Louis indique pour commencer qu’il animera ce « café littéraire », ainsi que le prochain du 17 octobre et précise que Nicole ne sera pas avec nous aujourd’hui, étant indisposée. Il précise aussi qu’il requiert l’indulgence des participants, n’ayant ni la formation ni l’immense culture littéraire de Nicole, ce qui rend l’exercice un peu plus difficile, y compris au niveau du compte-rendu. Mais l’essentiel reste la discussion et le partage comme le rappelle Jean-Jacques…
Evelyne prendra le relais de l’animation pour les cafés littéraires des 7 et 21 novembre, dès qu’elle aura repris ses esprits, suite à son voyage en Amérique latine avec un départ prévu la semaine prochaine. Nous lui souhaitons ainsi qu’à son compagnon Gérard, un beau voyage qui lui permettra, comme l’an dernier, de réaliser un film qu’il pourra nous faire partager d’ici quelque temps.
Nous avons le plaisir d’une forte participation pour ce café littéraire, avec 11 personnes : Evelyne est présente, ainsi que Nadine, Marie, Jean-Jacques,
Marie-José et Jean, Marie Françoise, nous avons le plaisir de retrouver Marcel qui arrive avec 5 énormes volumes d’histoire dont il nous parlera, et trois nouvelles personnes sont avec nous : Annick déjà adhérente, Noëlle et Michel. Nous commençons par un tour de table pour les présentations, pour que chacun rappelle ses attentes et ses points d’intérêt pour ces cafés littéraires et indique son souhait de présenter ou non un livre.
Michel, de retour depuis peu au Bouscat, qui n’est pas encore adhérent de Passerelles, nous précise qu’il est passionné de théâtre, qu’il écrit et édite des livres comme Marcel. Il a réalisé des pièces de théâtre et joué pendant quelques années et nous fait une proposition de spectacle humoristique qui pourrait intéresser l’association dans son ensemble ; cette proposition reçoit en tous cas un accueil favorable au niveau du café littéraire et pourrait être examinée par le bureau de l’association.
Nous passons ensuite en revue les évènements à venir de l’association PasserelleS : d’abord la journée « portes ouvertes » au Château LE TROS, le dimanche 9 octobre, avec dégustation gratuite et repas (13 euros), puis le concert « midi musical » à l’auditorium le vendredi 21 octobre à 12h30.
Louis passe ensuite la parole à Evelyne pour la présentation d’une proposition de projet pour un prochain café littéraire. Le sujet : « Comment la littérature peut changer le cerveau ?» lui a été suggéré par un article (lu dans « Protection Prévention Santé, »). Elle pense que nous pourrions discuter et débattre de ce sujet, pendant une demie réunion et propose de le retenir pour le 21 novembre afin qu’elle ait le temps de préparer son intervention pour le lancer.
Marcel nous présente alors « Une histoire de l’Europe, des origines jusqu’aux années 1960 », de Bernard BARTHET qui est Dr en sciences de religions, a un DEA en Histoire du Droit. Elle se compose de 5 volumes que Marcel s’est donné la peine d’amener avec lui et qui constituent une pile impressionnante. Il nous indique qu’il l’a lui-même édité, en 50 exemplaires. Compte tenu du volume de l’ouvrage, il nous indique ne pas vouloir ni pouvoir nous en présenter le contenu, mais qu’il tient un exemplaire à la disposition du lecteur qui voudra bien se lancer dans l’aventure. Une discussion s’engage avec Michel (qui édite aussi) sur le travail d’édition, beaucoup plus complexe qu’on ne peut se l’imaginer. Et nous apprenons que même l’édition de La Pléiade contient des fautes ! Rien ne va donc plus dans ce monde. Marcel nous indique en tous cas que si Passerelles a un projet d’édition pour un livre, il pourrait aider l’association. Nos remerciements anticipés à Marcel.
Jean-Jacques intervient ensuite au sujet d’une interview d’Edgar Morin parue dans Le Monde du dimanche 2 octobre 2022. Il nous rappelle brièvement sa biographie ; il a actuellement 101 ans et maintient une forme intellectuelle éblouissante comme en témoigne l’interview. Il se veut théoricien de la complexité, et réfute les analyses rapides et simplistes qui nous sont trop souvent proposées. Jean-Jacques nous donne quelques éléments de cette interview qui porte sur sa mère : « Pendant toute ma vie, j’ai rêvé de ma mère ». (Mais elle est longue et il nous invite à la lire.) Il l’a perdue alors qu’il avait 10 ans : traumatisme absolu qui a conditionné toute sa vie à la recherche de l’amour féminin qu’il avait perdu. Et pendant toute sa vie, il a rêvé d’elle. De ce fait, il prend très tôt conscience du tragique de l’existence. Il restera marqué par « Crime et châtiment » de Dostoïevski et par Freud qui dit que l’on se sent toujours coupable de la mort de ses parents. La Résistance a joué un grand rôle : il alors compris la différence entre vivre et survivre, à quitter la peur. (Une discussion s’engage alors sur ce thème de « vivre et survivre » à propos du confinement vécu lors du Covid.) L’amour occupe une place centrale chez lui ; il aime la phrase de St Paul : « Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien ». Pour lui, la foi en la fraternité et en l’amour donne un espoir. Merci à Jean-Jacques de nous avoir entrainé dans un peu plus de connaissance de ce grand penseur.
