plus loin il faut sonder les bras du canal pour tester la profondeur, puis choisir les canaux ouvrant vers l’océan et la côte chilienne. Tout est maintenant cartographié depuis deux centaines d’années…

Visiter le Parc des Glaciers est étonnant, les sommets ne dépassent pas 1800m d’altitude, en Argentine, mais les vents, et l’humidité de la région favorisent leur pérennité sur 600 000ha de terrains glaciaires. Le Perito Moreno est impressionnant, il se déverse comme un immense fleuve dans les eaux du lac Argentino, il avance tous les jours vers le lac qu’il envahirait rapidement s’il ne se brisait pas aussi rapidement… « Un monstre ensoleillé ».

 El Calafate est une jolie bourgade de 4000h. Un arbuste au fruit très amer lui a donné son nom. Il faut aller saluer le Pic de Fitz Roy à défaut de l’escalader, en 1952 deux Français l’ont gravi.  L’Argentine est un immense territoire 5200km du nord au sud, et 46 Millions d’habitants seulement…

Gérard nous a passionnés avec ce beau film de 45 minutes qui relate un voyage de 3 semaines. Nous pouvons lui poser quelques questions après l’avoir applaudi, ainsi qu’à Evelyne.

 Merci à Gérard qui a relu mon texte, mémoire de ce beau film documentaire.

 Nous reprenons des forces avec le Café traditionnel ou le Thé, accompagnés de quelques biscuits.

Nous nous retrouverons le 20 mars dans la salle 1 du premier étage de l’Ermitage.

Bons souvenirs de ce voyage, bonnes lectures pour la prochaine réunion du café littéraire. Merci à tous les lecteurs et lectrices qui font vivre ce Café littéraire de Passerelles.

Amitiés Nicole.