Café littéraire du 18/11/2024 📜📚

Nous sommes réunis autour de nos deux animateurs, notre groupe est un peu restreint, mais enthousiaste : les sorties et les spectacles proposés au sein de Passerelles, Ciné -Passerelles, sont nombreux. Autour de Marcel, Sylvie prend place, Jean et Isabelle, puis, Marie et Nicole, Ida, Béatrice, Françoise, Aurore, Marie-Odile, Christiane Cazabonne qui nous rejoint pour la première fois, nous en sommes très heureux, puis Nadine largement saluée. Nous pensons à Louis, à Marielle, Monique, Noëlle, Evelyne ; à Maryse, Anne qui nous avaient accompagnés plusieurs fois.

Marcel prend la parole pour remercier Nadine et son fils Jean-Baptiste, réalisateur du film : « Cinco hermanas » projeté à Blanquefort devant un public fervent et une large participation de Passerelles. Passionnante soirée.

Isabelle dit quelques mots d’un beau film de F. Ozon : « Quand l’automne vient » Un film touchant, pudique, sur un non-dit qui entraîne des silences et de la solitude. A voir pour en parler tous ensemble.

Puis Marcel encourage Marie à lire un texte de sa composition, alliant la nature, la rêverie et un environnement social bouleversé. Le voici : MES TROIS AMIS DU CONFINEMENT :

<Je vous présente :

– Chouchou l’écureuil 

– Joli Cœur le pivert

– Dame Blanche la chouette ma voisine qui réside dans les platanes remarquables du parc Marceau.

Durant le confinement, une période sombre, j’avais ces trois amis pour compagnie.

C’était le printemps et heureusement il faisait très beau ce qui atténuait ce moment difficile à vivre.

J’étais à longueur de temps sur mon balcon. Le matin je prenais le soleil, l’après- midi je lisais.

C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de mes trois amis.

A la première heure Chouchou arrivait. Il grimpait aux arbres devant mon balcon. Il sautait de branche en branche et de temps à autres s’arrêtait pour me regarder et me dire bonjour. Il passait d’arbre en arbre, montait, descendait, grignotait. Au bout d’un moment il partait vers d’autres parcs ou jardins voisins. Je lui recommandais de faire attention en traversant la rue. Malgré le confinement quelques voitures circulaient encore. Mais il était prudent puisqu’il revenait tous les matins.

A la Noël, précédant cet arrêt brutal de vie « normale », j’avais reçu en cadeau un livre que je lisais l’après-midi « Le lambeau » de Philippe Lançon, journaliste et écrivain à Libération et Charlie Hebdo : Un récit autobiographique sur l’attentat de Charlie Hebdo en 2015. Il y relatait ses terribles blessures, ses longs mois d’hospitalisation, sa reconstruction qui représentaient pour lui une sorte de confinement.

Malgré ce triste événement et cette souffrance, j’ai lu avec intérêt ces moments dramatiques vécus et décrits avec courage par l’auteur.

Puis je marquais une pause dans ma lecture. Je me penchais alors au balcon pour voir ce qui se passait en bas et souvent j’apercevais dans l’herbe « Joli Cœur » le pivert qui sautillait, picorait puis s’accrochait à un tronc d’arbre et le frappait avec son bec très fortement ce qui faisait beaucoup de bruit. J’aimais bien sa visite habituellement très rare. C’est un bel oiseau qui possède un magnifique plumage rouge et vert.

Je reprenais ensuite ma lecture.

Le confinement avait été rendu obligatoire, seule solution, en l’absence de médicaments ou de vaccin, à la propagation du virus du covid. Ce virus venu de Chine s’était propagé dans le monde entier, faisant de nombreuses victimes.

C’était partout la panique et les informations à la télévision augmentaient encore plus notre angoisse.

Les autorités gouvernementales et médicales de tous les pays se révélaient impuissantes. De plus il y avait une pénurie de masques protecteurs et la seule solution : s’isoler en restant chez soi.

Avec une autorisation nous avions la possibilité de sortir une heure par jour pour se promener ou faire ses courses. Aussi tous les jours, munie de cette autorisation, je sortais.

Les gens étaient méfiants, soupçonneux et nous évitions de nous croiser sur les trottoirs. Dès que l’on voyait arriver des personnes on s’éloignait.

Il n’y avait pas beaucoup de monde ni de voitures dans les rues. Tout était calme à tel point que les animaux de la nature se croyaient seuls et s’aventuraient un peu partout dans les rues, près des habitations.

Ils ressentaient une certaine tranquillité de vie, des dangers éloignés, ce qui était agréable pour eux et pour nous aussi.

