Notre groupe d’animation : Il est réduit aujourd’hui, nos amis ont pris quelques jours de repos ou de voyage. Nous sommes nombreux à vouloir participer à cette réunion littéraire qui nous donne envie de lire, d’aller au cinéma avec Isabelle, de retrouver un atelier d’écriture bientôt. Il y a tellement de projets dans Passerelles pour s’ouvrir sur les nouveautés des Concerts, des visites de Musées, et autres. C’est le début des vacances de notre zone, sont autour de Louis qui anime la séance, Aurone, Jean, Annick et Monique, Noëlle, Béatrice et Nicole, Marielle, Isabelle, Marie. Mais nous pensons à Ida, Maryse, Marie-Jo, qui ont prévenu de leur absence ; merci beaucoup. Nous pensons à Marie-Odile, Jacqueline, Françoise peut-être en voyage comme Sylvie, Nadine, Anne, Evelyne nous a manqué, plusieurs livres présentés par ses soins ont été évoqués.
Les présentations possibles : un film, deux livres et un poème.
Louis demande à Isabelle de commencer par le film de samedi, sur Bob Dylan :
Bob Dylan, dans un film de 2024 réalisé par James Mangold « Un parfait inconnu » incarné par un jeune acteur Timothée Chalamet tout à fait inspiré. Le scénario reprend les cinq ou six années de la découverte de cet artiste, 1959 à 65 environ, ce sont les premières chansons. On sait que Bob Dylan vit, chante, compose, reçoit un prix Nobel de littérature en 2006 pour ses recherches d’une musique populaire. A travers les paroles, on retrouve l’époque traversée par des crises majeures les missiles nucléaires à Cuba, l’assassinat de JFK, les oppositions à la guerre du Vietnam une puissante toile de fond. Merci à Isabelle de nous en parler avec enthousiasme, et elle pense à faire apprécier le film par les spectateurs qui l’ont vu avec la joie de retrouver les musiques de notre jeunesse.
Puis Louis se tourne vers Nicole. Elle vous propose un retour sur Robert Desnos dont a parlé Joël Mansa avec émotion.
<Je vais vous parler de sa vie, elle est intégrée à son œuvre poétique qui va s’enrichir constamment de ses expériences, de ses rencontres, ses coups de foudre. J’ai trouvé quelques livres sur le poète, mais j’avais depuis toujours le livre écrit poétiquement de Pierre Berger, professeur de Lettres à Bordeaux de 1945-1970.
Plus récemment Gaëlle Nohant a écrit un ouvrage important « Légende d’un dormeur éveillé » 2018, en suivant tous les lieux de vie de Desnos dans Paris, au Maroc, au Brésil, en Bretagne pour comprendre cet écrivain qui en 45 ans d’existence a eu mille vies, comme poète, critique de cinéma, chroniqueur-radio, résistant de la première heure. Il ne s’est jamais départi de ses fondamentaux : soif de liberté, d’amour, une vie héroïque et engagée. Il a eu un atelier rue Blomet à Paris, où il a pratiqué des séances de « spiritisme » durant lesquelles il libérait son inconscient. Il fréquentait les cafés de Montparnasse, Le Sélect, La Coupole, en compagnie de Eluard, Man Ray, Garcia Lorca. Il écoutait André Breton, le Pape du surréalisme, fumait l’opium avec une chanteuse Yvonne Georges qu’il aimait sans réciprocité. Une femme inaccessible mais avec laquelle il a dansé des nuits entières au Bal Nègre aux côtés de Jean Louis Barrault et de Kiki, ( Youki, qui sera son épouse pendant 7 ans.)
Il est autodidacte, fils d’un mandataire aux Halles cad au centre de Paris, et de Claire Guillois, des gens simples et travailleurs qu’il va laisser pour l’aventure. Il laisse le collège vers 15 ans et rêve de poésie, d’errances dans le vieux PARIS ; il lit des poètes particulièrement Gérard de Nerval, romantique et amateur de mystères et de secrets qui est mort dans le quartier, à l’emplacement du Théâtre de la Ville, pendu à une grille en face de la Tour Saint-Jacques où vécut Nicolas Flamel, magique, un peu sorcier puisqu’il pratiquait l’Alchimie, faire de l’or, des drogues…
Il rejoint à 20 ans le groupe surréaliste avec René Crevel un poète très doué qui pratique le rêve éveillé et l’écriture automatique. Il reconnait que Desnos est très doué, il a des capacités verbales exceptionnelles, comme Rimbaud : Desnos devient le voyant, le médium ; il dessine, écrit pour les enfants, « Les chante-fleurs ». Ils se lancent ensemble avec fougue dans des expériences de sommeil hypnotique : en 1922-23 Desnos fait paraître : « Rose Sélavy », un personnage créé par Marcel Duchamp. Robert Desnos est vraiment doué, libre, sans code, et avec de l’humour. Lecture page 66 « Prométhée- moi l’amour »… Liberté ou l’Amour 1927(Les promeneurs de la nuit) lecture page 127, un peu longue mais pleine d’humour et d’érotisme.
