Café littéraire du 01/12/2025 📜📚

Dans cette période de froid plutôt intense en France, nous avons les fêtes de La Fin d’année 2025 qui s’annoncent et cela donne une animation nouvelle à nos échanges.

 Louis est absent pour quelques jours, Sylvie est là pour accueillir et animer notre réunion, l’avant-dernière de l’année.  Nous sommes nombreux aujourd’hui : Marielle, Gérard, Maryse, Sylvie, Jean, Monique M., Annick, Monique, Marie-Jo, Evelyne, Noëlle, Ida, Béatrice, Marie-Odile, Fabienne, Nicole, Aurore, Anne. Sylvie demande à chacun de se nommer pour que le groupe puisse se trouver plus facilement.  Notre groupe se renforce, cela va nous permettre de varier les genres de littérature, on me demandait des auteurs anglais, des grands !! Vos désirs, vos imaginaires sont essentiels pour que nous puissions découvrir de nouveaux Thèmes.

Sylvie anime cette réunion : elle reprend le thème de « Adolescence ». Nous avons vu ce film pour répondre au souhait de Louis qui abordait lors de son atelier, les dangers   des réseaux numériques et des écrans qui sont maintenant dans toutes les mains. Cette mini-série britannique date de mars 2025 sur Netflix, se compose de quatre épisodes de 57 minutes environ, créée par Jack Thorne et Stephen Graham. Elle est très bien construite, un peu brutale à la manière Britannique, elle produit des effets certains et on ne l’oubliera pas.

 Marie-Odile souhaite dire que nous étions une douzaine de lectrices à avoir vu un film de Michel Hazanavicius, « La plus précieuse des marchandises », film d’animation avec des personnages bien typés, « des sans cœur> qui envoient leurs enfants par la fenêtre du train immense qui emporte des prisonniers quelque part. Les bucherons de la forêt ne comprennent pas ce qu’il se passe dans ce monde qui perd la tête. Ce film d’Animation a été primé trois fois aux Césars 2024 à Annecy.

Sylvie demande quelles présentations de livres sont prêtes, et elle donne la parole à Maryse qui va exposer « Le sens de nos pas » de Claire Norton paru en 2022. C’est le récit d’une rencontre entre deux personnes très différentes, 50 ans les séparent ; elles se rencontrent sur un banc, dans un parc du Vésinet dans la banlieue parisienne. Pour Auguste qui a 85 ans, il vient retrouver le souvenir de sa femme qui aimait venir là. Il désire se reposer des tracas de la famille de son fils ; sa belle- fille qu’il nomme Cruella, le fatigue. Mais ce jour est différent, une jeune fille est assise à l’autre bout de ce banc. Philomène a 15 ans, elle vient de perdre sa mère et a besoin de parler. Tous les deux ont envie de partir loin, mais leurs choix sont différents, et surtout avec qui voyager pour se retrouver en sécurité. Et tout doucement, ils s’apprivoisent, construisent un projet : Fuguer. Ce sont de belles personnes, et plus rien ne les retient dans cette banlieue, est-ce possible de donner un nouveau sens à leurs pas ?> Mais que vont-ils décider une fois à la gare ?

Maryse a beaucoup aimé cette histoire intergénérationnelle, toutefois le début du livre est touffu, « Plombant dit-elle » ; la vieillesse, la mort, la maladie, l’euthanasie sont au centre des préoccupation des deux êtres. Elle divise le roman en trois parties : * leurs vies sont brisées ; * leur rencontre improbable ; * la fin et les décisions, lettre de transmission sur le sens de la vie. C’est un beau roman à lire.