D’où venait ce virus ?

De Chine, oui, mais comment avait-il été transmis aux hommes ?

Les autorités chinoises cachaient le nombre de morts dans leur population et bien sûr l’origine réelle de ce virus.

Emanait-il d’une erreur de manipulation dans un laboratoire (la scientifique qui effectuait des recherches sur les chauves-souris avait disparu de la circulation).

On parlait aussi des pangolins présents sur les marchés en Chine.

Une délégation de scientifiques européens avait été mandatée pour effectuer des études sur place. Cette présence n’était pas souhaitée et les résultats décevants.

Un médecin de Marseille avait procuré à moment donné un fol espoir. Il prétendait avoir trouvé un médicament. Beaucoup de gens l’avaient expérimenté, sans efficacité.

Avec la mise au point d’un vaccin au bout de quelques mois nous avions retrouvé petit à petit notre vie « normale et sociale »

Durant cette période beaucoup de personnes avaient changé de vie.

Certains avaient délaissé les grandes agglomérations pour aller vivre à la campagne, se rapprocher de la nature.

D’autres étaient partis à l’étranger sous des cieux plus cléments.

Toute cette nouvelle organisation de vie avait été rendue possible grâce au télétravail qui permettait de concilier ces nouveaux projets.

Mes soirées se terminaient toujours sur le balcon. Au crépuscule j’attendais avec impatience le chant de Dame Blanche ma voisine du parc Marceau. Le jour elle dormait et commençait à hululer à la tombée de la nuit.

Son chant annonçait le beau temps.

Marie.

Nous sommes intéressés par ce souvenir que nous portons encore en mémoire et ce « Billet du jour » est très bien venu. Merci beaucoup et Marcel insiste pour que nous passions tous à l’écriture, « Il faut accrocher un fil et écrire… » Il a pratiqué l’écriture automatique. Tout le groupe applaudit. Marie.

Marcel donne la parole à Marie-Odile qui est venue avec deux gros livres : « Boucher » de Joyce Carol OATES et de Yasmina Khadra : « Cœur d’amande ».

L’écrivaine Joyce carol Oates est américaine, née en 1938, poétesse, romancière, novelliste, essayiste, elle est bien connue des lecteurs français. Une lectrice avait présenté « Mudwoman » il y a deux ans. Son univers se situe entre le fantastique et l’analyse psychologique de personnages souvent étonnants au sein de la famille ou d’un groupe fermé.

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Marie-Odile est psychiatre et s’attendait à retrouver un monde qu’elle connait bien. Mais Boucher est un livre déroutant : L’Histoire d’un chirurgien de la fin du 19ème siècle, qui utilise ses patientes comme cobayes, et l’introduction est assez terrible. « Mon intention était de suivre un plan méthodique : retirer chirurgicalement les organes féminins, un par un – ovaires, utérus, clitoris, vulve et autres parties résiduelles du vagin- chez une série de sujets de mon laboratoire ; afin de déterminer lequel est responsable de l’hystérie » Ainsi parle Silas Aloysius Weir, chirurgien et directeur de l’asile des femmes aliénées de l’état du New-Jersey, dans le nouveau roman de cette écrivaine.

Cela fait du livre un rappel saisissant de ce que les pauvres femmes de cette ville américaine ont pu supporter. Elle s’est appuyée pour les faits de biographies de praticiens de l’époque et notamment du livre de Phillipe Rey 2019 : « Un livre de martyrs américains. »

 Marie-Odile n’a pas pu supporter la violence de ces témoignages et elle nous dit qu’elle s’est réfugiée dans le livre « Cœur d’amande « de Yasmina Khadra. Nous la comprenons… L’intention de l’écrivaine est de donner la parole à toutes ces femmes qui sont mortes dans de grandes souffrances ou qui ont résisté pour ensuite témoigner, nous rappelle, comme le dit Françoise, le sinistre médecin nazi, Josef Mengele (mort en 1979.)

Notre amie reprend donc l’intrigue du deuxième livre de Yasmina Khadra. Le personnage principal de « Cœur d’amande » est Nestor, un jeune homme rejeté par ses parents, par ce qu’il est petit, il est élevé par sa grand-mère. Ils habitent dans un logement modeste, où il est complètement esclave de cette vieille dame rigide et déjà porteuse d’un Alzheimer. Cette première partie du livre se passe à Montmartre, puis il reçoit une invitation à rejoindre Nice où vit un autre jeune homme atteint de nanisme, Léo. Un jour la grand-mère fait une bêtise et fugue, les voisins ne la retrouve plus. Pourtant il faudrait la « placer ». Léo est passionné de livres, Kessel, le monde de Sophie, et autres .. Léo écrit et sa grand-mère l’a encouragé en lui disant : « Tu as une plume » et elle lui a laissé sa bibliothèque… Marie-Odile nous conseille de lire ce deuxième roman sympathique.

