Café littéraire du 03/04/2023 📜📚

Plusieurs lectrices et lecteurs ont prévenu de leur absence, et nous les regrettons, Annick, Marcel, Nicole C., et Nadine. Très vite autour de Nicole et Louis se retrouvent, Sylvie et Renée ; nous rencontrons Nicole D. pour la première fois, c’est un grand plaisir ; puis Marielle, Jean, Noëlle, Marie José, Marie, et Marie Noëlle F. nous a rejoints avec son énergie et sa gentillesse ; Evelyne nous confie un joli poème sur les herbes de la rue, en hommage à la promenade initiée par Jean, notre spécialiste de la nature.

Nous avons tous été déçus par la tempête qui, en fermant les grilles d’accès au Parc, nous a privés de cette promenade commentée par Jean. Merci à lui d’être fidèle, malgré les intempéries.

En pensant aux projets de notre association, nous avons commencé par remercier  nos amis talentueux qui acceptent de présenter leurs œuvres, leur « Hobby », ou leur projet d’atelier. Nous souhaitons les entourer pour réfléchir à cette réunion sympathique qui aura lieu le 22 juin de 17h à 21h, et pour laquelle ils recevront chacun un appel téléphonique d’un membre du bureau pour cadrer cette manifestation réunissant les adhérents de Passerelles. Le lieu sera probablement « La maison de l’Autre ».

Puis est venue une introduction par Nicole sur le sens du thème commencé dans le précédent Café littéraire : « A travers la présentation d’un roman très classique « Au-dessous du Volcan » de Malcom Lowry, un des dix grands romans de la littérature anglaise, paru en France en 1948, et, la confrontation avec deux romans de Céline, Louis Ferdinand Destouches, : «  faire percevoir l’influence de la « déconstruction » dont on parle actuellement dans divers domaines.

On retrouve cette même déconstruction chez les Surréalistes et chez le poète Robert Desnos qui meurt en 1945 en camp de concentration… Les romans deviennent plus sociaux, plus triviaux dans leur langage, comme chez Louis Ferdinand Céline qui publie dans les années 1930. On sent que la guerre de 1914 a créé un fossé dans les valeurs : l’humanisme, la notion d’Absurde s’impose.  (J.P.Sartre « la Nausée).

*Louis Ferdinand Céline :  De son vrai nom, Louis Destouches. Prix Renaudot pour son premier livre « Voyage au bout de la nuit »1932

Un écrivain controversé : Céline naît en 1894 à Courbevoie et mourra en 1961 à Meudon, il a 20 ans quand commence la guerre de 1914. Il a 38 ans quand il reçoit le prix Renaudot pour un premier livre.

Qu’a-t-il vécu pour parvenir à un texte si nouveau, si incisif ? Il a vécu la guerre !

Entre 1900 et 1907, ses parents évoluent dans l’univers des petits employés, petits commerçants, des déménagements incessants, le paris insalubre du début du XXème siècle. Les parents vivent à Courbevoie, puis à Paris, rue Babylone, Passage Choiseul, à l’école communale d’Argenteuil où il passe son certificat d’études 1907. C’est là qu’il apprend à être « peuple », avec un véritable enracinement. Puis pendant trois ans il est mis en pension, en Allemagne d’abord, puis en Angleterre ; Il devient donc à l’aise dans deux langues étrangères. Revenu à Paris, il est orienté vers le commerce mais il est rebelle et choisit de s’engager en 1912 dans l’armée, au 12ème régiment de cuirassiers de Rambouillet. Il est sous-officier quand commence la guerre de 1914, il enchaîne donc avec un magnifique costume militaire, et le titre de Maréchal des logis. Volontaire pour une mission dangereuse, il est blessé au bras, cité à l’ordre du régiment, décoré de la médaille militaire et croix de guerre. Mais il se rend compte de la dureté de cette vie. Il en garde un souvenir désenchanté. Il a 20ans…

Louis reprend le récit et ses réflexions sur « Voyage au bout de la nuit » paru en 1932 : plusieurs années de voyages et d’activités pamphlétaires l’ont occupé. Céline est antimilitariste et pacifiste, ce qui expliquera l’accueil très positif de la gauche française à « Voyage au bout de la nuit ». Il est aussi violemment anticolonialiste à la suite de son expérience en Afrique, ainsi qu’anticapitaliste et anarchiste. Il apparaît antisémite dès l’entre-deux guerres, et il assume un racisme total (« planétaire » dira-t-il).

