Café – Thé littéraire du 03/02/2025 📜📚

Le Soleil est revenu, nous sommes réunis pour fêter les anniversaires, les échanges conviviaux, les moments de lectures et de découvertes ensemble. Sylvie a fait des crêpes… Louis, Marcel, tous les trois animent les échanges ; autour d’eux, Jean, Marie-Josée revenue de voyages, Patrick et Cathy qui participent déjà aux activités de Passerelles, Noëlle, Anne, Béatrice, Maryse, Isabelle, Françoise, Evelyne, NicoleS. Plusieurs de nos amies sont grippées Ida, Marie-Odile, Marie, Nadine, Monique, Annick, Jacqueline, Nicole C. va bientôt revenir de son île lointaine. Une pensée pour elles.

Marcel anime cette réunion et il demande aux lecteurs de se présenter rapidement.

Marie-Josée a voyagé en famille et elle retrouve le Bouscat ; Cathy et Patrick sont très actifs : Ils vont intervenir pour présenter une activité de Patrick, l’ONG Electriciens sans frontières, Jeudi 6 février, à la maison de l’Autre.

Louis interviendra le 10 février sur un atelier « Alimentation et santé »à la Maison de l’Autre.

Marcel a retenu 4 livres à présenter et plusieurs films qui sont à voir, mais nous ne les dévoilerons pas. Une question est posée, sur l’appellation de l’atelier littéraire, Thé littéraire fait « vieilles dames anglaises ! », le café littéraire était réaliste aux débuts de Passerelles, puisque le café était servi en début de séance, chez Nicole. Actuellement, nous sommes nombreux, l’objectif est de distraire les personnes isolées, de lire et commenter pour garder l’esprit jeune ! Il y a beaucoup de lecteurs passionnés de textes qui distraient, d’autres souhaitent garder leur capital intellectuel, d’autres enfin veulent partager leurs idées. C’est important. Des suggestions pour une nouvelle appellation seront les bienvenues.

Marcel demande à Nicole de commencer sa présentation : <Je reprends le livre de Jeanne Benameur « Vivre tout bas » Actes sud 2025. Vous pouvez rencontrer Jeanne sur You tube où elle parle de ses livres parus dernièrement

 Jeanne B est une écrivaine française d’origine marocaine par son père, tunisienne par sa mère et Algérienne par le sol où elle est née. Cette complexité a dû lui peser à certains moments de sa vie : « Je ne suis pas une femme de parti ni de militance. Je suis une femme qui a compris depuis longtemps que l’écriture menait à une liberté plus grande et que dans ce monde où la place de la pensée s’étrécie, il était nécessaire pour moi de faire ma part. C’est l’acte politique dont je suis capable. Alors je le fais ».

Elle montre bien dans « Vivre tout bas » que les rites sociaux des pays de son enfance refusaient à la femme une formation à l’écriture et à l’instruction. : « Sa mère préparait les repas et le rythme des journées était le même, répété tranquillement. Ce qui a changé son rythme c’est son entrée dans le monde des signes écrits. Elle était la seule fille à vouloir apprendre, mais c’était impossible, les filles n’y avaient pas droit ». Et peu à peu, elle saisit des bribes, elle suit un vieux maître et son bâton qui tracent des « signes » dans le sable. Puis du bout du pied, elle est obligée de les effacer. Tout alla bien tant que vécut le vieux maître. Ensuite elle est rejetée par le jeune maître « Il avait la voix dure et le regard qui balayait les femmes comme si elles n’étaient rien. »

Personne n’a deviné qu’elle savait déchiffrer le monde. Elle lisait, elle écrivait dans sa tête, ne laissait aucune trace de son savoir nulle part. On comprend mieux le titre de ce livre, poème en prose.

On comprend mieux son goût du silence et son humilité. Il reste que son récit est à la troisième personne et cela va modifier le sens du récit. Il n’y a pas de narrateur regardant ses gestes, ses attitudes, les interprétant ; elle se parle à elle-même à la troisième personne. Elle avait créé des poèmes pour son « étrange enfant » né sans avoir été conçu charnellement. Voilà des « traces » qui devraient vous orienter dans l’intrigue.

