Malgré les vacances familiales si importantes pour nous tous, les voyages, les jeux avec les enfants, nous sommes un bon groupe qui se forme autour de nos animateurs. Marcel, Louis, Sylvie ont accueilli Maryse, Jean, Noëlle, Ida, Nicole, Aurore, Isabelle, Marie-Odile, Nadine. Je remercie les lecteurs qui ont prévenu de leur absence : cela nous aide beaucoup.
C’est Maryse qui est prête pour intervenir sur le livre de Catherine Bardon : « Une femme debout » édition Pocket 2024. Il est intéressant de trouver de l’information sur Haïti et La Dominique, grâce à ce roman. Il est composé en trois parties : je résume la première partie, puis vous lirez le chemin de vie de cette famille Haïtienne. C’est le roman de la désespérance au début, la chaleur, la misère, mais pour les pécheurs du Marigot les poissons permettent de survivre en 1950. Marie-Carmen et André ont un Petit Louis encore Bébé ; le village est sollicité pour aller travailler dans des plantations, les promesses de vie facile, de métiers intéressants font réfléchir les jeunes du Marigot. Mais il faut laisser Petit-Louis à sa Grand’Maman pour le protéger. Ils se décident et prennent le bus « Tap-tap » pour aller à Port-au-Prince, une grande ville à découvrir, dans des conditions médiocres pour ne pas dépenser. Fatigués, ils sont entassés dans un camion fermé, chaud, véritable prison qui les amène au Hameau de Lecheria, dans la Dominique. Et l’espoir ?

Là, « Marie-Carmen retrouve des odeurs de misère », saleté, dureté de vie, presque sadisme des dirigeants. Ils apprennent la loi du Batey, sorte de camp de travail où ils vont vivre comme des esclaves dans une plantation de canne à sucre, sous un soleil d’enfer.
Promiscuité, vie en groupe intégrale, danses lascives, pratiques du vaudou. Ils ont fait une erreur, les femmes nettoient, font une cuisine médiocre, ont des enfants et les hommes sont esclaves dans la plantation. Marie-Carmen attend un deuxième enfant, puis un troisième, puis un quatrième : des garçons, ils seront vite employés pour des travaux de base. Ils ne peuvent que rester donc, malgré leurs rêves. Au bout de onze ans, naît le cinquième enfant et Marie-Carmen souhaite une amélioration de leur situation, un accouchement plus digne et confortable, elle souhaite une petite Sonia, mais l’environnement ne les aide pas. L’employé de Mairie l’enregistre « Solain Pie ».
Tant pis, on réagit ; le père Anselme, en 1971 vient du Québec pour s’occuper des enfants : Sonia, une élève brillante : il va l’aider en payant ses frais de scolarité. Dés lors commencent la lutte et l’espoir. Vous lirez avec grand intérêt ses premières luttes, et ses études. Puis dans la dernière partie ce que devient Sonia, sa lutte contre la loi créant « apatrides » les travailleurs venus de Haïti pour la survie de la Dominique et comment se créa l’ONG « Le mouvement des femmes dominicaines et Haïtiennes. » Elle meurt en 2011, à Villa Altagracia.
L’écrivaine choisit une phrase de Laurent Bénégui, dans Retour à Cuba : « Les livres servent d’écrin aux vies, ils les tiennent à l’écart de l’amnésie, de la violence et de la désorganisation du monde. Voilà pourquoi il est nécessaire qu’ils n’en fassent qu’à leur tête. » Catherine Bardon est passionnée de voyages, de cultures étrangères, elle a participé pendant 25 ans aux publications Michelin, le petit Futé, Natural guide. Passionnée par la République Dominicaine, qu’elle a découverte au cours de ses vacances. Elle écrit beaucoup et bien : une trilogie « Les Déracinés », une biographie de Oro Trujillo, dictateur à la Dominique, parmi une vingtaine de livres.
Merci à Maryse, pour sa première présentation, elle a choisi un livre et une héroïne de belle qualité.
Isabelle poursuit les présentations avec « Madelaine avant l’aube » de Sandrine Collette. Prix Goncourt des Lycéens 2024, chez Lattès. (Notes de Isabelle)
L’écrivaine est née en 1970 à Paris, elle est une figure incontournable de la littérature française contemporaine, romans noirs ou thrillers. Parcours académique brillant, bac littéraire, master en philosophie, puis sciences humaines et sciences politiques. Les prix ne manquent pas en littérature policière, ou en littérature régionale. Pour le livre présenté, nous sommes dans l’univers rural du Morvan.