C’est Jean qui prend la suite avec un texte « doux » extrait de « Grand seigneur. » de Nina Bouraoui. A la mort de son père, l’écrivaine se tourne vers l’écriture et évoque les souvenirs qui la rattachent à l’Algérie, l’amour, l’art de jouer, des secrets. Entre autres, son père lui a appris que Bouraoui signifie le conteur en Arabe, et Nina est devenue écrivaine, elle compte dans le paysage littéraire français. Nina écrit remarquablement cette recherche dans ses souvenirs, l’amour entre ce père et sa fille, mais aussi une Amie précieuse qu’elle aime. Sa recherche permet d’aller au-delà des apparences pour cultiver des souvenirs enjolivés par le temps. Beaucoup de questions essentielles sont posées sur la mort et méritent que nous y réfléchissions. Poème sur la vie et le mouvement (à retrouver.)

Sylvie nous apporte le moment poétique.  Elle nous apporte aussi une nouvelle façon de penser et d’écrire : Morgane Ortin a 33ans, elle vit à Paris actuellement, elle est Chroniqueuse et éditrice. Après des études littéraires, et en gestion de projets culturels, elle a eu diverses expériences dans les relations avec la presse et la communication culturelle.

Elle est née à Martigues. Ses parents divorcent quand elle a 3 ans. Elle lit très jeune du Schopenhauer, dévore les romans de Marguerite Duras et découvre le genre épistolaire à travers les lettres de Franz Kafka à Milena Jasienska dont l’authenticité la bouleverse.

Diplômée d’un master en lettres modernes à La Sorbonne, elle devient la directrice éditoriale de la maison d’édition numérique Des Lettres.

En 2017, elle crée un compte Instagram « Amours solitaires » où elle réunit ses messages amoureux échangés par SMS. Un recueil les regroupant sort en 2018 chez Albin Michel.

Au départ, ce ne sont que ses propres messages amoureux, mais devant le succès de ce compte Instagram, elle décide de récolter des messages dont elle n’est pas la destinataire. Sur ce compte chacun est libre de déposer ses messages. Morgane ORTIN en sélectionne tous les jours quelques- uns afin de les partager avec la communauté.

Elle en récolte plus de 900 et certains vont servir à la confection de 2 romans épistolaires intitulés « AMOURS SOLITAIRES » édités chez Albin Michel. Mis bout à bout ces messages vont servir à créer une histoire entre 2 individus fictifs.

Cette histoire partagée au sein des 2 romans épistolaires a donné lieu à une série portant le même nom. Une Web série coproduite par Arte. (Peut être visionnée sur You tube)

Aujourd’hui elle ose dans « UNE CHAMBRE SANS MURS » (publication le 24 janvier 2023) nous livrer sa poésie en courts et longs messages, elle nous livre son parcours intime de femme bouleversée par l’amour, traversée par la douleur, la douceur, l’urgence de vivre, dans une plume tantôt sensible, tantôt crue… 

<Comment habiter un corps abandonné ? >

Une poésie puissante, sombre et lumineuse, qui interroge sur ce qu’il nous reste de l’amour ?

Merci à Sylvie pour cette nouvelle façon de soigner un deuil et de chercher une renaissance à la vie.

Puis Marcel se tourne vers moi. Je souhaite d’abord donner un souffle d’énergie avec un conte des Arts martiaux recueillis par Pascal Fauliot et michel Random (Albin Michel) La loi de l’équilibre p. 85. « Ayant l’occasion de séjourner au Japon, au début du siècle, un Européen avait décidé d’apprendre le Jiu-Jutsu… »

Puis Marcel m’indique que je peux reprendre le livre de Rohinton Mistry : « L’équilibre du monde » C’est une suite à la présentation de la situation sociale et politique de l’Inde entre 1975 et 1984.

L’intrigue commence par une vision traditionnelle d’un train surchargé et trois personnages à l’intérieur font connaissance en recevant des livres sur la tête au moment d’un arrêt brutal de ce train. Ils se rendent compte peu après qu’ils sont attendus tous les trois à la même adresse dans la grande ville que Maneck connaît un peu. Ils arrivent à la maison de Dina Dalal, elle monte un atelier de couture et reçoit deux tailleurs, Ishwar et Omprakash, Maneck est étudiant et sa mère est une amie de Dina. C’est une sorte de prologue aux 16 chapitres qui décrivent la société indienne de la région de Bombay au moment de la crise économique de 1975 et les années suivantes. Indira Gandhi a déclaré l’ETAT D’URGENCE dans l’immense pays.