Déjà nous sommes dans le livre-poèmes qui va vous passionner. Chaque chapitre est centré sur un personnage ou une prise de décision de cette femme sans nom.

Pour vous aider à rentrer dans cette création poétique, nous allons essayer un exercice : Le style est original dans sa liberté et sa discrétion. Aucun mot de trop. Parfois une répétition pour reprendre le rythme du récit intérieur ; ce récit qui fait avancer l’intrigue : test de la page 12. Vous pouvez le retrouver dans le livre.

Vous connaissez les mots visuels, auditifs, olfactifs, gustatifs et kinesthésiques ou proprioceptifs ? Ils sont à la base des listes de mots que l’on apprend en langue vivante ou morte. Ajoutez-leur deux aspects, les uns décrivent le monde extérieur qui nous paraît réel, d’autres sont internes, (sorte de voix off) discours intérieurs, ou ressentis intérieurs, rêves intérieurs. Repérer dans un texte lyrique ou un poème, les diverses intentions de l’écrivain ou du récitant vous enrichissent soit dans votre lecture, ou votre interprétation, ou votre prose rédigée par la suite. Votre écriture devient plus libre, plus poétique. Cet exercice m’a obligée à lire plus lentement ce livre pour saisir au mieux les intentions de l’auteure : on arrive à une reconstruction du monde par cette femme qui a perdu son fils, qui le pleure encore, puis parvient à surmonter le chagrin et la perte.

Après cette analyse sensorielle d’un fragment du texte, j’invite nos amis à lire ce livre poème qui dessine un mouvement au-delà du récit, l’auteure atteint une sorte « panthéisme », un mythe spirituel à reconnaître et sa vocation « transmettre » être  passeur de savoirs. Je vous souhaite une bonne lecture.

Sylvie reprend la présentation avec un livre qu’elle a aimé à en être émue : Un bûcher sous la neige » de Suzanne Fletcher.2010. L’auteure nous emmène dans l’Ecosse du 17ème siècle.

 INTRODUCTION :   UN BÛCHER SOUS LA NEIGE.                SUZAN FLETCHER

<Si vous êtes effarés par la violence et la bêtise.
Si vous êtes contre le refus des différences.
Si vous voulez explorer ce qu’est la foi sans dogme, l’amour sans conditions.
Si vous pensez aimer la nature, sans pour autant vous y être enfouis, camouflés, amalgamés, au point de battre à son rythme, d’y vibrer, d’y éclore,
Si vous vous sentez seuls parfois, si vous avez peur de l’avenir dans son obscurité,
Si vous cherchez la lumière, la plus fragile comme celle d’un sourire, ou la plus grandiose en haut d’une montagne,
Ne passez pas à côté de ce livre. Oubliez tout, rentrez en méditation au cœur du monde et de sa beauté.
Suivez Corrag et renaissez à vous-même, revenez à l’essentiel. Réapprenez l’amour.
Saint Bernard (1090-1153) disait : « Les forêts sont plus instructives que les livres.
Les animaux, les arbres et les rochers vous apprendront des choses qui ne se trouvent pas ailleurs. »
On a parfois besoin d’un guide, d’UN BÛCHER SOUS LA NEIGE, d’une flamme dans la nuit, d’une urgence pour le découvrir et le comprendre.>

SUZAN FLETCHER ; l’auteure est née à Birmingham, en Angleterre en 1979.

Après avoir obtenu une maîtrise d’anglais à l’université d’York, elle part un an visiter l’Australie et la Nouvelle – Zélande. De retour en Angleterre, elle obtient une maîtrise en création littéraire à l’Université d’East Anglia. Après avoir été serveuse, libraire ou encore correctrice, elle devient enseignante, donne des cours d’écriture avant de se consacrer totalement à son écriture.

Elle vit actuellement dans l’Oregon avec son mari et sa fille.