C’est un conte qui dynamite les mécanismes immémoriaux de la soumission, à travers l’irruption d’une enfant sauvage dans un monde paysan assujetti par la peur, la résignation. C’est un livre ardent au souffle romanesque puissant. Une chronique romanesque du fond des âges. Dans le hameau reculé des Montées, trois familles de paysans travaillent une terre qui n’est pas la leur, dans une contrée hostile, aux hivers interminables. Les jumelles Ambre et Aelis, s’affairent autour de leur mari respectif ; Eugène le débardeur forestier et Léon le sabotier du village, dans un quotidien rude, rythmé par les travaux des champs et la crainte des maîtres.

Ensemble ils s’occupent de leurs fermes avec les trois garçons d’Aélis. Un jour, leur voisine découvre une enfant perdue dans sa grange. Jetée là par le destin après un épisode de grand froid. Ambre la recueille, faisant d’elle l’enfant qu’elle n’a jamais pu avoir. Peu à peu la petite fille va bousculer leurs habitudes bravant un par un les interdits édictés par les maîtres.
Dans cette chronique paysanne, qu’on pourrait situer avant la Révolution dans une région qui ressemble au Morvan où l’auteur a posé ses valises, il y a une dizaine d’années, pour écrire ses romans, on plonge au sein d’une communauté d’agriculteurs en lutte pour leur survie et leurs libertés.
La Nature est omniprésente dans ce roman, personnage à part entière, à la fois mère nourricière et ange exterminateur. Dans cet univers figé par des servitudes ancestrales, où la soumission est imprimée dans les gènes, qu’est-ce qui fait que l’Homme finit un jour par se révolter ? C’est la question centrale incarnée par cette enfant sauvage : une âme forte dont la liberté n’a pas encore été rognée par des décennies d’asservissement. Madelaine va renverser l’ordre établi, sans peur et sans remords, et va venger sa caste, quitte à en payer le prix. Madelaine, archétype de l’instinct de révolte. Inoubliable. L’écriture est éblouissante. Lectures du texte pour ressentir le rythme, la tension, les évitements.
Un lecteur rappelle le livre présenté par Aurore « Une femme étrange » de David le Lait Hello. En revanche le thème est très différent de L’Enfant Sauvage, rééduqué par le Professeur Itard : « Victor de l’Aveyron ». Ce serait plutôt un modèle de l’aventure de Jeanne de Domrémy pendant la guerre de Cent ans, 1337-1453.
Merci à Isabelle, pour ce splendide conte et ta passion de faire connaître de beaux textes.
Aurore demande la parole pour rappeler la disparition de Mario Vargas Llosa, le 13 Avril 2025, au Pérou, il avait 89 ans. Romancier, journaliste, et homme politique, il a écrit une trentaine d’ouvrages, pièces de théâtre, essais, nouvelles. Il écrit en langue espagnole, il a enseigné la littérature hispano américaine au King’s Collège à Londres. Il fut anobli par le Roi Juan Carlos.
Son premier roman date de 1963 « La ville et les chiens » ; en 2010 Prix Nobel de littérature, en 2016 il publie des traductions dans le Pléiade ; 2021, il est reçu à l’Académie Française au siège de Michel Serres ; son élection est une exception, puisqu’il n’a jamais écrit en Français, sa présence ennoblissait notre Académie qui n’avait pas eu de lauréat de cette envergure depuis François Mauriac en 1954.
Merci à Aurore, spécialiste espanisante.
Et Sylvie propose le Moment de Poésie avec Paul Eluard : elle rappelle : « Qui ne lit pas à 70 ans aura une vie solitaire. » « Qui lit a vécu mille vies. » Sylvie a choisi plusieurs poèmes, les lecteurs ont demandé les textes complets des poèmes pour le relire ! Voici bien volontiers.
L’AMOUR LA POÉSIE ( 1929 )

IV / Je te l’ai dit pour les nuages
Je te l’ai dit pour l’arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l’œil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
Je te l’ai dit pour tes pensées pour tes paroles
Toute caresse toute confiance se survivent.
VII / La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s’entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d’alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d’indulgence
À la croire toute nue
Les guêpes fleurissent vert
L’aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaire
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté
III / La solitude l’absence
Et ses coups de lumière
Et ses balances
N’avoir rien vu rien compris
La solitude le silence
Plus émouvant
Au crépuscule de la peur
Que le premier contact des larmes
L’ignorance l’innocence
La plus cachée
La plus vivante
Qui met la mort au monde.