Ce premier roman de Céline a eu un retentissement considérable dès sa parution, il est devenu un classique de la littérature française. Gallimard ne voulait pas le publier au début ; il a manqué de peu le Goncourt, à deux voix près (Prix Renaudot). On aurait pu à l’époque, le qualifier « d’ovni » littéraire et, en un certain sens, il le reste aujourd’hui.

Céline innove en effet grâce à un style tout à fait nouveau : il veut produire un style oral mais par l’écrit (un langage parlé direct de l’homme de la rue, et fréquemment de l’argot). Il se veut styliste avant tout, le style est sa passion. Il qualifie son style de « métro-émotif » métro signifiant la vivacité, l’efficacité, contribuant à susciter l’émotion. Ses références sont d’ailleurs François Villon, François Rabelais surtout et dans une certaine mesure Voltaire. Il considère que la langue académique des auteurs du XIXème siècle est une langue morte.

Par son style et son contenu, cette œuvre majeure très complexe vous happe littéralement à la lecture, malgré sa forme qui est celle d’un long monologue de son personnage principal Bardamu (alias Céline). Ce style donne indiscutablement au texte une puissance inédite, au-delà de ce qu’on trouve chez Hugo ou Zola qui ont produit des œuvres majeures sur la misère humaine. Je voudrais simplement ici faire quelques remarques sur ce que j’ai ressenti à sa lecture. Bardamu, fait le récit, à la première personne du singulier, de ses expériences de la guerre, du colonialisme en Afrique, des USA entre les deux guerres, de son activité de médecin enfin, y compris dans un hôpital psychiatrique, et de la condition sociale en général.  A noter le choix du nom : Bardamu qui vient de « barda » d’une part et de mouvoir d’autre part (mu). Bardamu est celui qui traîne son barda dans son existence. Il est un anti-héros et j’ai trouvé au roman une allure quasi picaresque : c’est un vrai ‘bras-cassé’ à qui il arrive des aventures toutes plus improbables les unes que les autres (espèce de Don Quichotte).

De la période de la guerre après son engagement dans l’armée, il perd ses illusions. La guerre lui apparait « un abattoir international en folie », la lâcheté lui semble la seule solution pour survivre. L’épisode africain lui fait découvrir l’atrocité du colonialisme et le mensonge de la soi-disant civilisation apportée par l’occident. Contre toute attente, l’Amérique ne lui montre pas un jour meilleur : il constate les conditions insupportables faites aux ouvriers dans le système du fordisme, et  dit que le capitalisme conduit à la misère les classes laborieuses. De retour en France, comme médecin de banlieue, il essaie d’être utile et de soulager comme il peut, toujours au contact de la même misère et détresse humaine.

Ce roman m’apparait du type ‘initiation’ : par son parcours chaotique, Bardamu découvre partout la misère humaine et l’absurdité de l’existence. Il est très sombre, d’un pessimisme total sur la nature humaine avec toutes ses turpitudes et ses bassesses. Il est aussi très lucide sur lui-même et ne se place pas au-dessus du lot. Je lui trouve aussi des accents très scatologiques et le thème du « pourrissement » est prégnant tout au long du roman. Bardamu est en quasi permanence dans le dégoût de tout. Par-dessus tout, ce roman me semble être un texte de rejet de ce monde, de l’armée, de la société, de la République bourgeoise, des juifs, des races etc… Rien n’est possible pour lui dans ce monde-là, il n’a rien à en attendre…