Après la « pause-café », Marie nous entraîne ensuite, une fois n’est pas coutume, sur le chemin des Pyrénées, avec un magnifique livre écrit en 2013 par son frère, Raymond Ratio, qu’on peut trouver chez Mollat et qui s’intitule « Histoire Franco-Espagnole et Rioumajou-Canca*». Ce livre relate l’histoire un peu générale des échanges entre Espagnols et Français dans cette région, mais touche aussi à l’histoire familiale de Marie. Elle nous indique que ce livre a été bien reçu par les Espagnols qui ont fui leur pays à l’époque de Franco, un peu moins bien du côté français. Elle nous rappelle que son frère avait déjà écrit un ouvrage sur un pyrénéiste.
La dernière intervention est d’Evelyne qui nous fait découvrir Joël Mansa qui s’est fait connaitre par son premier livre « Entre les vivants et les morts». Ilvit à Bordeaux, il est poète et auteur de théâtre et a écrit une anthologie de la poésie féminine. Il décrit dans ce livre les 25 premières années de sa vie. Il a une enfance épouvantable en proie à la violence paternelle, dans l’indifférence maternelle, et se retrouve hors de sa famille en apprentissage à 14 ans, malgré son goût pour la lecture et la poésie. Il arrivera à se reconstruire au travers de rencontres et d’expériences diverses comme un séjour dans un monastère ; c’est l’écriture qui lui sert de tremplin. Un bel exemple de résilience comme le décrirait Boris Cyrulnik, aidée par sa volonté de survivre dans les pires situations. Evelyne nous a fait la lecture d’un de ses poèmes dédiés à l’Ukraine, extrait de son second livre dont elle voudra bien nous parler lors d’un prochain café littéraire : « La beauté, sitôt menacée ». Il nous a tous laissé sans voix : une force inouïe sur un sujet tellement d’actualité. Elle a donné une conclusion à laquelle nous ne pouvons que souscrire : il est éblouissant.
Dans le même ordre d’idée que dans le livre de Joël Mansa, Louis a indiqué qu’il parlerait de Maud Simonnot avec son livre paru récemment « « L’heure des oiseaux ». Même ordre d’idée car il s’agit là encore des violences faites aux enfants et le livre nous entraîne à Jersey : l’enquête démarrée en 2008 sur l’orphelinat catholique où séjournaient des enfants de classes sociales défavorisées, a mis au jour les extrêmes mauvais traitements, violences etc.. sur les enfants. Le livre est une fiction, fondée toutefois sur un certain nombre des faits réels. Louis rappelle les informations intermédiaires de la commission dite CIIVISE* en France, qui a débuté en 2021 et qui montre l’ampleur et la gravité des violences sur enfants en France. (*Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faîtes aux enfants)
Marie-José nous présentera la prochaine fois un livre d’un auteur américain Colson Whitehead : « Nickel Boys » qui rapporte des faits réels d’enfants ayant subi des violences. Merci à elle d’enrichir notre connaissance et notre réflexion sur cette question terrible et encore tellement à l’ordre du jour partout dans le monde.
Marie-José nous propose également, pour ceux qui le souhaitent, de lire un poème de leur choix lors des prochains cafés littéraires.
Louis rappelle aussi que Nicole doit reprendre les échanges sur “De purs hommes”1990, de M.Mbougar Sarr, prix Goncourt 2022.
Le prochain Café Littéraire : 17 octobre à l’Ermitage, à 14h30.
A bientôt.
« Qui peut prétendre connaître le Rioumajou ?
Classé Natura 2000, le Rioumajou nous offre l’image d’une vallée verdoyante, aux crêtes schisteuses, aux sommets escarpés, aux torrents impétueux, aux forêts obscures.
Ce Rioumajou est resté fermé et discret à l’instar d’une vallée d’Aure demeurée longtemps à l’écart des principaux épisodes qui ont marqué l’Histoire de France.
Pour appréhender et traduire la véritable identité du Rioumajou, marqué par les relations transfrontalières ancestrales, elles-mêmes facilitées par ces lieux de passages naturels que sont les ports, par cet Hospice de Rioumajou, lieu d’asile et d’hospitalité, il fallait pouvoir réunir des sources de documentation suffisantes et pertinentes, jusqu’alors inexploitées.
Mais fallait-il aussi et surtout la volonté d’un pyrénéiste, à la qualité de plume reconnue, à la sensibilité d’un authentique valléen.
Raimond Ratio, auteur de nombreux livres sur les Pyrénées et la Vallée d’Aure, l’a fait.
Ce Rioumajou dont les ports ont assuré le passage des populations ibères et des légions romaines, des pèlerins de Saint-Jacques, des résistants de la France libre, des réfugiés juifs espagnols, des bergers, des contrebandiers, malgré les difficultés du relief, la pénibilité de ses sentiers, les rigueurs du climat.
Pour pérenniser et conforter ces liens de populations auroise et haut-aragonaise, une alternative à ces franchissements naturels s’imposait. Le percement d’un tunnel est resté depuis le début du 19eme siècle au stade de projets, plus ou moins avancés, jamais aboutis.
Seules des circonstances favorables, des opportunités politiques et économiques étaient indispensables pour finaliser ce projet.
Mais fallait-il encore pouvoir compter sur la ténacité, la vision prospective, l’enthousiasme, l’attachement viscéral d’un homme à cette frontière, pour nouer de manière irréversible, grâce au tunnel Aragnouet/Bielsa, les liens d’amitié indéfectible entre Aurois et Haut-aragonais.
Vincent Mir l’a fait.
Tous deux méritent toute notre reconnaissance et notre profonde gratitude.
ANDRE MIR.
Merci à Marie de faire durer la mémoire de ces lieux adorés par les vrais amateurs de la montagne Pyrénéenne. Un souvenir de montagne avec de grands amis disparus qui parlaient chaleureusement de ce tunnel exceptionnel. (longueur 3070m ; altitude 1821m en France ; en Espagne 1664m ; deux voies.) octobre 1976.
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