Merci pour ces lectures très inspirées, Sylvie.
Marcel souhaiterait présenter Marie NDiaye que nous avons vue à la grande Librairie. Avec le livre : « Le bon Denis » paru en avril 2025. (Son frère aîné est connu, Pap Ndiaye est historien et ancien ministre. Le Grand-Père paternel est un éminent personnage du Wolof ou Djolof, province du Sénégal avant la colonisation française. La famille, dynastie Ndiaye paternelle, régna depuis 1360)
Nous connaissons déjà le style remarquable, difficile, de cette femme noire, née en France, en 1967, d’une mère blanche Professeur et d’un père souvent absent. Elle est Prix Goncourt en 2009 pour « Trois femmes puissantes ». Marcel nous dit qu’il a été passionné par l’évocation du conflit intérieur qui anime son personnage dans le roman. Le titre est accompagné de « Traits et Portraits ». Dans une présentation presque similaire elle produit « un Autoportrait en vert », au Mercure de France.

Peut-être le personnage de Denis est-il porteur du conflit de l’écrivaine. Elle accomplit dans ce livre une analyse de la situation d’un être aux prises avec sa double culture ? Est-ce qu’avoir un physique de couleur est une culture ? Marie, par exemple, est française de naissance, d’éducation par sa mère dans la région de Pithiviers, elle se sent elle-même imprégnée de littérature, de coutumes de l’Aquitaine, mais son père, ses grands parents paternels ne la reconnaissent pas. (Lecture d’un passage). Cette sorte d’exclusion va même la conduire à vivre en Allemagne en 2012, sous la présidence Sarkozy. Et son physique est celui d’une belle femme africaine lettrée… La discordance entre son apparence et sa vie intérieure peut devenir très dérangeante et comment vivre avec ce double moi ?
« Ma mère est une femme en vert, intouchable, décevante, métamorphosable à l’infini, très froide et sachant, par la volonté, devenir très belle, sachant ne pas le désirer. Ma mère, Rocco et Bella, où en sont-ils à présent ? je n’écrirai pas, eux non plus, jusqu’au jour où, peut-être une lettre m’arrivera d’un lieu inconnu, accompagnée de photos d’inconnus qui se trouveront être mes êtres proches à divers degrés- lettre dont, même si elle est signée « Maman », je contesterai l’authenticité, puis que j’enfouirai quelque part où elle ne sera pas dénichée. » (C’est sa mère qui est en jeu cette fois, veut-elle généraliser ou atténuer la portée de ses analyses ? L’exclusion est-elle nécessaire pour survivre à ce conflit personnel ? N’est-elle pas trop lourde à porter, elle devient silence.
Merci Marcel de nous parler de ce conflit intérieur qui ne me paraît pas lié seulement à discordance sur le plan physique. Des idées ou volontés divergentes, des difficultés à faire confiance peuvent produire des silences ou des enfermements.
Sylvie prend la parole pour inviter Louis à intervenir avec François Cheng : « L’éternité n’est pas de trop » 2002. Cheng est né en 1929 en Chine (province du Jiangxi).
C’est un écrivain, poète et calligraphe français d’origine chinoise. Il est naturalisé français en 1971, membre de l’Académie française depuis 2002.
Il est issu d’une famille de lettrés et d’universitaires. Après des études à l’université de Nankin, François Cheng arrive à Paris avec ses parents en 1948 lorsque son père (1895-1975) obtient un poste à l’Unesco. Sa famille émigre aux États-Unis en 1949 en raison de la guerre civile chinoise, mais il décide de s’installer définitivement en France, motivé par sa passion pour la culture française. Il doit cependant traverser une assez longue période d’adaptation marquée par le dénuement et la solitude avant d’obtenir en 1960 un emploi au Centre de linguistique chinoise. Il se lance aussi dans des traductions en chinois de poèmes français, puis celles de poèmes chinois en français. Il souhaite faire converger les deux cultures.

En 1969, il est chargé d’un cours à l’université Paris-VII. À partir de là, il mènera de front l’enseignement et une création personnelle. En 1974, il devient maître de conférences puis professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales. Ses travaux se composent de traductions des poètes français en chinois et des poètes chinois en français, d’essais sur la pensée et l’esthétique chinoises, de monographies consacrées à l’art chinois, de recueils de poésies, de romans et d’un album de ses propres calligraphies.
François Cheng est profondément imprégné à la fois de christianisme et de taoisme (qui repose sur des concepts tels que le Yin et le Yang, l’harmonie avec la nature, et la simplicité), ce qui transparait clairement dans sa poésie.