Ce qui m’a le plus frappé à sa lecture, hors la qualité du texte et son style hors pair, est son actualité brûlante un siècle après ses écrits. Nous sommes toujours « dans la nuit » : Inégalités plus criantes que jamais, misère toujours répandue dans une grande partie du monde et, dans une moindre mesure, dans nos pays occidentaux dits riches (pour certains), avec les classes moyennes et inférieures exploitées par le capitalisme, le colonialisme non « purgé » et le monde occidental aura à en payer encore longtemps la facture, images affligeantes de la guerre actuelle en Ukraine qui rappelle celles de la première mondiale, etc…

Par certains côtés, il me semble partager le sentiment d’absurde avec Camus : « la vie n’a pas de sens, c’est un voyage erratique qui ne conduit nulle part ». Pas le moindre espoir : nihilisme. Mais Camus montre beaucoup d’empathie pour l’espèce humaine, et le Docteur Rieux, dans « La Peste » sait quel sens donner à sa vie.

Dernier point sur lequel je m’interroge : Le style « Céline » a fortement marqué le monde du cinéma ; pensons aux films de Jean-Pierre Mocky, Lautner, les scénarii d’Audiard, etc…. Il disait que Rabelais avait échoué pour imposer ce style populaire. Mais il ne me semble pas avoir durablement influencé la littérature lui non plus.

En intermède, merci à Sylvie de nous lire « La lumière du monde » de Christian Bobin. Nous aimons et nous sommes perplexes en entendant le vers :« L’écriture vient de l’extérieur ». Merci pour les remises en question, cela fait partie des échanges, de leur richesse.

Nous ne souhaitons pas entraîner nos amis lecteurs et lectrices vers l’accablement, avec « Mort à Crédit » 1936, Nicole voudrait montrer qu’il se garde bien d’être victime lui-même, mais il prend un malin plaisir comme Voltaire, à pourfendre ses personnages dans des scènes picaresques. Mais il est aussi le médecin des pauvres et c’est ainsi qu’il commence son second roman.

Céline-médecin, au début, est le narrateur, il constate la mort de Mme Bérange, et le déplore dans le prologue. Sa fonction de Concierge lui était bien utile à Paris, elle oriente les clients du médecin vers son cabinet : elle était devenue une amie.  Puis il donne le ton que retrouvera Ferdinand Bardamu dont il va retracer l’enfance et la jeunesse.

Céline recrée son monde entre 1900 et 1907, sa jeunesse ou du moins celle de Ferdinand Bardamu, le personnage de son premier roman.  Il lui donne une famille qui peut rappeler la sienne par des détails, une légère tendresse par moments ou une cruauté réelle parce qu’il a des souvenirs difficiles. Comme dans son premier roman, il est cynique, mais il a pris de la distance.

A la suite du prologue, Ferdinand prend la parole, il est fils d’une dentellière, besogneuse ; Ses parents sont des petits bourgeois et veulent s’en tirer honorablement :  sa mère Clémence travaille un peu, dans la dentelle : « C’est pas une ouvrière ! »(sic) ; l’Aïeule qu’il faut aller voir en banlieue, vers Rungis ; Le père, Auguste travaille dans l’Assurance, il a les mains blanches et lit la « Patrie ». Autrefois, Auguste a tiré un mauvais numéro et a fait 7 ans de service militaire dans l’artillerie. (Cela rappelle l’engagement de Louis Destouches dans la guerre de 14-18 et sa blessure) La petite famille vit dans Paris près du Bon Marché et ne gagne pas beaucoup : il leur faut donc trouver des compléments d’activité, vendre des broderies faites par une voisine pour Clémence, et lui, si besoin, peut être écrivain public. Ferdinand avait été placé chez une nourrice en Banlieue, à Puteaux. Les crises économiques entraînent des faillites et pour les familles, une vie précaire : elles doivent constamment se réorganiser. La grand-mère vient à Paris, rue Montorgueil, la maman tousse et crache un peu de sang, elle boite depuis longtemps, mais ils luttent et travaillent. Après les heures de la journée, il y a les livraisons du soir, à pied, loin, dans Paris et les divers quartiers…Ferdinand pense que c’est le bagne !