Ce roman a bouleversé 600 000 personnes, il est lumineux et sensible. Chaque tranche d’âge a ses soucis, ses douleurs : c’est un roman triste mais avec de l’espoir en la vie, en la bonté des autres. L’écrivaine a du talent, elle sait conter, être à l’écoute. Elle est née en 1970, mère de trois enfants, elle poursuit son activité professionnelle dans les Ressources Humaines qu’elle concilie avec sa passion de l’écriture. C’est le quatrième roman de Claire. Merci à Maryse qui présente avec une voix un peu retenue, elle aime ce roman, elle en parle avec finesse, Bravo.

Puis c’est à Gérard que Sylvie s’adresse, il va présenter une courte étude des quinze feuillets inédits de Marcel Proust en mars 2021, trouvés à la Bibliothèque nationale. Ces pages sont parues à la NRF. Gérard suit les conférences de François Jullien, Philosophe qui réserve ses livres et ses réflexions pour The Happy Few au Collège de France.  Il est vrai que le temps manque pour se perdre dans ce qui n’est pas l’excellence. Et F. Jullien livre quelques réflexions sur Proust : « un grand bourgeois des années 1900 », elles montrent son admiration pour l’écrivain. Et puis la lecture du texte extrait : « Du côté de chez Swann »1913, Une merveille. !

Cliquez ici pour télécharger le document « 75 feuillets inédits de Marcel Proust »

 Et à ce moment-là tout le groupe souhaite parler, la précision des faits décrits, la musique des phrases, le plaisir que l’on ressent en lisant des souvenirs d’un temps passé avec la lenteur des mots, des phrases qui se « machent » avec ferveur. On voit ces chemins qui sont devenus des routes, on voit les clochers. On entend le son de la cloche de la Maison de la Tante, on découvre les noms des rues qui appartiennent à l’univers des contes. Le sourire de Gérard montre qu’il apprécie d’avoir bien lu ce grand texte pour la joie de nos amis. Marie-José explique, de même que Fabienne, et, Marielle fait le lien entre le texte et le gros livre que nous avons présenté de Laurent Mauvignier « La maison vide ». Voici un grand moment de joie et d’émotion. Moi aussi je sais que j’aime ce texte.

Gérard a distribué sa recherche de façon utile pour le groupe et promet de le transmettre à Passerelles par internet. Je le remercie pour le groupe qui lit beaucoup. Merci à Gérard, merci à tous les amateurs de Proust et Sylvie est la première à le dire.

Aurore est contente de présenter un livre sur la famille c’est « Cinq cœurs en sursis » de Laure Manel. Elle est angevine, romancière française, diplômée en Lettres, elle a quitté l’enseignement pour se consacrer à l’écriture. Elle aborde plusieurs sujets dans ses écrits, sujets tabous, l’euthanasie, le deuil, les violences obstétriques, son propre cancer. Son premier roman paru en autoédition a remporté un tel succès que les éditions Robert Lafond lui ont proposé un contrat : le roman présenté aujourd’hui a obtenu le Prix Babelio de Littérature française en 2024. C’est un roman choral, cad que le conteur change à chaque chapitre pour exprimer leurs propres sentiments. Anaïs va voler la vedette aux autres membres de la famille, via les écrits de son journal. Ces cinq cœurs sont les membres d’une même famille ordinaire : Le père Marc, Catherine la mère, la grand’mère maternelle et Anaïs, une adolescente de 14 ans, Florian âgé de 6 ans.

La question posée est « qu’arrive-t-il quand un drame se produit dans une famille équilibrée et heureuse ? Que devient la famille après l’irréparable ? On compatit devant le désarroi de la famille du présumé coupable ?

Dans ce roman on va voir que les personnages réagissent diversement, colère, incompréhension, incrédulité. Il débute comme un roman policier, à partir d’un fait divers puis les déparches d’enquête et même la vie carcérale. L’intrigue est simple : une jeune femme disparait dans la ville de la Rochelle et plus tard, la police sonne un matin à la porte de notre famille ; le corps de la jeune femme, mutilé, a été retrouvé dans un marais ; Catherine est impliquée puisqu’elle était la maîtresse du mari de la victime. Incarcérée provisoirement, puis mise en examen, puis elle est  inculpée.