 Après « La fille de l’Irlandais » (Eve Green), son 1er roman est couronné par les deux prix littéraires les plus prestigieux attribués en Grande-Bretagne, le Whitbread et le Betty Trask Award ; elle publie « Avis de tempête » (Oystercatchers)  puis « UN BÛCHER SOUS LA NEIGE »  son 3 ème livre sorti en 2010.

Elle a reçu le prix « Coup de Cœur » du festival Saint-Maur en Poche pour l’ensemble de son œuvre.

L’histoire :

A la mort d’Elizabeth Ière en 1603, le roi d’Ecosse Jacques VI, fils de Marie Stuart, accède au trône d’Angleterre sous le nom de Jacques Ier, mais il ne réussit pas l’unification avec l’Ecosse. Des guerres civiles éclatent et vont faire rage durant une grande partie de ce XVII ème siècle. En 1689, la révolution dite « Glorieuse » pousse Jacques II Stuart, converti au catholicisme, à l’exil. Guillaume d’Orange, époux d’une fille protestante de Jacques II, Marie, et fervent protestant lui aussi, débarque de Hollande pour le remplacer sur le trône avec la reine Marie.

Brigands et clans se déchirent et font la loi sur fond de conflits religieux. Les affrontements conduiront à deux révolutions.

En 1692, un massacre survenu à Glencoe en Écosse, défraye la chronique et suscite une indignation nationale.

Corrag, notre héroïne, va mourir au fond d’un cachot humide et glacial, lorsque la neige aura cessé de tomber, elle sera traînée sur le bûcher pour y être brûlée. C’est le sort réservé aux sorcières dans cette Écosse du XVII ème siècle.

Un religieux, Charles Leslie, enquête incognito sur le massacre de Glencoe, Il se force à rendre visite à Corrag dans sa prison. Elle est une survivante et un témoin du massacre.

Jour après jour, l’histoire de Corrag, cette petite femme fluette, en haillons et enchaînée, indépendante et sauvage, connaissant le pouvoir des plantes, va se confondre avec l’Histoire et révéler une vérité étouffée. Sa vérité propre aussi. Sa quête et sa lumière dans ces ténèbres…Un hymne à la magnificence des Highlands, de l’Ecosse et de la nature.

Un Hymne à l’amour aussi.

Quelle est pour vous la plus belle façon de le vivre ? De le donner ? Réponse à la fin du livre…. Merci à Sylvie ; Marcel pense surement à Torquemada qu’il déteste.

Isabelle a été passionnée par Camille Laurens, « Ta promesse » chez Gallimard, 2025. Camille Laurens fait partie de l’Académie Goncourt.

<Claire Lancel est romancière, elle a du succès. Au début du roman, elle a le sentiment d’avoir terminé une phase de sa vie. « Je romps une promesse. Lorsque je l’ai faite, c’est idiot, j’étais sûre que je la tiendrais. Enfin, idiot, je ne sais pas. La moindre des choses, quand on fait une promesse, n’est-ce pas d’y croire ?

Que s’est-il passé avec son compagnon pour que la romancière Claire Lancet doive se défendre devant un tribunal ? Au fil du récit, elle raconte comment elle s’est peu à peu laissé entraîner dans une histoire faite de manipulations et de mensonges.

Dans ce roman haletant comme un thriller, Camille l’auteure questionne le narcissisme contemporain, l’absence d’empathie, et se demande comment sauver l’amour de ses illusions.

<Claire Lancel est romancière, elle a du succès. Au début du roman, elle a le sentiment d’avoir terminé une phase de sa vie. « Je romps une promesse. Lorsque je l’ai faite, c’est idiot, j’étais sûre que je la tiendrais. Enfin, idiot, je ne sais pas. La moindre des choses, quand on fait une promesse, n’est-ce pas d’y croire ?

Que s’est-il passé avec son compagnon pour que la romancière Claire Lancet doive se défendre devant un tribunal ? Au fil du récit, elle raconte comment elle s’est peu à peu laissé entraîner dans une histoire faite de manipulations et de mensonges.

Dans ce roman haletant comme un thriller, Camille l’auteure questionne le narcissisme contemporain, l’absence d’empathie, et se demande comment sauver l’amour de ses illusions.

