Se sont excusés et nous les en remercions : Marie-Jo, Ida, Sylvie, Eric, Noëlle, Annick, Marie, Françoise, Maryse, Nadine, Béatrice. Le CR leur sera envoyé, bien sûr.
Ont rejoint le café littéraire : Louis, Nicole, Marcel, Jean, Evelyne, Monique, Aurore, Marie-Odile, Marielle, Jacqueline.
Informations : Marcel anime la réunion et reparle de la visite du bâtiment Le Corbusier, à Pessac construit en 1924, visite qu’il a commentée avec Mauricette. Il annonce à nouveau le Ciné-Passerelles du 14 Avril 11.30h ; l’Atelier Scientifique : le 14 Avril à 14h ; Malagar 27 mai après-midi.Sur le site de PasserelleS vous pouvez retrouver les divers ateliers : cuisine, photos, écriture, sorties, concerts, les dates, les accompagnants. Ces informations ont été actualisées lors du Bureau de ce même jour.
Puis il sollicite Jean qui souhaite parler des chansons poétiques. Souvent des poèmes très connus sont mis en musique par des chanteurs de valeur ; Jean se lance « A Capella » il a choisi le poème de Francis Jammes « La Prière » mis en musique par Brassens :
<Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s’amusent au parterre ;
Et par l’oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s’ensanglante et descend
Par la faim et la soif et le délire ardent :
Je vous salue Marie.>
<Par les gosses battus, par l’ivrogne qui rentre,
Par l’âne qui reçoit des coups de pieds au ventre
Et par l’humiliation de l’innocent châtié,
Par la vierge vendue qu’on a déshabillée
Par le fils dont la mère a été insultée :
Je vous salue Marie.>
<Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids
S’écrie : « Mon Dieu !». Par le malheureux dont les bras
Ne purent s’appuyer sur une amour humaine
Comme la croix du fils de Simon de Cyrène ;
Par le cheval tombé sous le charriot qu’il traîne :
Je vous salue Marie>. … /…
Nous saluons tous le chanteur, et, pour répondre à notre « encore », il entonne l‘air connu de Brassens : « Il n’y a pas d’amour heureux. » poème de Louis Aragon, écrit en 1943.
C’est un moment rare que Jean vient de nous faire vivre, nous retrouvons notre passé. Au moment où je l’écris, je réalise que c’est le « fil conducteur » de notre réunion que nous allons retrouver dans ces pages, tellement il est puissant.
Evelyne nous parle de son expérience, assister à l’émission littéraire « La Grande Librairie » de mercredi dernier où se produisaient plusieurs écrivaines : Marie Ndiaye, écrivaine bordelaise bien connue depuis, « Trois femmes puissantes », Prix Goncourt 2009 ; Anouk Grimbert et son livre :« Respect », Marion Garcia philosophe, sur le livre « Vivre avec les hommes ». On parle de cas connus « le procès Pélicot, ou d’ententes difficiles, de Nicolas Demorand journaliste, de Léa Salamé. Evelyne est intéressée par le thème de la maladie mentale et Marie-Odile notre Psychiatre ainsi que Marcel entreprennent une réflexion sur les bienfaits de la verbalisation d’un dérangement ou d’un accident pour que les mots cernent le ressenti ou le trouble qui sont devenus une souffrance.
Tous, nous avons des exemples de cette possibilité de surmonter un chagrin, ou un incident traumatisant par les mots, Evelyne insiste sur le comportement : « Tu craches ces mots, » et je pensais en moi « Ne te complais pas dans ton écrit ou dans la cure en Psychanalyse ». Et je l’approuve tout à fait, car il y a un danger à se réfugier dans la rumination de ce qui nous a fait souffrir. Après la libération que cette mise en mots peut procurer, il est bon de créer du changement dans sa ligne de vie, et généralement cela se produit. Marie-Odile nous reparle du cycle maniaco-dépressif. Elle nous rappelle un regret vécu par un de ses professeurs qui lui confiait une de ses craintes après le suicide d’un patient. Tant de situations vécues peuvent être porteuses de regrets, ou de responsabilités hypothétiques qu’on ne démêlera jamais.