Puis il se tourne vers le cinéma, où il retrouve la réalisation de certains rêves. Il écrit de nombreux scénarii qui n’auront pas de succès. Et pour vivre, il devient journaliste, rédacteur dans La révolution surréaliste. Mais il rompt avec André Breton qui veut imposer des idées de gauche radicales. Des peintres et poètes comme Tristan Tzara, Picabia, venus de Hongrie prennent une grande importance, mais Desnos n’accroche pas. En 1933, il crée avec succès la série des Fantômas à Radio Paris, il lit « la complainte de Fantômas » qui a un grand succès ; Il est heureux, depuis 1930, Foujita, le peintre, doit repartir et Youki le quitte pour Robert : ils ne se quitteront plus. Il est concerné par les mouvements d’intellectuels antifascistes et adhère à leur Comité de vigilance. Poèmes du bagne ; page 178 (Craie et silex et herbe et craie et silex…) pour chœur et récitant qui fut interprété devant le monument du Mont valérien pour un anniversaire de la libération.
En 1940, il reste à Paris, il redevient journaliste pour le quotidien du réseau « Résistance Agir. ». Il est arrêté en 1944, (sa situation est éminemment dangereuse) déporté à Buchenwald puis d’autres camps, puisque les nazis se replient vers l’est. Il meurt le 8 juin 1945 à Terezen, lecture du dernier jour. Page 6- 7 (à Terezen : <Est-ce que vous connaissez le poète français Robert Desnos ? <les yeux du moribond se firent alors indicibles>….)
Desnos est étonnant au sens où la poésie est dans son inconscient et surgit presque constamment comme une source : revues prophétiques, cris de révolte, amours blessées. La nuit devient une aventure, un charme ! (sortilège).
J’ai tant rêvé de toi
Tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
Qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
Qu’à être fantôme parmi les fantômes
Et plus ombre cent fois que l’ombre
Qui se promène et se promènera allégrement
Sur le cadran solaire de ta vie.…A la Mystérieuse. In Corps et biens
Louis prend la parole, alors, pour décrire : La loi de la tartine beurrée, de Jean-Marcel ERRE, Chez Buchet-Chastel 2025

Il s’agit d’un texte très court, de 200 pages, qui se lit rapidement. Il est en effet difficile de le lâcher, du fait de l’inattendu et de l’absurde des situations dans lesquelles se débattent les personnages.
Jean-Marcel, gendre de Louis, a encore frappé fort avec ce nouveau roman, toujours dans le genre humour « déjanté ». Il s’attaque cette fois à ce qu’il désigne comme étant la 4ème force fondamentale de l’univers, qui régit nos existences, détermine nos vies : « les emmerdes » ! Le titre fait bien sûr référence à la célèbre loi dite de « Murphy » : « Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera mal ». Lecture en réunion du prologue de 2 pages.
Cette loi est illustrée dans le roman par les situations extravagantes et kafkaïennes dans lesquelles se trouvent les deux personnages principaux d’un couple, Anna et Jean-Luc. Ce couple de Psy est mis à rude épreuve dans ces situations, et les théories freudiennes en prennent en passant un sacré coup.
Au milieu de ces situations absurdes, ce roman propose un texte très drôle sur le couple. Jean-Marcel s’interroge d’ailleurs : au fond, n’est-ce pas le propre du couple de savoir dépasser ensemble « les emmerdements » ?
N’en disons pas plus et si vous souhaitez vous amuser un peu, lancez-vous dans cette lecture réjouissante.
Merci à Louis de nous faire apprécier des œuvres d’avant-garde !
Il donne la parole à Aurore qui veut partager avec nous un poème de François Cheng en l’honneur de Louise. Disparue cette semaine.
< Nous qui te voyons
Sommes émus aux larmes
Nous ne t’oublierons plus
T’ayant rencontrée
Ton regard innocent
Ton visage d’ange
Tu vis en nous, Louise
Tu ne mourras pas.>
Les commentaires sont élogieux, nous pensons tous à elle.
Puis Isabelle prend la parole et demande à la cantonade :<Vous tous que lisez-vous actuellement ?>
On entend, *SEPULVIDA, écrivain chilien « Le vieux qui lisait des romans d’amour » ou Le monde du bout du monde 1989 »
- « Charlotte » de Foenkinos Prix Goncourt des lycéens et prix Renaudot 2014
- « Suite inoubliable » de Akira Mizubayashi 2023
- « Ame brisée » 2019 de Akira Mizubayashi
- « Le luthier de Crémone » par Herbert Le Porrier 2011
- « Les règles du Mikado » de Erri de Lucca 2024 théorie du chaos
Voilà des livres sympathiques. Merci à Isabelle de faire vivre notre groupe et de produire de nouveaux échanges.
Après avoir goûté quelques choux, avec « LE THE de vieilles dames anglaises » je vous rappelle que notre prochain « Café littéraire » se tiendra le 10 mars à 14heures.
Bonnes lectures et promenades.
PS : pour ceux qui connaissent peu le spiritisme, fort à la mode à la fin du 19ème Siècle : vous pourrez lire « Spirite » de Théophile Gautier paru en feuilletons dans le Moniteur universel du 17/11/au6/12/1865. Victor Hugo se plaisait à vivre des séances d’expériences entre amis dans les Iles Anglo-Normandes, pendant son exil