Le livre : « L’éternité n’est pas de trop »
C’est un roman de passion amoureuse dans la Chine du XVIIème siècle, à la fin de la dynastie Ming.
Genèse du roman : A l’occasion de sa participation à un colloque dans l’ancienne abbaye de Royaumont, Cheng découvre dans une pièce remplie de vieux livres chinois, un texte qui va le bouleverser et le fasciner : « Récit de l’homme de la montagne ». L’auteur y raconte la passion vécue par deux personnages à la fois ordinaires et hors du commun. Vingt ans plus tard François Cheng tente de retrouver ce récit mais le livre a disparu. Il prend alors la résolution de restituer de mémoire cette aventure amoureuse si particulière, où les deux personnages ne pourront se retrouver que …dans l’éternité.
L’histoire
Dans un monastère de haute montagne, un homme, Dao-Sheng, qui n’a pas encore prononcé ses vœux se décide à quitter ce lieu de paix et de silence pour tenter de retrouver, trente ans plus tard, la seule femme qu’il ait jamais aimée. Lecture pages 27 et 28.
On comprend à cette lecture que Dao-Sheng a été lourdement condamné alors qu’il était jeune, qu’il a réussi à s’évader du bagne où il était retenu prisonnier, et qu’après quelque temps d’errance, il s’est réfugié dans un monastère.
Retrouvant son pays d’origine, il apprend que la femme qu’il a aimée est vivante, qu’elle est l’épouse légitime du Seigneur local Zhao. On découvre plus loin dans le texte comment cet amour très particulier est né, dans un regard unique entre lui, musicien de basse classe sociale, et une jeune fille Lan-ying, de famille aristocratique, à l’occasion d’un concert où il est venu jouer. Lecture page 54, 55, 56.
Le drame est consommé avec l’incident entre le jeune seigneur Zhao auquel est promise Lan-Ying et notre jeune violoniste qui a osé regarder Lan-ying. Elle lui a en retour laissé un signe en laissant tomber un mouchoir. Il sera chassé et envoyé au bagne.
Aussitôt né dans un seul regard, même pas dans une vraie rencontre comme Roméo et Juliette, ou Tristan et Yseult, cet amour a été contrarié et condamné dès le départ. Mais il est resté gravé au plus profond de ces deux êtres qui n’ont cessé d’espérer se retrouver un jour.
Je n’en dis pas plus et laisse nos lecteurs découvrir l’histoire de nos deux personnages Dao-Sheng et Lan-Ying. La magie de l’écriture de Cheng, et la profondeur de l’analyse des sentiments qui animent ses personnages en font un texte bouleversant, même pour nous aujourd’hui. Dans ce roman on se trouve à mille lieues de tout ce qu’a produit la littérature occidentale sur ce thème, on ne peut le comparer ni à Roméo et Juliette ni à Tristan et Yseult, même si on retrouve des codes et des interdits aussi précis que stricts. Il n’est pas seulement affaire de cœur et des sens, mais engage toute la dimension spirituelle de l’être.
Ce roman pourrait a priori ne présenter que peu d’intérêt pour le lecteur de nos sociétés actuelles, au moins du monde dit ‘occidental’ dans lequel la moindre rencontre entre deux personnes qui se plaisent peut se conclure dans une chambre dans la demi-heure qui suit la rencontre…Comme le dit avec beaucoup d’humour Boris Cyrulnik, on est aujourd’hui passé de « l’amour en CDI au sexe en CDD »
Merci Louis pour cette démonstration romantique !
C’est Sylvie qui va refermer notre réunion avec une dernière proposition : « The last, not the least » Elle souhaite présenter une BD composée par deux maîtres de la pensée et de l’écriture :
SOUS FORME DE BD : SACRÉ DIEU. De Frédéric LENOIR et Anne-Lise COMBEAUD
Les tensions liées au religieux rendent nécessaires et souhaitables des publications destinées à éclairer le fait et l’histoire du religieux.
« Dieu est mort » proclamait Nietzsche en 1882 dans le Gai savoir. Près de 150 ans après, force est de constater qu’il n’en est rien !
Plus de 6 milliards d’humains affirment croire en Dieu ou en une force supérieure et même en Europe, où la pratique religieuse s’est effondrée au cours des dernières décennies, croyances et nouvelles quêtes spirituelles prolifèrent : Dieu n’est pas mort, il se métamorphose.