Céline décrit sa vie pendant cette période de l’enfance : longues marches à pied, fatigues, repas aléatoires, disputes, manque d’argent. La vie est dure pour tous et le gamin reçoit souvent des taloches…évidemment il ne suit pas les règles, il perd vite le contrôle des situations, et c’est la catastrophe.

Les autres membres de la famille ne manquent pas de fantaisie, une tante qui devient « grue » après un long voyage en Russie. L’oncle Arthur qui a un grand bon sens, vit avec une employée de cuisine de l’Ecole Militaire, il vit bien et passe ses loisirs à dessiner ; l’oncle Rodolphe est plus cloche…il aide les voyageurs, porte les bagages, court réserver des taxis ou les accueillir pour aider les passagers…il habite rue Lepic, fait de la « retape ». Etonnante galerie de personnages malmenés par l’écrivain, de souvenirs, dans lesquels le jeune Ferdinand est un gamin difficile.  De temps en temps, l’oncle Edouard, astucieux, humain, le tire d’un mauvais pas.  Mais ses exploits lui valent des fessées, des coups de ceinture…Le père devient rapidement brutal et coléreux ; les voisins le sont aussi. Quand rien ne va plus, ils déménagent…

Le père devient dépressif et potentiellement dangereux avec son révolver d’ordonnance et les balles qu’il a achetées et montrées à sa famille pour signifier une menace… (Lecture) Et puis les choses s’arrangent.

 Une succession de petits chapitres truculents présente ces moments de vie, comme dans une bande dessinée.  En particulier, les premières vacances « payées » du père, ils vont partir en Angleterre, mais en pensant aussi vendre aux étapes du voyage, sur les marchés, des colifichets. Ils vont prendre le bateau… et la mer est très agitée (lecture : P 127et suiv .) moment d’angoisse et de désordre, jusqu’à ce qu’ils arrivent : « On a regardé l’Angleterre comme on débarque dans l’Au-delà ! ».  Ce texte est un classique de la truculence dit par Fabrice Luchini. Je vous laisse découvrir l’enfance de Ferdinand qui occupe les 622pages du roman.

Il y a un travail très original de création du personnage de Ferdinand et particulièrement son langage qui rend le récit intense et virevoltant. Céline a gardé de ses rencontres de bons amis : l’un d’eux était blessé en même temps que lui et ils ont joué à créer le personnage de Ferdinand, ses tribulations, expériences malheureuses, son langage réaliste, parfois trivial ou même grossier, mais lucide à sa façon ; (cf Gustin Sabayot p.21) jusqu’à la truculence comme on la trouve chez Rabelais, ou la gouaille parisienne d’autrefois. (cf l’aventure au Bois de Boulogne avec Mireille p.35-37  ). Céline est curieux des hommes, de toutes les expériences, aimant l’aventure et la vie, mais facilement inquiet, pessimiste ; il saisit toutes les occasions pour fuir ce qu’il appelle la médiocrité générale, peu scrupuleux sur les moyens et arriviste, il faut bien vivre… !

Avec Lafaye et Garcin, deux aventuriers dont il a pris les façons de parler, de se comporter sans vergogne, il se bat contre la presse, écrit des pamphlets et « La critique déconne, je suis le phénomène, et il s’agit de faire le pitre, c’est dans mes cordes vous le savez. Bientôt ils danseront la danse du scalp autour de mon poteau. Mentir raconter n’importe quoi, tout est là. »…