 Elle invite les lectrices à le célébrer et à le vivre, au-delà des promesses trahies.

Louis intervient pour dire une expérience d’un couple ami. Il a vécu cette lente prise de conscience de la jeune femme qui refusait de croire qu’elle se trompait, que son compagnon ne pouvait pas être aussi cynique.

Isabelle donne quelques pistes pour commenter son livre passionnant. L’auteure semble avoir vécu une expérience similaire et elle développe finement les prises de conscience difficiles de la jeune femme en face des jeux de pouvoir qu’elle affronte. L’aventure commence comme une romance heureuse avec le beau Gilles, expert en pantins et marionnettes. Elle lui promet de ne jamais écrire sur lui., et Gilles ne doit pas la trahir. Mais elle est romancière et elle sait que « dans les livres, le bonheur lave tout le monde » ; à la fin, elle est incarcérée et le beau Gilles est dans le coma.

Isabelle nous montre que le livre présente une structure : « l’Anatomie du Pervers » en trois étapes : Séduire, Réduire, et Détruire. Les protagonistes se retrouvent au tribunal : Gilles a séduit Claire qui entre dans une machine infernale. Ensuite Claire réagit et décrit sa descente aux enfers sur les deux-tiers du roman. Le film « Anatomie d’une chute » pourrait être un modèle de comportement pervers à rapprocher de l’intrigue de « la Promesse ». Pour Claire, c’est aussi le roman d’un « ratage ».

Le style est vif, complexe car il dessine son courant de pensée dans le cadre de cette explication avec elle-même et son public. La personnalité du marionnettiste se dévoile peu à peu, c’est un dangereux sociopathe, dépourvu de toute compassion, il tire les ficelles de l’attirance et de la destruction. Une démonstration de « l’emprise », structure narrative impeccable d’une maladie mentale. C’est un narcissique qui ne donne rien, car il a peur de manquer. Elle est un obsessionnelle qui veut tout donner dans l’espoir qu’on le lui rendra…Il faut demander à notre amie psychiatre ce qu’elle en pense. Bravo à Isabelle pour cette belle démonstration.

Marcel nous présente « Nexus » de Yuval Noah Harari, ou une <brève histoire des réseaux d’information depuis l’Age de Pierre jusqu’à l’IA>. L’écrivain est né dans les années 1970, il a étudié en Israël et en Angleterre et enseigne à l’université. Influencé par Karl Popper et David Deutsch. Il représente un style de vie fortement libéral de gauche, dans son environnement. C’est une synthèse surement fondamentale sur le sujet, mais tellement générale qu’elle peut étonner les personnes averties.

Garder l’esprit critique, lui semble important, et Louis qui s’intéresse beaucoup à ces sommes de savoirs, reste un peu indifférent : Il cherche ses références dans quelques bases de données très proches de la réalité, et souvent actualisées. Cependant pour former l’esprit et le discours, pour savoir ce qu’est l’IA, cette lecture est indispensable. Sa critique de l’IA et de sa compétence générative sont classiques, mais elles existent, c’est utile. C’est une approche universitaire séduisante. On peut penser, disent certains critiques que cette somme de savoirs nous aidera à prendre les bonnes décisions pour éviter les excès et les déviances.  Sur Babelio, divers livres sont proposés abordant des thèmes proches. Merci à Marcel de nous introduire dans ces livres de synthèse qui parfois sont délaissés.

 

Nous entendons quelques informations sur les films à voir ces jours-ci : « Je suis encore là » un très beau fim sur la dictature brésilienne. Il faut aller le voir ! UN projet pour le 15 février 14h à l’Utopia, « Un parfait inconnu » sur Bob Dylan.

Heureusement, les crêpes et le cidre offerts par Sylvie vont nous redonner des forces. Chacun se lève, aide à l’installation du Buffet, échange des idées, des livres et lève son gobelet à l’anniversaire de Sylvie. Merci à Notre Amie. Merci à tous pour ce moment très riche et pour votre passion des livres et des échanges.