En 12 chapitres (Le symbole est là !), les auteurs nous proposent un pari un peu insensé :

<Résumer l’histoire de la Religion au sens large, de son émergence jusqu’à nos jours. Le sujet est vaste, l’humanité ayant vu l’émergence de plus de 10 000 religions (sans compter les schismes et divers courants annexes), les auteurs ont dû faire des choix pour être à la fois lisibles, complets et accessibles à tous les âges.
Par conséquent, les grandes religions du monde passé (Polythéisme en Égypte et en Grèce) et présent (Judaïsme, christianisme, Islam mais aussi Bouddhisme, Taoïsme, Mazdéisme), leurs liens et points communs, ainsi que quelques auteurs et courants philosophiques représentatifs ont été privilégiés dans cet album.
Les auteurs retracent la naissance et le développement du fait religieux du paléolithique à nos jours à travers le Divin qui prend la parole pour se raconter.
De l’émergence du sentiment sacré, idée théorisée par le théologien allemand Rudolf Otto (1869/1937) par la notion de « mysterium tremendum », à la création des premières divinités féminines aux formes bien en chair, à la structuration des premières grandes religions organisées, l’album fait aussi la part belle à une réflexion toujours d’actualité : Le chapitre 4 intitulé « Je m’affirme ( je prends goût à la politique) » montre, en prenant appui sur l’exemple égyptien, comment le religieux, dès l’Antiquité, influence la vie politique et donc la vie des individus, en particulier par le biais de la divinisation des pharaons par exemple.
Puis nous glissons vers les mutations du divin et l’arrivée du monothéisme.
A partir du chapitre 8, les auteurs abordent la naissance et le développement du christianisme, de son évolution allant du statut de religion persécutée à persécutrice.
Puis au chapitre 9, celui de l’Islam, raconté par un philosophe musulman du XII ème siècle Averroès. Changement de ton : l’humour cède la place aux explications quant aux origines et à la structuration des deux cultes. De même Mahomet est représenté soit de dos, soit de manière à ce qu’aucune identification ne soit possible.
Le chapitre 10 « On m’attaque de partout » ouvre la période de doutes et des remises en question de la Religion sous l’effet des avancées scientifiques, de la Renaissance et de la période des Lumières.
Le dernier chapitre, intitulé « Coucou me revoilou » trace des pistes quant aux évolutions depuis le XXème siècle. Entre société de consommation, guerres, comment le religieux s’est trouvé une nouvelle voie, s’est réinventé et/ou radicalisé dans une partie du monde, Inde et monde musulman en tête, et les auteurs ne manquent pas de souligner que les mutations proviennent aussi, parfois des croyants qui cherchent à rompre avec des dogmes passéistes à leurs yeux, quitte à adhérer à de nouvelles formes de spiritualités inédites.
Frédéric LENOIR souligne à quel point ils ont voulu être très précis dans les informations.
L’approche est sociologique et distanciée et propose ici la thèse centrale défendue dans de nombreux ouvrages de Frederic Lenoir :
A chaque changement de vie des humains, nous assistons à une transformation des croyances et des représentations de Dieu ou de l’Absolu.
En conclusion, cet ouvrage est une opportunité de prendre du recul avec un peu de légèreté sur les différentes déclinaisons des religions et de comprendre toutes les richesses qu’elles ont apportées, mais aussi leurs moments moins glorieux dans l’histoire de l’humanité.
Les auteurs réussissent ce délicat mélange d’humour et de respect qui permet de rendre cette synthèse de presque 100 000 années d’histoire de Dieu, accessible et instructive quelles que soient les croyances de chacune et chacun.
ANNE – LISE COMBEAUD
Née le 22 janvier 1979 à Perpignan, après une licence d’histoire de l’art, Anne-Lise COMBEAUD obtient un diplôme d’arts appliqués. Maîtrisant pleinement les codes de la vulgarisation scientifique, elle se lance alors dans l’illustration et la bande dessinée en collaborant régulièrement avec de nombreuses maisons d’édition, ainsi qu’avec la presse adulte et jeunesse. ( Spirou, Pif, Fluide glacial…)
Elle est attirée par des sujets « engagés » Écologie, égalité homme-femme, cause animale…Elle est l’auteure d’un album de vulgarisation de la philosophie : Philocomix. Elle vit actuellement en Belgique et pour composer ses dessins, elle utilise, dit-elle, une petite frite bien robuste qu’elle trempe dans l’encre de chine ! Technique qui se révèle très efficace !