Tout bascule dans la famille. Déni pour la Grand’mère, incompréhension pour le mari ; Colère pour Anaïs qui est harcelée, sur les réseaux sociaux, tags sur les murs de la maison, son comportement va changer, elle rejette sa mère et sa grand’mère. Elle refuse de voir sa mère en prison alors que les autres membres de la famille la visitent pendant les deux ans d’attente pour le procès. Florian, à 6 ans, a besoin de voir sa mère pendant quatre ans, comment va-t-il se construire dans un pareil cas. C’est un roman fort et puissant. Et nous ne sommes pas à l’abri d’un cas équivalent.

Merci à Aurore de nous rendre attentifs à ces drames, que nous avons touché du doigt avec Adolescence, ce film remarquable.

Heureusement Sylvie est prête à nous donner de l’air et de la lumière avec un conte écrit par elle-même. C’est

L’ENFANT DE LA NUIT

Il était une fois un petit garçon très rêveur.

Souvent son père et ses oncles le houspillaient en lui disant qu’il devait apprendre à être brave. Brave et puissant comme le JAGUAR en perles tissées ornant le torse de son grand-père, fort et discret comme le TATOU GÉANT, redoutable et sournois comme l’ANACONDA, si rapide à se glisser dans les herbes hautes et les eaux dormantes de la mangrove.

Luis écoutait et approuvait de ses grands yeux noirs. Il était assez intelligent pour ne pas s’opposer et avoir des problèmes avec les hommes de son clan.

Mais il avait un grand secret qu’il gardait bien caché au fond de son cœur.

Luis avait un deuxième nom. Il s’appelait PYTUNA qui veut dire « DE LA NUIT » dans le dialecte de sa tribu KARAJA.

Comme bien nommé, LUIS PYTUNA faisait des rêves extraordinaires la nuit.

Des rêves qui l’entraînaient très loin dans la forêt profonde, bien au-delà des grandes chutes d’eau d’IGUAZÚ, bien au-dessus des plus hautes cimes, plus haut même que le CAJOU DE PIRANGI, l’arbre le plus grand du monde. Et il voyait bien des choses, LUIS PYTUNA, il traversait les arcs en ciel et la lumière des nuages, il dansait sous la pluie au son des orages.

Une nuit il rêva d’une rencontre improbable.

Un Jaguar venait vers lui et le scrutait de ses yeux d’or. L’animal se déplaçait calmement, sans bruit et s’arrêta à moins d’un mètre du petit garçon.

Étrangement, Luis ne ressentait aucune peur. Il s’agenouilla devant l’animal et en signe de respect, lissa de ses mains la terre rouge qui les séparait. Cela voulait dire que le terrain serait sans embûches entre eux, qu’il reconnaissait le territoire et la puissance du félin.

Le lendemain matin au réveil, LUIS se sentit tout engourdi et somnolent.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir arriver dans sa modeste cabane, la cheffe du village, la GRANDE CACIQUE VALDELICE elle-même !

Celle-ci portait sa belle coiffe en plumes d’ara bleu et de colibris rouges. Sa poitrine était couverte de vingt colliers de perles multicolores, d’os et de plumes. Elle arborait le médaillon du Cercle de Vie, le symbole de l’infinité, de la continuité de la vie, de l’interférence entre tous les êtres vivants. Luis savait que VALDELICE ne sortait ce bijou précis que dans les grandes occasions.

La Grande Cacique prit la parole avec douceur, peut-être même avec considération, crut soupçonner l’enfant.

« Les grands esprits sont venus me trouver cette nuit commença- t-elle.

Tu n’as pas à écouter les hommes qui fanfaronnent et qui ne parlent que de pêche et de chasse. Toi, tu n’es pas comme eux, tu as un destin devant toi, bien plus important que celui de tes ancêtres dont tu es l’héritier et l’élu.