L’écrivain a une vie personnelle compliquée, comme son environnement, en cette première moitié du XXème siècle avec deux guerres, une vie politique républicaine qui se construit, avec des crises sociales et économiques, des peuples déplacés. A 18 ans il fait donc son service militaire en 1912, pour trois ans, mais dès 1914, il est envoyé au front et promu sous-officier, maréchal des logis ; volontaire pour une mission dangereuse, il est blessé au bras et cité à l’ordre du régiment, médaille militaire et croix de guerre. Il connaît bien ce voyage au bout de la nuit… !  Affecté au consulat de France à Londres, il est réformé peu après ; Il vit avec Suzanne Nebout, en 1915 pendant un an ; puis voyage en Afrique occidentale où il gère une plantation au Cameroun. Il rentre en France et fait des études, Baccalauréat, puis épouse Edith Follet, en 1919, s’inscrit pour des études de médecine à Rennes, soutient tous ses examens et revient à Paris pour sa thèse. Il l’obtient sur un sujet important « l’obstétrique » mais surtout il a choisi de mettre en valeur les travaux d’un médecin allemand I.F. Semmelweis qui a compris que les hôpitaux pouvaient tuer par manque d’hygiène. Enfin docteur, il fait de sa thèse un pamphlet virulent contre les hiérarchies, la politique… Années importantes, il divorce, repart en Afrique ; il décrit , en 1934, dans  un roman, le « Londres » qu’il a connu, sorte de roman noir dans le milieu de la pègre qui paraîtra en 2022 , avec beaucoup d’autres œuvres que les éditeurs n’ont pas voulu publier à leur création. Puis il rencontre E. Craig de 1926 à 1933, une danseuse américaine, et Lucette Destouches une danseuse, originale et mondaine qu’il épouse en 1935, et qui lui survivra après 1961, jusqu’à 107ans. C’est avec Lucette qu’il va à Sigmaringen au sud de l’Allemagne en 1944. Il suit le Marechal Pétain, puis s’en va au Danemark, laissant derrière lui, les soucis des « collaborateurs » ; enfin, il revient à Meudon et vit chez les parents de Lucette ; puis s’installent tous les deux à Meudon où ils achètent une belle villa. Une vie mondaine, des réceptions lui font rencontrer des artistes, Arletty, Marcel Aymé, Michel Simon, Charles Aznavour, Angelo Rinaldi, Roger Nimier ; Ces tribulations autour de l’Europe lui permettent d’engranger des souvenirs, des idées, des récits où Lucette (« Lili » dans ses livres) paraît à ses côtés.,

« Guerre » écrit en 1934 mais édité en 2022, une vision de médecin, de soldat aussi sur l’inhumain, les blessures…  On y retrouve Ferdinand, gravement blessé. C’est un texte de premier jet, désenchanté, pessimiste sur la vie. On comprend qu’il voyage ensuite vers l’Angleterre qui de loin lui paraît plus acceptable.

« D’un château à l’Autre »1957, raconte les pérégrinations à travers l’Allemagne et l’Europe du Nord., en fait pour être libre.  

« Nord » 1960 qui se passe à Berlin en ruines il est accompagné de Lili et du Chat Bébert. Il décrit l’effondrement du pays dans un contexte surréaliste.

« Rigodon », en 1964, œuvre Posthume voulue par Lucette.

Après la mort de Louis Ferdinand, 1961, Lucette reste seule, avec des amis, elle enseigne la danse. Un livre paraîtra en 2012 sur la vie de Lucette Destouches « Madame Céline ». Ils ont eu une fille Colette Destouches.

C’est un grand novateur de la littérature, il a eu le courage d’écrire dans une langue presque parlée et cependant résultat d’un style elliptique très travaillé, ce qui aura des effets particulièrement dans le cinéma policier. Il emprunte à l’argot et s’approche ainsi de l’émotion immédiate. Julien Gracq lui reconnait « l’usage efficace et judicieux qu’il fait de la langue littéraire artificielle, tirée de la langue parlée. » 

 Je n’aborde pas les pamphlets nombreux, écrits dans une période politique difficile. Il a été marqué par l’absurde de la guerre et des conflits d’idées, son caractère difficile, rugueux, son histoire personnelle ont guidé ses choix. On dit souvent que « le style c’est l’homme », alors bien plus que Hugo, « il a mis un bonnet rouge dans son encrier » ; avec un de ses amis, il parle constamment argot. Sorte de dualité entre son personnage et lui. Ses romans soutiennent plusieurs lectures : il est anarcho-gauchistes, pré-existentialiste, et cherche surtout le succès, puisqu’être « vrai » n’apporte rien… selon lui ! il faut bien vivre… !