En collaboration avec Frédéric Lenoir elle s’attaque à SACRÉ DIEU : une épopée fantastique, l’histoire du divin sous toutes ses formes, de la préhistoire à nos jours, racontée par Dieu en personne. Avec humour, avec des anecdotes historiques et des surprises, elle tente de nous faire mieux comprendre par le dessin, l’évolution des sociétés humaines et l’attrait des humains pour le merveilleux.
Apprendre en s’amusant telle est l’ambition de cet album, mis en scène et dessiné avec talent pendant trois ans ! Et comment résister à l’envie d’exploiter les formidables possibilités de transmission offertes par le médium BD, objet qui peut être un outil à la fois intelligent et populaire et qui parle à tous ?
Son graphisme fait mouche auprès des adultes comme auprès des ados, qui trouveront ici un premier récit historique les initiant concrètement à l’histoire des religions grâce au texte de Frederic Lenoir, loin des aberrations qui circulent sur les réseaux sociaux, le tout avec sérieux et humour ! Cet album illustre ce message qui clôture le chapitre 9 par la voix d’Averroès :
« Lisez les livres, et surtout ne cessez jamais d’étudier ».
FREDERIC LENOIR
On ne présente plus Frédéric Lenoir. Philosophe, sociologue, historien des religions, conférencier et écrivain.
Auteur d’une quarantaine d’ouvrages, essais, romans, contes, encyclopédies, traduits dans une vingtaine de langues et vendus à plus de dix millions d’exemplaires.
Dont un livre phare « LA PUISSANCE DE LA JOIE ». Il écrit pour le théâtre, le cinéma, et la bande dessinée, souvent en binôme, souvent avec une femme.
Il est croyant, il croit en la présence du Christ. Tout jeune il ouvre la Bible et tombe sur l’Évangile de ST Jean et se met à pleurer. « J’ai ressenti une présence vivante d’amour » se souvient-il, mais il prêche pour une spiritualité évangélique sans clergé. Bien qu’il reconnaisse que l’église et ses prêtres ont le mérite d’avoir porté l’Evangile jusqu’à notre porte, il maintient qu’aucune religion n’est plus vraie que les autres.
Agacé d’être considéré comme un expert en religion, il rappelle qu’il est avant tout philosophe. Ce qui l’intéresse « c’est de penser le monde d’aujourd’hui et les moyens de l’améliorer ». Il est intimement convaincu que l’avenir du monde est, non pas dans un retour au religieux, mais dans l’épanouissement d’une spiritualité universelle détachée des traditions particulières. Le succès de son « Petit traité de vie intérieure » qui explique comment accéder à un bonheur vrai et durable en puisant chez toutes sortes de penseurs : Bouddha, Spinoza, Nietzsche, Kierkegaard… le conforte dans cette idée.
Il expose la sagesse élaborée pour lui-même depuis l’adolescence, un mélange de philosophie, de spiritualité et de psychologie des profondeurs. « On ne pourra changer le monde qu’en se changeant soi-même, c’est-à-dire en redécouvrant sa dimension intérieure ».
A chacun de développer cette part spirituelle comme il l’entend. Quelles que soient nos croyances, l’important est de cultiver et de promouvoir ces valeurs universelles qui nous unissent et dont dépend l’avenir de toute l’humanité : La justice, la liberté, l’amour. Certes, encore faut-il s’entendre sur ce que signifient ces grands mots ?
Magnifique présentation de cette œuvre et de ses auteurs. Merci Sylvie.
Mais déjà elle court préparer la table, les gobelets, le Thé et les chocolats de Pâques, Œufs et petits Lapins. Nous fêtons Pâques avec Frédéric Lenoir et des chocolats Suisses. Nous avons beaucoup de chance et nous souhaitons autour de nous la Paix, beaucoup de livres à faire aimer, des auteurs profonds et passionnants, des cafés littéraires à développer pour que les passeurs soient très nombreux à donner envie de lire.
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Nous nous retrouvons dans quinze jours, le lundi 12 Mai, à l’Ermitage à 14h. ET….
Malagar nous demande combien nous serons le Mardi 27 Mai, pour la visite du domaine et du centre d’exposition de l’œuvre de François Mauriac, à 16h. Covoiturage à 13h30.
Nous rencontrerons probablement Anne-Marie Cocula, et nous prendrons réservation pour la « Soirée de la Lecture » par des artistes dans le parc de Malagar, le samedi 5 juillet 2025 : avec un pique-nique avant 19h, sous les arbres et une soirée qui débute à 19h30. Nous devons nous décider rapidement. Merci à tous.