Tu seras la voix de notre peuple, de nous tous, tu seras la voix des femmes et on t’écoutera.

Notre avenir dépend de toi. Nous avons besoin de toi et nous avons confiance.

Nous allons te prendre avec nous, PYTUNA, te montrer la dureté de nos tâches mais aussi notre savoir-faire, nous te parlerons de nos peines et de nos rêves, de nos espoirs et de nos peurs.

Tes rêves éclaireront ton chemin.

Moi, GRANDE CACIQUE, aujourd’hui je le dis au nom de nous toutes : Pour qu’un homme soit digne et honorable, il doit savoir respecter et défendre les femmes. Elles sont le cœur et la vie de notre communauté ».

Puis VALDELICE sortit d’un pli de sa tunique une petite statuette en céramiqu représentant un jaguar serrant dans ses pattes son petit.

— Tiens, dit-elle, c’est ton Totem à présent. Garde-le toujours en mémoire de moi. 

LUIS PYTUNA, le rêveur de la nuit, serra prudemment la figurine entre ses doigts frêles mais ne trembla pas.

A son tour, il dévisagea longuement VALDELICE.

Une nouvelle lumière intense et toute puissante venait de s’allumer, comme un éclat d’or dans la nuit de ses grands yeux noirs.

                                                                                         Sylvie

  Merci pour ce conte plein de sagesse, que le groupe applaudit ; ta voix douce, rendue mystérieuse par la magie des transmissions entre esprits nous a emportés dans la brousse et le rêve.

Avant de terminer la réunion, Ida se glisse délicatement et demande à lire un texte de Noël puisque c’est le début de l’Avent, elle a trouvé un beau texte de Sylvain Tesson, né à Paris, en 1972, fils de Phillipe Tesson, médecin (1928-2023) et de Marie-Claude Millet, journaliste. Ses études le mènent vers la Géographie et un DEA de géopolitique à l’Institut français.

 Puis il se lance dans des voyages improbables, à bicyclette à travers le monde, accompagné d’un copain, 1996, il publie « On a roulé sur la terre » Prix jeunes de l’IGN.

 Puis ce sont des expéditions archéologiques et des livres de récits de voyages. « A marche forcée » 1956 en Anglais, « l’axe du loup » ; « Dix jours sans boire » 2004, dans le désert de Gobi. En 2007 « Irkoust- Pékin, la route des steppes » avec Nicolas Millet. En 2009, il a reçu le Prix Goncourt de la nouvelle, avec « une vie à coucher dehors » et le prix Médicis en 2011 pour « Dans les forêts de Sibérie ».

 Il s’entraîne à l’escalade sur les monuments de Paris, et, en 2014 il a un accident grave à Chamonix, traumatisme crânien, multiples fractures, il est soutenu par son ami Jean-Christophe Ruffin, transporté en coma artificiel à la Salpétrière à Paris.

Après son accident, il accepte, en 2017, une proposition de France Inter de concevoir une série d’émissions autour d’Homère et L’Illiade et l’Odyssée ; il fait paraître « Un été avec Homère », volume très apprécié en 2018, puis il devient l’écrivain le plus lu   avec « La panthère des neiges »2019 Prix Renaudot ; en 2020, le livre dépasse les 500 000 ventes.      

Ce livre est devenu un film documentaire que vous pouvez voir dans Arte Replay, ou Netflix : les images splendides sont d’un photographe animalier Vincent Munier.

  2025 « Les piliers de la mer » chez Albin Michel.  

Dans le texte lu par Ida, elle nous fait remarquer l’importance de méditer, de rencontrer des amis, de partager avec eux.  Nous avons tous eu, ou auront des drames, des pertes des amputations. Sylvain a perdu son visage abimé par une paralysie d’une moitié de la face, il est sourd d’une oreille et a perdu le goût. Mais en méditant, en travaillant sur soi, on peut se reconnecter à sa partie perdue, on peut la retrouver comme on retrouve une amie, et on peut alors croire à l’essence individuelle de l’âme.