Notre groupe s’empare de la discussion, elle est forte car le personnage est clivant : bravo de mettre en avant vos opinions et ce qui vous paraît important, valeurs, expériences, émotions, désir d’harmonie, de douceur, ou de réalité, pour ne pas dire Réalisme… Pour répondre aux besoins de chacun, nous reprendrons nos lectures sages et positives, toutefois il est sage aussi de se confronter aux aspérités de la vie et de savoir prendre des distances après une longue respiration. Le bien et le mal coexistent, et tout n’est pas binaire…

Nous nous retrouvons, si vous le voulez bien, le 24 avril à 14h30 à l’Ermitage, pour de nouvelles aventures : Marie José nous présentera une approche sur l’inconscient qui la passionne avec « la nouvelle économie psychique » et nous aurons d’autres livres.

 Le mardi 9 mai, peut-être à l’Ermitage selon les réservations, ou chez Nicole qui vous recevra avec joie, à 14h30 ; Sylvie souhaiterait que nous apportions chacun un livre ou un poème qui l’a fait vibrer sur le thème de l’Amour. Nous le méritons bien ! Ce Café littéraire sera reprécisé ainsi que le lieu de réunion.

Merci à vous tous, amies, amis qui partagez ainsi, chacun, une partie de SOI.

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Pour les passionnés de l’Histoire des idées, des Arts plastiques, Peinture et Musique.

 En parlant de ses lectures, Louis m’avait fait part d’un dernier livre de Michel Onfray, philosophe et polémiste où il reparle du thème de la « déconstruction », « La nef des fous 3 » et beaucoup d’autres.

A ma façon, je vous rappelle quelques éléments historiques.

Ce mouvement recouvre *l’héritage de Friedrich Nietzsche, et Arthur Schopenhauer, « Du passé faisons table rase ».. ; la fin des mouvements du Réalisme ou du Naturalisme en  peinture et littérature autour de la guerre de 1914-18. » « Dieu est mort, tout est possible »…

Une recherche de la Modernité avec l’école du Bauhaus, en Allemagne, à Weimar 1919 ; ce courant initié en Architecture, avec le Design, la Photographie, les Costumes, la Dance, voulait encadrer le Changement après le Conservatisme des styles de la fin du 19ème siècle.

En peinture, déjà, l’Impressionnisme remet en question la couleur, les formes, avec des modifications de la représentation de la lumière, le choix des couleurs, mais aussi le « Pointillisme » (avec Seurat et autres), la dissociation des molécules, les a-plats du « Cubisme », avec la liberté que prend Franz Marc en Allemagne (les Renards, le Cheval Bleu) mouvement repris par nos peintres Gauguin, Van Gogh, et Picasso… Ces recherches vont jusqu’à l’Expressionnisme E. Munch, le Cri, puis l’Abstraction, avec Kandinski, venu au Bauhaus, après les événements de 1917 en Russie, la Révolution : (voir Mikhaïl Cholokhofv:  1928 Le Don paisible, combat des Rouges contre les Blancs, Prix Nobel de littérature en 1965).

On peut faire une semblable réflexion sur la Musique et les Lettres. Le Dadaïsme en est une précoce manifestation : il ouvre des recherches sur le Surréalisme, André Breton, : les techniques du « rêve éveillé », « l’écriture automatique ».  Ces deux courants sont complexes parce qu’ils intègrent littérature, poésie, peinture. Nous en avons parlé il y a deux ans, avec Marcel Duchamp et son frère. Venu de Roumanie Tristan Tsara, en 1916, fonde le Dadaïsme pour faire entendre la détresse des hommes déchirés par la guerre. Il réunit Picabia, Arp et autres. L’art Dada est tout sauf rationnel, il est ludique, impertinent et subversif, on commence à parler de « comportement ». Il est virulent contre le conformisme bourgeois et sa morale. Il est précurseur de nombreux mouvements à venir qui dénoncent la guerre, la société stratifiée. Mouvements de jeunes contre les gens établis… Francis Picabia dénonce la mécanisation de la société qui réduit l’homme à des épures industrielles. (Fordisme aux USA). Man Ray, Picasso, ou comment voir les objets ou les visages autrement ? J.Miro, R.Magritte « Ceci n’est pas une pipe », S.Dali et le rêve….