Marcel reprend le cours de nos échanges : Aurore voudrait nous parler d’un livre qu’elle a trouvé en faisant ses courses. Elle s’est arrêtée devant un stand de livres qu’un homme collectionnait. En bavardant, il lui raconte cet homme étrange, SDF, presque volontaire, vivant sous les ponts et dont on a écrit l’aventure :

C’est Patrick Azzurra qui a publié : « En Amont »2021 : Coup de cœur des lecteurs en 2022. Cet homme surnommé Quinquin, a été secouru par le Maire de Bordeaux ; mais il a revendiqué sa liberté et le droit de retrouver tous les livres qu’il avait réunis. Une vieille dame l’aidait un peu en lui permettant de prendre une douche, en lui donnant un peu de nourriture. Il raconta sa jeunesse difficile dans une ferme, petit garçon qui dormait à la belle étoile et ne demandait rien. L’écrivain décrit avec émotion les histoires de personnes qui ont su faire leur chemin avec ténacité. Sa propre expérience lui a permis d’être attentif à ces courageux dont on parle peu. Merci à Aurore de nous attirer vers ces expériences.
Actuellement, P. Azzurra propose ses livres à L’Espar ( ?), club de lecture et Marcel d’insister : « Tout le monde peut écrire. » Pour lui-même, écrire est devenu une grande activité dans sa vie.
Marcel enchaîne avec la présentation d’un homme étrange qui s’est suicidé vers 41ans, après une vie difficile d’ouvrier Carrier, le jour et l’écriture de poèmes, la nuit. Il a photocopié une préface de Jean GrosJean, rédacteur chez Gallimard, sur « Journal d’un manœuvre » de Thierry Metz.
Le traducteur de la Bible, du Coran et écrivain s’est intéressé à ce tailleur de pierres, manœuvre, humble travailleur le jour, et qui la nuit, écrivait les mots, cherchait du vocabulaire précis pour expliquer le travail, la fatigue, la douleur. Un hasard cruel voulut que le jour où son manuscrit fut accepté, Vincent son deuxième fils mourut d’accident sur la nationale en poursuivant le chien, une voiture l’a fauché, à 8 ans. Interné volontaire à l’hôpital Psychiatrique de Cadillac, il écrit : « Je ne sais plus où je vais, si je sais où je suis, Quelque chose qui n’arrive pas, Sans chemin n’importe où, Tel me veut l’appât, de marcher, Puis d’entrer comme une fourche, Parmi les roses… » Il a rejoint son petit Vincent. Marcel ressent une forte émotion devant ces paroles si fortement teintées de désespoir. Et nous partageons… Marcel nous lit quelques poèmes dans lesquels le concret de la tâche quotidienne se mêle aux phrases tendres et sensibles. Patrick Metz et quelques-unes de ses œuvres. Paru dans ‘Qu’est-ce qu’elle dit Zazie ?’ par Jérôme Garcin, lors de l’émission de 0h30.

Après quelques phrases sur Patrick Metz, nous cherchons des associations d’idées ou de thèmes et il nous en vient naturellement. On parle de la « patte » humaine, tâches, vie quotidienne, enfant, mort, regret. C’est Jean qui nous dit que notre origine est souvent très simple socialement et que les noms de famille le racontent : « <Par exemple, dit-il, Favennec, mon nom vient de fayard le hêtre commun, » « Marie-Odile Fayada nous dit la même origine. » mais Jean vient du Nord et Marie-Odile de Corrèze, Aubusson. D’ailleurs dit-elle, on connaît bien les ouvriers constructeurs, tailleurs de pierres, ils ont voyagé partout en France, pour les châteaux, les églises, les villages. Et Monique de reprendre : « Chez moi, ils viennent de la Gascogne et ce sont des familles avec peu d’enfants, un ou deux, Pourquoi ? Père souvent absent, peu de salaire, des mères qui savent gérer le ménage, ( et elle ne dit pas< le nombre d’enfants par l’avortement caché, parfois au dépend de la santé.>
Les maisons témoignent aussi de ces modes de vie. Et chacun de dire que les maisons de famille, celles des grands-parents souvent sont originales, et aimées pour leurs façades d’architectures régionales, pays basque, chalets de montagne, fermes anciennes, bordelaises. Dans d’autres cas, les villages ne se sont pas adaptés à l’évolution des modes de vie, des techniques d’architecture et en fait les enfants vont créer des habitats à leurs goûts en périphérie du village avec salles de bains, ou piscine plutôt que jardins potagers.