C’est un beau message qu’il nous adresse comme vœu de Noël.

Merci à Ida de nous avoir présenté cet homme courageux. Nous laissons de côté les diatribes violentes sur les attitudes réactionnaires et dépassées de Sylvain Tesson, vu par une certaine presse, ce n’était pas l’objectif de IDA.

Le café littéraire se termine sur cette intervention qui nous appelle au courage, à la beauté de la vie grâce à la force de lutter. Un moment festif comme à chaque fois autour du Thé et des chocolats de rigueur à Noël préparés par Sylvie et Monique notre pâtissière cette fois-ci. Merci à vous tous qui faites vivre notre groupe.

Nous nous retrouvons lundi 15 décembre, pour une dernière réunion 2025.

En 2026, nous commencerons nos Cafés littéraires le 5 janvier 26 à 14heures comme d’habitude, à l’Ermitage. A bientôt. Amicalement. Nicole.

Le site « Passerellesasso33.fr » est votre site d’informations sur l’association, les sorties, leurs dates, vous pouvez lire les CR du café Littéraire, retrouver les documents des ateliers de Jean-Jacques, de Louis. C’est l’équipe du Bureau qui l’actualise et particulièrement notre Présidente Michèle. Notre association est composée de bénévoles, sans aide extérieure, sinon les amies et amis.

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Nicole vous présente un livre original et une autrice aussi originale que vous connaissez si vous aimez les « polards » édités par POL. Rébecca Lighieri est un pseudonyme dans le monde de POL, dans la vie elle est professeur de Lettres d’un lycée de banlieue depuis trente ans, sous le nom de Mme Emmanuelle Bayamack-tam. Elle codirige les Editions Contre-Pieds depuis leur création en 1994.

Elle écrit des romans noirs chez POL comme « Husbands » 2013 ; « Les garçons de l’été »2017 ; « Il est des hommes qui se perdront toujours »2020 ; « Le club des enfants perdus » 2024 que je vais présenter.

Née à Marseille en 1966, elle possède une agrégation de Lettres Modernes : elle écrit, elle produit, et elle reçoit des encouragements, peut-être de la part de ses élèves ; mais avec « Arcadie » le Prix du Livre Inter.  Avec « La Treizième heure », elle obtient le Prix Médicis.    Pour le livre que je présente c’est le prix Goncourt des Lycéens 2024 ; Son compagnon fait de la politique Djamel Arrouche à Villejuif. C’est un couple actif.

Le roman : avec une belle écriture, vive, précise, souple dans les détails, Rebecca présente un Père de famille, centré sur lui-même, artiste puissant, habitué au succès qui ne comprend pas pourquoi Miranda , sa fille qu’il chérit, sa femme Birke qui supporte ses humeurs diverses, ne semblent pas épanouies. Très vite cette voix paternelle devient lourde de passion, d’amour physique, de pouvoir sur les siens et sur le public qui l’encense. Il sait qu’il est coupable de ne pas écouter suffisamment, et il se confond en culpabilité pour aborder le sujet de Miranda.

Sa femme est étrange, amoureuse, partenaire remarquable dans ses ébats amoureux, mais elle n’a pas d’avis sur les situations, les problèmes qu’il se pose ; elle est peu affectueuse avec sa fille, même lorsqu’elle était bébé. Et il s’interroge, insatisfait, parce que les autres ne peuvent pas être avec lui, mais dépendent de lui. Il est insatisfait et pourtant sa femme est belle, et, sa fille ne lui ressemble pas vraiment : Chétive, petite, seule, et pourtant si intelligente, au point de refuser de vivre, d’avoir des amis, de refuser ce qui peut donner de la joie !