Dina est une femme de classe supérieure Parsie, mais la mort de son père, la ladrerie de son frère Nussman le rendent rebelle. C’est une femme atypique qui veut être indépendante. Elle s’est mariée par amour et très vite devient veuve, elle trouve de l’aide auprès de la famille de son mari et ouvre son atelier.  Ishvar et Omprakash arrivent à Mumbai pour y exercer leur métier. Nés dans une famille d’Intouchables, leur père a transgressé les traditions en leur faisant apprendre la couture (Chamar) et non la tannerie. Ils rencontrent Maneck, jeune étudiant qui vient louer une chambre chez Dina ; Ishvar et Omprakash, intouchables viennent y travailler. Veuve ayant refusé de se remarier, elle essaie de s’en sortir seule, malgré les difficultés et la disgrâce des siens. Ces quatre personnages vont apprendre la tolérance et des liens profonds vont se créer entre eux.

Grâce aux retours en arrière, c’est une partie importante de l’histoire de l’Inde qui nous est racontée ici, celle de l’après Gandhi et de l’indépendance, de la division du pays qui de sépare du Pakistan, plutôt musulman et sikh. Je me suis attachée aux quatre personnages principaux, j’ai dévoré leurs aventures avec beaucoup d’intérêt et de compassion : Pour les tailleurs l’arrivée dans la grande ville, dans cette période politique n’est pas sans dangers qu’ils ne voient pas venir. Leurs parents au village sont malmenés par le Planning familial, victimes même d’un Parsi grand propriétaire et quelque peu sadique, Thakur Dharamsi.

On retrouve dans ce roman tous les thèmes liés à l’Inde. Le système de castes change très lentement et Rohinston Mistry nous rappelle que Jadis, sortir de sa caste était puni de mort. Le lecteur assiste aussi à des élections. Lorsque le père d’Omprakash insiste pour écrire lui- même le nom du candidat pour lequel il souhaite voter, et ne pas se contenter de signer son nom comme il est habituel de le faire, la punition est terrible. Le manque d’eau est au centre de la vie quotidienne : il faut se lever tôt pour remplir les seaux qui dureront toute la journée. Pour les hommes en bas de l’échelle sociale, il est facile de céder à la tentation de la vasectomie en échange d’un transistor mais même ceux qui tiennent à garder la possibilité d’avoir des enfants peuvent être forcés à se faire opérer, dans des conditions qui sont peu hygiéniques. Sans oublier les bidonvilles qu’on rase sans prévenir les habitants. On rencontre dans ce roman une multitude de personnages secondaires. Celui qui m’a le plus intéressée, c’est le Maître des mendiants, personnage ambigu qui protège ceux qui le paient (c’est lui qui sauve Dina lorsqu’elle est menacée d’expropriation) mais qui n’hésite pas à mutiler des enfants pour qu’ils mendient pour lui. Il faut aussi que le Maître ait beaucoup d’expérience : Si tous les mendiants exposent les mêmes blessures, le public s’y habitue et n’éprouve plus de pitié. Le collecteur de cheveux devient obsédé par les cheveux qu’il peut ramasser pour les vendre, au point de tuer deux mendiants dans leur sommeil, ils ont de si beaux cheveux ! La rouerie, l’expérience, la suspicion permettent de survivre, la bonté et la naïveté sont vite abusées. Excepté dans la famille, qu’elle soit privilégiée ou paria. « L’ensemble est plus puissant que chaque pièce qui le compose ».

J’ai adoré le symbole du patchwork que coud Dina durant l’année où l’atelier travaille efficacement : les personnages comprennent que cet objet évolutif représente le temps qui passe et les souvenirs. Vous l’avez compris, ils possèdent le symbole du temps perdu et retrouvé. Et puis vient la sublime fin, Dina perd ses tailleurs, son locataire, beaucoup de deuils dans les castes d’intouchables ; les Parsis retrouvent leurs aises, les troubles sont moins importants, la peur règne et engendre une sorte de calme. L’état d’urgence est passé.

La quatrième de couverture compare Rohinton Mistry à Dickens ou Balzac, et en effet, la manière de tisser les histoires est semblable, ainsi que celle de croquer des personnages attachants. Leur naïveté, l’humour, les bons sentiments adoucissent la cruauté.