En parlant de Malagar où nous irons bientôt, c’est F. Mauriac que Marcel souhaite évoquer : depuis la façon dont il traite la famille bordelaise, les rites, les façons de vivre, les conflits familiaux Génitrix ou Thérèse Desqueyroux. Il raconte une anecdote impliquant son grand frère Raymond que Marcel aimait tant et qui connaissait bien l’écrivain. Dans un restaurant parisien ou bordelais spécialement choisi par F Mauriac, ils se retrouvent tous les trois, et dînent agréablement, et, à un moment l’écrivain demande au Maître d’hôtel un condiment supplémentaire, sel, moutarde ou épices et le Maître d’hôtel ouvre grand sa veste avantageuse et découvre des poches multiples garnies d’épices demandés. Un manteau « placard » dit Evelyne. Ah ! les habitudes prises dans les villes recevant des épices exotiques qui servent de monnaie d’échanges ; ce fut le cas des grands ports sur l’océan, La Rochelle, Le Havre etc… Mauriac savait observer les traits originaux de la Société. Cela nous rappelle les détails passionnants sur le Bordeaux d’autrefois qu’Eric nous a dépeints à la dernière réunion.
Marcel reprend sa parole d’Architecte et nous démontre que « la ville passe son temps à changer, à se modifier pour répondre à des besoins soit collectifs, soit individuels » ; Evelyne se plaint un peu que le Bouscat change de patrimoine, les immeubles aux formes brutes remplacent les « chartreuses », les maisons avec parcs arborés ; des exemples fusent, le grands boulevards haussmaniens pour modifier la sécurité dans les transports, mais aussi réfréner les mouvements de révoltes populaires. Modifier la hiérarchie des classes sociales selon les étages dans les immeubles et amener les classes populaires à vivre dans les périphéries des villes. Mais aussi la ville se reconstruit sans arrêt, avec des plans d’architecture qui survivent aux municipalités qui, elles, changent tous les quatre ou six ans maintenant. Et heureusement, sinon les lieux meurent en se délabrant. Parfois le Curetage intervient dans les jardins abandonnés, les hangars vieillis. Merci à Marcel de nous parler ainsi de nos rites sociaux.
Après ce grand tour de réflexions sur la société, les mouvements d’idées, les modes et les besoins humains de renouvellement, nous sommes satisfaits de ce long moment d’écoute, de partages, de conduite d’associations d’émotions, d’idées, de souvenirs, sous l’influence de Marcel ; grâce aussi au choix de Jean qui nous a emmenés dans son monde social et généreux ; grâce à Aurore, à Monique et à Marie-Odile qui nous ont montré le réalisme et la vérité du portrait de Thierry Metz, par l’histoire des métiers de leurs régions. Nous avons pris le temps de réfléchir sur nos habitudes, nos habitats, nos familles, en pensant à ce que pourrait être l’avenir de nos enfants ou petit-enfants.
Merci à tous pour ce grand moment de partages, autour des textes apportés par Aurore, Marcel, Jean, les références de Marie-Odile ou les questionnements de Evelyne.
Nous nous retrouverons lundi prochain 14 Avril, pour Ciné-Passerelles à 11h30, à l’Utopia, ou/et pour l’Atelier Scientifique avec Louis à 14heures.
Puis le Lundi 28 Avril à 14 heures, pour un nouveau Café Littéraire. Passez de joyeuses fêtes de Pâques.