Rebecca possède un art subtil pour mettre en scène des nuances émotionnelles et affectives : la frustration d’Armand, le père qui voudrait se faire aimer de Miranda ; ou la jalousie d’une mère pour sa fille qui reste impénétrable.

Le livre est construit en deux parties :

*Une longue analyse du Père vu par lui-même, tout d’abord ;

* Une deuxième partie plus courte qui donne la parole à Miranda, adolescente, puis adulte ; ses complexes, ses regrets, les reproches contre ses parents et son silence ahurissant.

C’est un procès à charge contre la famille.

Toutefois, la deuxième partie est écrite différemment, plus révoltée, même violente et vulgaire. Les élèves des lycées s’y retrouvent peut-être, la réflexion emprunte les réflexions et le langage « jeune ». Cette différence que le lecteur peut ne pas apprécier montre les incompréhensions des adolescents et des jeunes adultes dans une société dominée par des parents, des adultes pleins de pouvoir ou indifférents, occupés d’eux-mêmes. Bien sûr, Miranda est malheureuse et ses amis ne peuvent rien. La fin du roman est magistrale. Je conseille sa lecture, comme celle d’autres auteurs qui se penchent sur les difficultés des jeunes.

L’écrivaine excelle dans la description du milieu artistique, et sur ce qui se joue dans les apparences familiales, les masques sociaux. Elle approche des accents de vérité sur notre société actuelle, et surtout pour ce qui sépare les adolescents et les jeunes adultes de leur famille. Le « club des enfants perdus » lui paraît très large et ce qui les sépare des adultes parentaux montre que la famille échoue à construire des jeunes épanouis, motivés à vivre. C’est pessimiste et peut-être l’enseignante cherche-t-elle à faire réfléchir les adultes sur les échanges Parents-Enfants ou Adultes- Adolescents, ces adolescents qu’elle côtoie depuis trente ans, en banlieue difficile.

Faire le résumé du livre «  Le Club des enfants perdus » de Rebecca Lighieri.

Résumé du livre « Le Club des enfants perdus » de Rebecca Lighieri

Dans « Le Club des enfants perdus », Rebecca Lighieri propose un roman construit en deux parties qui explore les dynamiques familiales à travers une écriture vive et précise. La première partie s’attache à l’analyse du père, Armand, un artiste centré sur lui-même, habitué au succès et qui peine à comprendre le mal-être de sa fille Miranda et le détachement de sa femme Birke. Cette voix paternelle, chargée de passion, d’amour et de culpabilité, dévoile progressivement son incapacité à écouter réellement les autres membres de sa famille. Armand se débat avec ses sentiments d’insatisfaction face à une épouse belle mais peu affectueuse avec leur fille et une enfant chétive, intelligente, mais solitaire et fermée à la joie.

Rebecca Lighieri excelle dans la mise en scène des nuances émotionnelles : la frustration d’un père en quête d’amour filial et la jalousie d’une mère face à une fille impénétrable. Cette première partie dresse le portrait d’une famille dysfonctionnelle, où le pouvoir et l’indifférence parentale isolent les jeunes.

La deuxième partie, plus courte, donne la parole à Miranda, d’abord adolescente puis adulte. Elle exprime ses complexes, ses regrets, ses reproches envers ses parents, ainsi qu’un silence lourd et ahurissant. Le ton y est plus révolté, parfois violent et vulgaire, adoptant le langage des jeunes et reflétant leurs incompréhensions dans une société dominée par des adultes préoccupés d’eux-mêmes. La fin du roman est saluée comme magistrale.

À travers ce récit, l’autrice met en lumière l’échec de la famille à construire des jeunes épanouis et motivés à vivre. Lighieri interroge, par le biais de ses personnages et d’une écriture réaliste, la difficulté des échanges entre parents et enfants, soulignant la fracture générationnelle et l’ampleur du « club des enfants perdus » dans notre société contemporaine.