On me rappelle qu’il faut donner la parole à Marcel qui parle de théâtre.  En littérature, on doit faire place au théâtre, un genre très différent.

Marcel nous parle d’un personnage qui resurgit dans chaque œuvre théâtrale qu’il crée : M Georges, serait-il un double de lui-même chargé de mettre de l’ordre dans sa remarquable créativité ? Dans l’opus « Ecoutez-moi ! » Marcel imagine sa naissance racontée par sa « marionnette ».

<Il pose le décor, un jardin de brocanteur. Le musicien cherche un violon. Mais il faut écouter M. Georges. Il est menaçant, dangereux, il va raconter sa naissance, le Musicien se met au diapason, il est né sous un piano ! M. Georges dit : « Avant ma naissance, j’étais raide mort » ! (En reprenant la phrase de Pierre Dac). Vous rendez-vous compte de cette pensée extrême…

Dans la scène 2, on parle d’architecture « La contraction de l’espace-temps » invention des Architectes, et il explique le phénomène dans le décor de la Salle à manger Henri II, où il est né en 1942, la tête passant en premier il vit un renversement de logique, voit les meubles depuis leur partie basse. Quelle première vision du monde ! Il fait mine de se révolvériser. Difficile de se comprendre entre Espace-temps et libre-arbitre ! Les grands-mères ont des salles à manger Henri II et la folie est contagieuse, le musicien divague. Le policier vient mettre de l’ordre… mais comment entrer dans cette forteresse ? M. Georges a du mal à sortir de son hallucination ; Il parle encore dans la langue du 17ème siècle !

En fait il ne se remet pas de sa naissance ! et le musicien se trouve emporté dans ce tourbillon de folie, de bruit, de destruction. 1942, les bombes, la maison s’enfonce, mais non pas vers l’enfer, vers le Paradis ; Le Paradis est sous terre, faites- vous confusion ? Le musicien semble s’élever dans le sidéral, la musique et mathématique, elle apporte l’ordre. Ils entrent en transes, et font appel à Torquemada. ( bien connu  de Marcel). Merci pour cette grande partie de rires.

Qu’il veuille bien me pardonner d’essayer de résumer, et en le faisant détruire cette « force comique ». Nous n’avons pas le temps de parler de la truculence du vocabulaire, du style utilisé par Marcel. Il se rapproche du Théâtre de l’Absurde, celui de « Ubu-Roi » de A. Jarry ; ou E. Ionesco : « le rhinocéros ; la leçon ; la cantatrice chauve ; le roi se meurt » ; ou Samuel Beckett : « En attendant Godot ».

Je me permets de rajouter une intervention vécue le lundi 4 novembre 2024, Evelyne nous parlait de « Tom, petit homme, Tom » écrit par Barbara Constantine.

 (Fille de Eddie Constantine). 2010 chez Calmann-Lévy.214 pages. L’écrivaine est née en 1955, Elle vit à Nice ou à Paris, elle a un humour certain : elle est solitaire, retape des granges en ruine dans le Berry, écoute les rossignols l’été ; vit avec ses chats. Des titres : « Amélie, sans mélo » « Allumer le chat », « Et puis, Paulette » « Petits portraits de très grandes personnes » bandes dessinées.

Tom a 11 ans, sa mère, Joss l’a eu à 13 ans et ne veut pas le voir comme son fils. Il est seul et se retrouve un jour face à Madeleine (93 ans) tombée par terre dans un jardin potager. C’est lui qui raconte l’histoire du haut de ses 11 ans. « Joss et son fils vivent dans un vieux mobile home ; Joss adore faire la fête et partir le WE avec ses copains. Il doit se débrouiller… Pour manger, il va se servir dans les potagers voisins. Mais il pourrait se faire prendre et sa mère ne pourrait pas le « récupérer », il fait donc très attention. C’est un livre étrange, secret bien gardé par l’auteure et sa famille. Plusieurs moments de lecture nous laissent tendus par les sous-entendus que le livre laisse planer. Barbara a été scripte pour le cinéma et la télévision. Depuis elle écrit des romans, « Paulette 2012 » a été traduit en 22 langues. Tom est devenu un film grâce à Fabienne Berthaud 2021. Joss est interprétée par l’artiste finlandaise Nadia Tereszkievitch, Tom est interprété par Tanguy Mercier.

Merci à Evelyne de nous avoir choisi cette pépite, et de la faire découvrir avec une réelle tendresse.

Chers amis, nous nous retrouverons le lundi 2 décembre2024, de même que le 16 décembre avant les vacances de Noël.

Bonnes lectures. Amitiés. Nicole.